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– Tu croyais vraiment qu’il allait revenir ? lui demanda Ed.

– En un sens, je crois que je savais déjà qu’il n’y avait plus d’espoir. Seulement, j’aurais souhaité qu’il revienne pour moi. Comme une ultime preuve d’amour…

– Demander aux morts de revenir, ça me paraît risible…

Albina hocha la tête.

– Je sais. C’était là, les vœux d’une enfant qui ne voulait pas perdre une des personnes qu’elle aimait le plus. Je pense qu’à cette époque-là, je croyais encore dur comme fer que les bons triomphaient et que les mauvais étaient toujours punis.

À ces mots, Ed éclata de rire.

– Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Ce monde est pourri et la seule façon d’y vivre, c’est d’être plus pourri que les autres.

La jeune femme lui sourit tout en lissant les plis sur sa jupe.

– Vous comprenez pourquoi je n’ai pas envie d’y rester ? Je suis beaucoup trop faible pour ça.

Le blond lui jeta un regard soupçonneux.

– Même maintenant que tu es…

– Ça ne m’apporte rien.

– Si ! De la force, la jeunesse éternelle…

D’un haussement d’épaules, elle chassa ses paroles.

– À quoi bon avoir tout ceci si l’on est seul ?

– Si tu souhaites quelque chose ! Prends-le ! ricana Ed. C’est ce que j’ai toujours fait. Jusque-là, ça m’a plutôt bien réussi.

Albina soupira à l’écoute de ses paroles.

– Parce que vous voulez des choses simples. Ce que je désire obtenir m’est interdit. Mais vous comprendrez bientôt de quoi il s’agit.

– Si tu le dis, poulette !

– Je le dis.

Elle avait dû prononcer sa phrase avec plus de virulence que prévu puisqu’il la contempla quelques minutes avant de sourire.

– T’as plus de cran que tu ne veux bien l’avouer.

Cette remarque lui parut aussi stupide que fausse, mais elle n’avait guère le temps de s’attarder dessus. Son histoire reprit.