Chère Louise,
Le coq vient d’entamer son chant quotidien. Tardif, aujourd’hui il l’est. Peu commun pour un coq, me direz-vous, mais voyez, quand bien même le mien se fait vieux. L’heure m’en vient d’aller repaître ces animaux de ferme. Je m’en vais amasser les œufs que ces poules m’offrent généreusement. N’est-ce point formidable ? J’achemine mon itinéraire devant une belle petite cabane que je me suis vu créer, il y a de cela nombreuses lunes. Il s’agit d’un abri, d’une maison pour nos amis à plumes. J’abecque un rouge-gorge chaque matin, afin qu’il puisse voler à la découverte du monde qui nous entoure, toutes ses choses auxquelles il n’a point pu se livrer.
Voyez ce banc sur lequel nous aimions tant nous asseoir dans notre jeunesse ? Vous ne me croirez certainement point, pourtant me voilà en sa possession. Est-ce vraisemblablement le même ? Je ne saurais dire, mais il y ressemble en tout point. Je m’y installe chaque matin, reposant mon corps usé par l’âge. Je vous imagine à mes côtés, ô Louise. Votre joie de vivre manque à mon cœur meurtri.
Le soleil grandit dans le ciel bleu, mes yeux se ferment ; j’ai le souhait de vous rejoindre, belle Louise. Cependant, vous ne désirerez peut-être point de me voir à vos côtés… Bien que nous nous soyons perdus de vue, hélas, par ma faute, je n’ai jamais cessé de penser à vous. Vous savoir partie au-delà de ce monde me procure un vide funeste dans mon cœur qui n’a appartenu qu’à vous.
Les cigales se mettent à striduler, m’accompagnant dans ma mélancolie. Quelle vie avez-vous eut, Louise ? Avez-vous été heureuse ? Avez-vous pensé à moi, votre ami d’enfance ? Les mêmes questions se frayent, inlassablement, un chemin dans la souffrance que votre absence me laisse.
Une larme coule et s’envole comme une feuille à l’automne. Je ne dois pas me laisser gagner par la peine, ce ne sont pas des émotions que vous aimeriez me voir admettre, hélas…
Je regagne d’un pas fragile ma maison s'éclairant au rythme du soleil qui réchauffe quelque peu mon cœur. Je me demande ce que vous avez pu ressentir. Avez-vous souffert ? La mort est-elle douloureuse ? Je n’espère point, mon heure viendra, inévitablement, et j’aimerais qu’elle soit aussi douce et belle que vous, Louise.
Je n’aime point vous abandonner à la fin de chacune de mes lettres, cependant il me tarde de préparer le thé. Le journal va mettre apporter, vous savez que jamais je ne manque ce rendez-vous. Je vous revois vous moquer gentiment de moi, lorsque j’imitais votre grand-père, les lunettes posées sur le nez et tenant le journal entre ses grandes mains.
Je vous conterais les nouvelles de la veille, ma Louise.
Votre vieil ami
Philibert Lantelme
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