– Alors ?
– C’est comme l’autre, Otomo. Tiens ! Mets donc cette paire de gants. J’ai pas envie de faire le tri ensuite.
– Merci, Akira, grogne l’homme en enfilant la membrane synthétique bien trop petite pour lui.
Affaissé, le cadavre aura été déposé contre le mur pendant la nuit quand il n’y a plus âme qui vive. Sa tête penche sur le côté droit, comme si quelque main diabolique avait tranché le fil qui la retenait. Fait singulier, ainsi disposé, elle demeure toujours dans l’ombre, quelle que soit la hauteur du soleil dans le ciel. Quant au corps, ou du moins ce qu’il en reste, il est couché en travers du trottoir ; les jambes manquent. Avec précaution, l’homme examine le visage du mort dont les traits avaient été effacés, gommés. Yeux, nez, bouche ou oreille ne sont plus que dessinés. Cependant, la victime n’est pas nue. Au contraire, elle a été habillée avec un soin extrême.
– C’est comme l’autre, grommelle-t-il, comme il se relève.
– Ouais, à la différence près que ce sont les jambes qui ne sont pas revenues cette fois. Et puis, lui, on l’a vêtu d’un costume princier, pas d’une robe de bal.
Le commissaire Takeku esquisse une moue de dégoût ; le premier avait découvert sans avant-bras. Ceux-ci avaient été sectionnés net à hauteur de l’articulation du coude, de même que les manches de la robe en soie. Il s’apprête à ôter la membrane synthétique qui isole sa peau, lorsque son regard est attiré par un carré d’étoffe qui dépasse d’une poche.
– Tu as une pince, s’il te plaît.
À côté de lui, Akira fouille quelques instants dans sa valise, grande ouverte sur le trottoir, puis en tire un long bras métallique articulé.
– Tu n’as pas plus discret, grogne Otomo en s’en emparant.
Mais il n’entend pas la réponse, car il aperçoit au milieu de la pièce de tissu une photographie jaunie. Intrigué, il l’examine et découvre la vue d’un appartement plongé dans la pénombre.
– Tu as un sachet, s’il te plaît.
Sans un mot ni un regard Akira, toujours affairé autour du cadavre muet, lui tend l’objet de ses vœux. Otomo s’en saisit et la glisse à l’intérieur. Silencieux, il froisse avec délicatesse la plastine afin d’en chasser l’air et la scelle.
– Qu’est-ce que c’est ? balance Akira, son appareil stéréographique entre les mains.
Otomo a les yeux rivés sur sa découverte. Quelque chose l’attire sans qu’il puisse la nommer.
– Je ne sais pas, murmure-t-il. Tiens.
Akira pose le lourd et précieux appareil sur le fond en mousse de sa valise et se saisit du sachet.
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