La deuxième représentation des frères de la lumière commençait. Contrairement à la précédente quasiment tout le monde y était un acteur.
L’équipe de Gordon était presque au grand complet. Leurs rôles demeuraient floues. Ils se tenaient à proximité du saloon comme s’ils comptaient le protéger. D’ailleurs se serait peut-être le cas.
Le shérif porta un dernier regard sur l’établissement. Rien ne le distinguait de son quotidien. Il n’était ni moins, ni plus animé. Comme toujours Oswald savait soigner les apparences. S’il avait un plan de prévu, il n’en laisserait rien entrevoir avant l’exécution.
« Tu ne me quittes pas Ishmaël des yeux. » Glissa-t-il à Montoya.
Il détestait avoir ce tenancier comme adversaire. Il n’avait rien à voir avec les hors-la-loi habituels. Lui justement ne l’était pas hors de la loi du moins jamais complètement. C’est justement cette subtilité, qui le rendait si particulier et dangereux.
Vicki était également présente, et constituait l’exception. Elle se cantonnait uniquement à l’observation. Toutefois la témoin neutre et objective connaissait une petite déconvenue. Bruce s’était engagé à se joindre la manifestation. Et cette perspective la perturbait.
« Jason oublie un peu la journaliste. » Balança durement Gordon à son subordonné un peu trop distrait à son goût.
Cette réplique toucha aussi Montoya. C’est vrai qu’elle était jolie cette blonde. Pourquoi ne l’avait-elle pas remarqué avant ? Il fallait voir la réalité en face. Depuis qu’elle était avec Kate, la shérif-adjoint ne regardait plus les autres femmes.
Cet attachement lui déplaisait. Toutes ses conquêtes précédentes avaient finis par rentrer dans le rang, c’est-à-dire sous l’abri de bras masculins. Il n’y avait pas de raison que Kate se comporte différemment.
Au final Motoya récolterait une rupture plus douloureuse que les autres.
Des bruits de pas retentirent au bout de la rue. La foule était bien plus conséquente que prévue. La majorité de la ville devait être présente, mais pas Bruce Wayne.
Gordon et ses subordonnés ne parviendraient jamais à stopper une telle masse du moins sans laisser des morts derrière eux.
Pourtant le shérif n’était pas nerveux, enfin pas trop. Ce rassemblement divergeait des foules en colère auxquelles il avait été confronté auparavant.
Au lieu d’un troupeau hystérique et avide de lynchage, se présentait une sorte d’armée marchant presque au pas.
En tête de cortège se trouvaient sept frères de la lumière toujours vêtus de leurs fameuses toges. Seul celui au centre avait relevé son capuchon.
La rage de celui partant au combat n’atteignait pas Ishmaël. Il émanait de lui une certitude inébranlable. Comme si tout était déjà réglé.
Le porte-parole s’arrêta juste devant l’entrée du saloon. Tous les gens derrière lui firent de même comme un seul homme.
Trois jours ! Il s’était présenté à la population il y a seulement trois jours. Et Ishmaël disposait déjà d’une telle influence.
A le voir contrôler ainsi les gens, Gordon avait dû mal à le considérer toujours comme un allié potentiel. Un tel pouvoir était forcément grisant.
La brute chargée de surveiller l’entrée du saloon désemparée face ce mouvement de troupe, se précipita à l’intérieur.
La confrontation approchait à grand pas. Oswald sortit avec pour seule compagnie son fameux parapluie.
« Quelle est la raison de cet attroupement ? » Demanda-t-il d’un ton hautain.
Le shérif l’observait attentivement. Essayait-il de cacher sa nervosité derrière son arrogance ?
« Vous le savez très bien. » Répliqua immédiatement Ishmaël. « Les gens du comté ne veulent plus de vos activités. »
« Je vois : vox populi, vox dei. »
« Exactement. Et la parole de Dieu ne tolère pas la luxure au sein de votre établissement. »
Le fait que son interlocuteur ait comprit sa citation latine, fit grimacer Oswald un instant. Puis il se reprit.
« Dieu peut-être pas. Par contre il en va différemment chez certains habitants du comté. Notamment parmi les gens présents. »
Comment Ishmaël allait-il poursuivre cet affrontement oral ? En y renonçant. Soudain il s’adressa à la foule :
« Il est vrai que cet antre de la dépravation n’aurait pas pu voir le jour sans la fréquentation de gens parmi vous. Mais il faut admettre sa part de ténèbre pour que la lumière triomphe. Ceux qui ont fauté, doivent y voir une occasion d’expier, de se libérer de leurs pêchés. »
Il enchainait sans la moindre hésitation. Sans oublier son excellente gestuelle. Oswald avait trouvé son maitre. Pourtant le tenancier conservait son flegme.
Etait-ce du bluff ? Gordon ne le croyait pas. Oswald s’était limité à des petites piques. Or sa vision habituelle était bien plus globale. Il planifiait toujours soigneusement comme pour la direction de son saloon.
Qu’avait-il vraiment prévu ? Recourir à la force ne le gênait aucunement. Toutefois sa violence était toujours mesurée et ciblée. Par conséquent s’en prendre à Ishmaël était le plus logique. N’était-il pas la source du problème ?
C’est d’ailleurs pour cette raison que le shérif avait chargé sa meilleure recrue de la surveillance du gourou. Perspicace elle aussi, Montoya se doutait qu’Oswald ne frapperait pas directement. D’ailleurs s’il s’exposait ainsi aux yeux de tous, c’était sûrement dans l’intention de lever toutes futures accusations à son égard.
D’où viendrait l’assaut ? Elle repéra deux hommes armés aux fenêtres à l’étage du saloon.
« Shérif ! » Cria soudain Jason paniqué.
Montoya pivota, et réalisa à son tour que son chef venait de tomber sans un bruit.
Elle n’était pas une meneuse comme Gordon. Par contre sa vie rude et solitaire l’avait rendu réactive face à l’adversité.
Alors que Jason désorienté dégaina d’instinct, Montoya en quelques enjambées parvint jusqu’à Gordon.
« Il n’est que blessé. » Déclara-t-elle après une rapide inspection.
Elle remarqua un bleu au niveau de la tempe. Cette marque avait été faite par un petit projectile, mais pas une balle. Sinon elle serait rentrée à l’intérieur. De plus il n’y avait pas eu de détonation.
Cette annonce entraina vite des réactions.
« Je vais chercher le toubib. » Dit Jason.
« C’est lui le responsable ! » Cria quelqu’un dans la foule en pointant Oswald du doigt.
Face à cette accusation le tenancier conserva son sourire provocateur.
Montoya repensa alors aux deux tireurs placés à l’étage. Ça risquait de finir en carnage. Et le pire est qu’Oswald serait dans son bon droit. Sa main s’approcha de la crosse de son revolver. Seulement sur qui allait-elle s’en servir ? Les lyncheurs ou les sbires d’Oswald ?
C’est alors que sa voix impériale retentit de nouveau.
« Le respectable James Gordon voudrait d’un acte guidé par la justice et non la colère. Rentrez chez vous, retrouvez vos esprits, et priez pour le rétablissement de votre homme de loi. »
Ces quelques mots prononcés par Ishmaël suffirent à apaiser les esprits. Cet homme était décidemment incroyable.
Montoya jeta un regard sur Oswald. Comment prenait-il cet échec de son plan ? Visiblement il s’en moquait. Car il n’avait rien perdu de son arrogance. C’était même le contraire.
Il fallait donc s’attendre à d’autres coups retords de sa part.
Quant à Vicki tout le monde l’avait oublié au milieu de ce chaos. A vrai dire même elle s’était oubliée. Malgré le blessé grave et l’amorce d’un lynchage, la journaliste était restée de marbre à examiner attentivement le déroulement de cette soirée comme s’il s’agissait d’un évènement exceptionnel. Etait-ce le cas ?
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