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Le jour où ma vie a basculé est le jour où ma génération a décidé de devenir adulte trop tôt. Ils se sont créés des problèmes d’adulte pour avoir des raisons d’agir comme ils le font. Ils ont décidé de grandir trop vite en accélérant tout. Fumer ou avoir au moins essayer une cigarette à 11 ans. Boire son premier verre d’alcool à 12 ans. Coucher avant ses 17 ans. Se maquiller, s’habiller et se comporter avec dix ans de plus. Bref, toutes ses choses qui ne laissent plus de place aux trucs de notre âge. Et dans toute cette histoire, je les ai suivis. Pour ne pas être en retard, je pense. Toutes ses premières fois qui devaient être importantes ne le sont plus car elles doivent être faites le plus vite possible afin d’être grand le plus tôt possible. Je me suis tellement précipitée qu’à 15 ans, j’avais déjà des regrets. C’est absurde non ?

A cet âge-là, on croit tout devoir prouver, justifier nos moindres faits et gestes. Pourtant c’est à ce moment-là qu’on ne devrait se soucier de rien. Et on nous met une pression sur les épaules qui nous pousse aussi à grandir trop vite. Le choix du métier, les pressions sociales : si je n’ai pas assez d’amis, je crains. Si je n’ai pas de copain, je suis moche. Même la société nous pousse à devenir quelque chose qui n’existe que dans les magazines. Ces femmes trop belles ou ces hommes trop musclés pour être réels nous complexent tous dès l’adolescence, là où tout change dans notre tête, dans notre corps. L’entre-deux âge : enfant VS adulte. On est paumé alors on fait n’importe quoi et ce n’importe quoi c’est boire, se droguer a à peine 15 ans. Juste pour faire comme les copains. Puis ça devient de plus en plus régulier parce qu’on est stressé des notes à l’école, de ce truc qu’on ne comprend pas en physique-chimie et en maths et que tout le monde a compris ou fait semblant d’avoir compris, des problèmes avec des filles qui rigolent quand on passe à côté d’elles, des parents qui nous soulent avec ses mêmes notes qui ne veulent pas remonter, et de ce métier encore inconnu. Mais qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Et pourquoi Diego ne me regarde pas ? Merde… Et on a besoin de se calmer. Alors on fume un joint comme ça. La première bouffée fait tourner la tête. Je me souviens, ce gars m’avait dit :


Reprends-en une et ça va passer.

Je l’ai écouté et c’était pire mais je ne voulais pas lui montrer. Je me suis assise par terre, seulement pour vérifier si c’était bien moi ou si c’était la Terre qui tournait aussi vite. Je n’ai jamais su où était la vérité. Peut-être que j’avais simplement arrêté d’être insensible à la vitesse de rotation de la terre et que je la ressentais à son paroxysme. Ou alors c’était juste moi et l’effet du cannabis sur mon corps. En tout cas, je me sentais… libre de toutes angoisses. Alors dès que mon cœur battait trop vite dans ma poitrine pour n’importe quel souci, dès que j’étais tendue, je fumais et ça s’envolait. J’avais des stratagèmes pour que personne ne remarque que j’étais stone. D’abord, je passais de l’eau très froide sur mon visage, ça me réveillait un peu sans trop dissiper les effets, puis je mettais des gouttes dans mes yeux et après je buvais un grand verre d’eau, de jus ou peu importe pour enlever cette bouche pâteuse. Le tour était joué. Mais parfois j’étais fascinée par des choses insignifiantes comme la texture de mon palais sous ma langue, du tic-tac de l’horloge dans la cuisine qui je soupçonne d’aller plus vite quand on n’y prête pas attention, de cette odeur qui me rappelle un souvenir d’enfance mais lequel ? Ça m’obsède. Pour me détacher de cette fascination, mes parents devaient m’appeler au moins vingt fois. Et je les oubliais. Ils s’envolaient comme mes angoisses.

La première injection d’héroïne m’a brulé les veines. Elles étaient en feu, comme si je sentais la diffusion du liquide dans chaque vaisseau, canal et autre passage. Mon cerveau s’est éteint pendant une seconde et ensuite BOUM ! J’étais… heureuse. C’était la meilleure chose de la Terre. Je voulais que tout le monde sache que j’étais heureuse, alors je riais, le nez planté dans le ciel, et j’éclatais de rire au point d’avoir des crampes au ventre. Mes joues s’étiraient tellement qu’elles me faisaient souffrir le martyr mais je m’en foutais, j’étais putain d’heureuse. Tout m’accompagnait dans la joie, le vent s’infiltrait dans mon tee-shirt qui gonflait pour me faire voler, j’en suis persuadée. Les oiseaux chantaient au rythme de mon hilarité. Alors je débordais de cette sensation qui nous remplit jusqu’au bord, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien pour la retenir. Je tournais sur moi-même, ma tête ne savait plus où elle était, mon cerveau ne comprenait plus rien. Je tombais par terre, toujours le nez dans le ciel. La respiration saccadée, le ventre qui gonfle à la même cadence que mes poumons, le sourire qui se défait. Des larmes au coin des yeux qui se forment sans aucune raison. Cette joie est partie aussi vite qu’elle est arrivée. Ce sentiment de liberté s’échappait pour m’emprisonner dans mes pensées. Alors pour que ça revienne, j’en ai encore mis dans mes veines une deuxième fois, puis une troisième fois et puis j’ai arrêté de compter. A quel point ça devient un problème ? Quand on est malheureux sans drogue dans le sang et pour seulement sourire cinq minutes on est obligé de se défoncer.

Parfois, j’étais tellement stone que cligner des yeux était devenu compliqué. Ils ne se fermaient pas complétement et s’asséchaient. Plus rien ne suivait. Mon corps était programmé pour juste consommer. C’est tout. Le reste ? On verra bien. Mes stratagèmes pour être discrète ne marchaient plus parce que là, ce n’étaient plus simplement les yeux rouges que j’avais, ni la bouche pâteuse mais le corps entier qui me trahissait. Cependant, je niais, mentais, démontrais par a+b que tout était dans leur tête. Personne n’y croyait. Même moi, je n’étais pas convaincu. A quoi bon mentir si tout le monde savait ? Alors je ne me cachais plus. Cette honnêteté m’a valu des mois de thérapie et de séjour en désintox.


Je vous le promets, je vais être clean.

Encore un mensonge. Pourquoi arrêter ? Je me sentais bien. J’aimais être heureuse. Ce n’est pas ce que les gens cherchent en général ? J’avais trouvé mon graal. Je ne comptais pas l’abandonner comme ça.

Ecsta, xanax, LMD, speed, oxy tout y passait. Je n’aimais pas trop la cocaïne mais elle faisait le travail. En plus de tout ça je buvais beaucoup. J’étais tellement habituée qu’une bouteille entière me faisait l’effet de deux verres bien chargés d’une vodka orange chez quelqu’un de normalement constitué. Plus une seule seconde je n’étais sobre. Dès le réveil, je prenais quelque chose. Et encore une fois, je promettais que c’était la dernière fois. Et encore et encore. Jusqu’à ce que ça épuise tout le monde.

Ce soir-là, était particulier. Ma petite sœur me dévisageait, contrairement à mes parents qui détournaient le regard. Par honte, je suppose. Elle s’est levée. Même si tout était au ralentit, je voyais que ses poings se fermaient doucement, ils étaient si serrés qu’ils étaient prêts à exploser comme des bombes. Mon corps divaguait, le décor m’accompagnait et elle était parfaitement immobile, elle me fixait la rage au ventre. D’un coup, elle balança tout ce qui était sur la table, le bruit des verres et des assiettes brisés ne m’était parvenu aux oreilles que quelques secondes après leur impact sur le sol. Je n’avais même pas sursauté. J’avais même souri, je crois. Pourquoi ? J’en ai aucune idée.


Je te déteste, criait-elle. Je te déteste tellement !

Mes yeux se détournaient du sol pour la regarder dans les yeux.


Tu gâches ma vie !

Je ne savais pas quoi dire alors je baissais la tête. Mais elle hurlait de plus belle.


A cause de toi, maman ne s’occupe jamais de moi, on ne s’intéresse jamais à moi. Tu es le centre de l’attention de tout le monde. Et je te hais pour ça. Je ne peux rien faire sans qu’on me compare à toi. Je ne peux pas faire une seule erreur parce que j’en connais déjà les conséquences à cause de ta vie merdique. Soit on est trop sur mon dos soit on m’ignore à cause de toi. J’en ai marre d’être ta putain d’ombre, d’être la fille qui n’a plus le droit de faire une seule connerie parce qu’ils ont peur. A longueur de journée on me conseille, on me plaint, on me juge. Et je fais pitié à cause de toi. Parce que je suis la petite sœur d’une toxico. Si par malheur, on me voit à une soirée, ils croient que je vais devenir comme toi. Vous savez quoi ? Je ne serais jamais comme elle parce que je ne suis pas assez conne pour faire autant de mal à mon entourage et à moi. Je ne serais jamais aussi conne pour devenir accro à quelque chose de temporaire.

Silence.


Je te déteste tellement.

Sa voix se brisa quand elle le dit dans un autre hurlement et à ce moment-là, je savais que c’était sincère.

J’aurais aimé lui dire que j’allais changer pour elle. J’aurais aimé pouvoir lui dire que même si elle me déteste moi je l’aimais et que je me détestais comme elle pouvait me haïr. J’aurais aimé lui dire de ne pas m’en vouloir trop longtemps parce que je savais que ma vie sur cette planète était comptée, qu’elle allait être triste d’avoir prononcé ces mots. Mais je n’ai rien dit, parce que je ne le pensais pas le moins du monde. Dans ma bulle, il n’y avait que moi et rien d’autre. Ce qu’elle me disait n’avait aucun effet sur moi. Parce que j’étais défoncée, et donc j’avais l’impression d’être dans un rêve. Et un rêve n’est pas réel. Il est là juste le temps de sortir de son sommeil, il est un nuage qui se dissipe, quelque chose créée par son inconscient tordu que Freud a étudié de long en large. Ce ne sont que des rêves, rien d’autres. Une parfaite illusion, qui parfois, ressemble si bien à la réalité qu’on ne sait plus si c’est vrai ou non. On est assis sur son lit en se posant la question, perturbé par ce que l’on vient de vivre, est-ce un rêve ? Et souvent on passe à autre chose. Jusqu’à ce que ça recommence encore et encore. Indéfiniment. Certains préfèrent oublier et d’autres les interpréter. Moi ? Je m’en souvenais plus au réveil.

C’était belle et bien la vraie vie. Je me suis levée de mon lit, je voulais prendre ce cachet que j’avais posé sur ma table de chevet pour aller plus vite mais il avait disparu. Je fouillais partout, dans mon tiroir à sous-vêtements, dans mes pantalons, manteaux. Rien. Il n’y avait plus rien. Nulle part. Une colère noire m’envahit. J’étais prête à foutre le feu à la maison. Je sortis en trombe de ma chambre. Il y avait ces gens.


Tu as besoin d’aide, me disaient mes parents.


Nous sommes là pour toi, me répétaient ces inconnus.

Pour la première fois depuis une heure je pris la parole.


Vous êtes des sacrés hypocrites. En quoi je serais plus dangereuse ou plus enclin à avoir besoin d’aide. C’est vrai, je suis accro à toutes sortes de drogues mais vous là, oui vous qui ne pouvez pas commencer votre journée sans regarder votre téléphone ni sans une tasse de café, vous qui aimez tellement les bonbons et le chocolat que vous en mangez à longueur de temps. Avec votre culte au sport pour avoir un corps parfait, vous êtes prêt à vous shooter aux stéroïdes ou à vous gaver de compléments alimentaires, à vous torturer avec tous ses régimes simplement pour vous sentir beaux et après vous baisez comme des lapins pour avoir le cœur qui bat juste un peu plus vite. Oui vous-là qui croyez ne pas être accro parce que ce n’est pas de la coke, de la beuh ou de l’héro. Pourquoi moi je serais différente de vous ? Vous êtes accro autant que moi mais contrairement à vous, j’assume ma dépendance aux drogues, j’assume être accro à ce truc qui se passe dans ma tête quand elles s’introduisent dans mes veines. C’est même plus puissant que l’amour, la haine, le sexe et toutes ces conneries que tout le monde recherche désespérément. Vous êtes des putains d’hypocrites qui se voilent la face et qui jugent pour se sentir plus fort qu’une personne comme moi, qui n’a rien demandé à qui que ce soit. Alors dites-moi en quoi je suis plus folle, plus pathétique ? Parce que vous l’êtes tout autant que moi, sachez-le.

Sous ces douces paroles si sincères qui venaient du plus profond de ma sensibilité, je suis partie de la maison familiale. Pour combien de temps ? Je ne sais plus.

Le temps… Les jours… Tout passait à une vitesse. Je ne différentiais plus le jour de la nuit, parce que chaque minute était la même. J’étais au nirvana. Je rencontrais toutes sortes de gens, c’est fou comme les langues se délient quand on est dans un état second. Les timides le sont moins, les rigolos le sont plus, les dépravés restent toujours les mêmes. Moi j’étais du genre à observer. J’ai toujours observé. J’aime bien faire ça. Détailler les petits gestes, tics et autres manies. Anticiper le prochain mouvement, le moindre cafouillage. On a tous ce petit truc qui n’appartient qu’à nous. Par exemple un jour, j’ai rencontré un gars très effacé qui me disait.


Chaque jour, j’évalue mon temps de parole. Si j’ai trop parlé dans la journée alors la soirée je vais écouter et vice versa.

J’ai toujours trouvé ça curieux mais si beau. Alors quand je le croisais, je lui demandais si c’était à son tour de prendre la parole et souvent c’était le cas. Alors je l’écoutais. Il ne disait jamais grand-chose sur son passé. Comme je l’ai dit, il était très discret mais dans sa façon de se comporter, je savais qu’il avait vécu des choses pas très jolies. Quand parfois, dans un bon moment, il se libérait, c’est sa mère qui revenait. Il l’aimait comme un fou.


Quand je serais riche, je lui achèterais la plus belle des maisons. Tu sais pourquoi ? me demandait-il d’une voix presque enfantine, parce qu’elle m’a toujours donné plus qu’elle pouvait m’offrir. Quand on avait rien à bouffer, elle se privait pour nous donner une assiette de pâtes. Ceux qui disent que leur mère est la meilleure, ils se trompent, c’est la mienne la plus géniale. Et de loin.

Je pense qu’il écoutait plus qu’il ne s’exprimait. C’est pour ça qu’il était comme ça : sensible. Il se préoccupait toujours des autres avant de penser à lui. Comme sa mère le faisait auparavant.


Regarde l’étoile là-haut, qui brille plus que les autres.

Il levait sa main, j’avais l’impression que l’étoile en question s’était posé dans sa paume qu’il ferma aussitôt en même temps que ses yeux comme s’il l’avait saisi et il enfonça son poing dans l’une de ses poches.


J’en fais la collection, comme ça, je pourrais prouver que je peux décrocher les étoiles.

Je l’aimais beaucoup ce garçon. Vraiment beaucoup. Sa sincérité, sa naïveté me touchaient tellement. Je ne sais pas ce qu’il est devenu mais j’espère qu’il va bien, qu’il n’a pas changé. Et en bonus, qu’il a pu offrir à sa mère la plus belle maison en ayant payé avec toutes ses étoiles.

Maintenant que j’avais 18 ans et que j’étais loin de toute oppression (ma famille), je faisais ce que je voulais. Le peu d’argent que j’avais me servais à me sentir bien. Les gens partagent, s’amusent et aiment la vie. Je voyais des choses qui n’existaient que dans mon esprit. Je faisais des trucs que jamais je n’aurais cru possible. J’étais si bien, un temps. Puis tout a changé.

Comment réagir face à du noir et du blanc quand on a vu des millions et des millions de couleurs ? Tout est plus fade, plus triste, forcément. Donc j’ingurgitais n’importe quoi pour revoir cet arc-en-ciel. Même si ça ne durait que peu de temps, ce n’était pas grave parce que je recommençais encore et encore. Le bonheur que je ressentais n’en était plus depuis longtemps et je m’en rendais compte petit à petit. Mais mon corps réclamait sa dose d’euphorie. Mon cerveau voulait se retrouver dans cet endroit où tous les problèmes, les crises d’angoisses s’évanouissent. Je ne pouvais plus me débarrasser de cette envie de m’échapper. Elle s’accrochait à moi, me faisait l’ombre parfois. Et je m’effaçais dans cet autre moi, qui pour quelques grammes, pouvait faire tout ce que les gens voulaient. De toute façon, j’oubliais aussitôt que mes veines recevaient ce qu’elles désiraient.

Le graal que j’avais trouvé se transformait en Némésis. Il me hantait, m’affaiblissait. Et quand l’euphorie se métamorphose en dépression, on sait que c’est la fin. Cette envie de rire devient une envie de mourir chaque seconde que notre corps n’a pas assez de cet élixir magique. Il se tord, démange et s’engouffre dans l’obscurité la plus totale. Les ténèbres, les abysses et autres endroits si sombres et froids. Tout n’est que douleur sous la peau, dans les os. Tout nous lâche. Et pour ne plus ressentir, il faut tout simplement mettre un peu de lumière.

J’étais allée voir ce mec, il avait toujours des nouveautés, des mélanges qui pouvaient exploser le cerveau. Comme être dans une autre dimension. Sans aucune gravité, sans aucun sens.


Ça met quelques minutes à faire effet, m’avait-il dit.

J’ai avalé le cachet avec un motif de soleil dessus. J’étais si impatiente de ne plus souffrir que j’en ai repris un autre, et encore un autre. J’en ai pris quatre au total. Mon cœur a bondi dans ma poitrine, il voulait s’en allait c’est sûr. Je pouvais voir l’air qui sortait de ma bouche pour s’envoler dans le ciel. Je remarquais les gouttes de sueur qui se formaient sur ma peau brûlante. Je n’ai pas senti l’impact de mon corps heurtant le sol humide. J’ai juste senti mon âme en sortir pour s’élever dans les airs. Mon enveloppe était par terre, sans vie, sans rien. Je me suis vu hors de moi. Je partais. Et personne ne faisait rien pour me retenir. Je méritais de ne plus être là.

Il faut parfois un déclic, savoir à quelque point on a déconné. Se rendre compte à quel point ce qu’on fait c’est vraiment de la merde. C’était là. J’avais touché le fond. L’overdose, le coma, la mort vu d’aussi près que je pouvais la toucher du bout des doigts. Je ne me souviens de rien. De tout ça. Seulement de cette main chaude dans la mienne. Celle de ma mère. De ses yeux au bord des larmes en me regardant étendue dans ce lit d’hôpital. Ça faisait six jours, douze heures et quarante-sept minutes que j’y étais. Inconsciente, sous perfusion. Je détestais cette aiguille dans ma peau parce que ce n’était pas moi qui l’y avais introduite. J’aurais aimé l’enlever mais est-ce que je risquais de perdre du sang en la retirant ? Après tout, j’étais dans un hôpital, s’il m’arrivait quelque chose de grave, j’étais déjà sur place.


Maman…

La voix enrouée et faible me serrait la gorge, elle l’étranglait presque.


Tu es réveillé ma puce ! Je vais appeler… elle se leva en voulant lâcher ma main mais je la retenais si fort, quelqu’un…


Ne pars pas… S’il te plait.

Elle m’avait manqué.

Ses yeux se remplissaient de nouveau de larmes, dans le silence, elle hocha la tête et serra ma main encore plus fort pour m’assurer de sa présence. Je voulais lui dire à quel point j’étais désolée de tout ça mais je n’avais pas le courage de le faire. De peur qu’elle refuse mes excuses et qu’elle s’en aille. Alors, je le faisais en répondant à sa main serrée dans la mienne. Moi aussi, quelques larmes coulaient sur mes joues et je ne les essuyais pas. Elles exprimaient ce que je ne savais pas dire avec ma bouche.


Ramène-moi à la maison…


Il faut que tu te soignes d’abord ma chérie.


Je te le promets.

J’étais sincère pour une fois dans ma chienne de vie.


Texte publié par Gwenael, 3 mai 2021 à 14h33
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