Ce que ces préparatifs si soigneux pouvaient l’ennuyer. Autant qu’il s’en souvienne, le Joker préférait improviser plutôt que réciter un texte à la lettre. La visite à la ferme des Daggett avait tout de même été distrayante en plus d’être efficace. Grâce la petite mise en scène avec la jeune fille, tout le monde s’était rassemblé au centre de la ville conformément au plan.
D’ailleurs le plan touchait à sa fin. Deathstroke était entrain de rechercher les points d’eau, pendant que lui retournait au village ramener le matériel. Une fois le tout réunit se serait l’apothéose !
Sur le chemin le Joker jeta un coup d’œil aux deux indiens l’accompagnant par sécurité. Il appréciait de plus en plus ce peuple. Certes leurs talents de combattant et de rôdeur, n’y étaient pas étranger. Toutefois le plus remarquable demeurait leur rancœur, leur soif de revanche. C’était si mélodramatique. Et en plus si on savait s’y prendre malléable. En résumé le Joker s’était dégoté une sacrée troupe.
Au village l’attendait une chose à laquelle il n’aurait jamais cru avoir à faire : un imprévu lui déplaisant. Jusqu’ici il adorait qu’un rouage se défasse, et le défi que cela représentait. Sauf que là il était si proche d’achever son chef d’œuvre.
L’imprévu consistait en un vaste cercle formé par les femmes de la tribu. A première vue un simple groupement n’avait rien de particulier. Celui-ci divergeait par son attitude.
Personne ne parlait ou n’esquissait le moindre geste. Elles regardaient toutes l’intérieur d’un air fasciné et effrayé à la fois. Bref un petit spectacle se profilait.
« Vous me faites une petite place ou elles sont toutes réservées ? » Dit le Joker en s’essayant une fois de plus à l’humour.
Une fois introduit dans le cercle il poussa d’abord un soupir d’admiration en voyant Ivy allongée au sol ruisselante de sang. C’était un vrai coup de théâtre ! Puis son regard atteint à proximité Harley inerte. Elle semblait également gravement blessée.
« Que s’est-il passé ? » S’écria le Joker soudain sérieux.
Il n’avait plus envie de rire. En plus d’être son meilleur public et la seule personne comprenant son sens artistique, Harley était essentielle à son plan.
Une des squaws décrit froidement le combat, qui venait juste de se produire : Harley attaquant au scalpel, Ivy jetant une sorte de poudre, Harley soudainement immobile et le regard perdu, Ivy l’étranglant, Harley poussant brusquement un cri et se mettant à frapper n’importe où, le scalpel finissant par toucher Ivy à plusieurs reprises, un combat s’achevant sans véritable vainqueur.
Le Joker regrettait d’avoir loupé un tel spectacle. Puis il en revint aux priorités. Il remarqua rapidement les importants dégâts au niveau du cou chez Harley. Le Joker la souleva délicatement afin de l’amener dans le tipi. Peut-être y trouverait-il le moyen de la soigner ?
Soudain il stoppa sa marche comme si ce comportement rationnel n'avait été que passager.
« Suis-je bête ! » S’exclama-t-il à haute voix en se frappant la main sur le front dans un geste exagéré. « J’ai failli oublier. »
Il dégaina alors son révolver, et tira une balle en plein dans la tête d’Ivy.
« En espérant que cette fois-ci se sera la bonne. »
Un silence glaciale s’empara alors de l’assemblée. Cette action avait visiblement déplu.
« Elle était inconsciente ! » Finit par dire l’un des accompagnateurs du Joker indigné.
« J’aurai dû la réveiller avant ? »
Le Joker rit lui-même à sa blague vu que personne d’autre, ne s’en chargeait.
Ce rire était la provocation de trop.
« Ivy était revenue pour nous. » Dit l’une des squaws. « Pour nous protéger. »
Les regards admiratifs que la tribu lui offraient autrefois, étaient à présent plein de rage et de honte également. Ils réalisaient enfin qui il était. Ce n’était pas un sauveur ou un homme touché par la magie, rien d’autre qu’un sadique un peu plus créatif que les autres.
Qu’importe le Joker ne se démonta pas. Désormais démasqué il abandonna son rôle avec juste quelque regrets. Parce que derrière toutes ses simagrés conservait encore une carte : la horrible réalité.
« Quoi ? Vous comptiez vous remettre à bouffer des navets tranquillement avec elle. C’est trop tard à présent. L’armée américaine ne va pas se dire : ce n’est pas grave, ils ont juste massacré une famille et assiégé une ville.
Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai un travail à finir dont dépend accessoirement votre survie. »
Les mots étaient durs à encaisser, mais le raisonnement imparable dans sa simplicité. Les indiens restèrent donc passifs la tête baissée. Dans quoi s’étaient-ils engagés ? Il était visiblement trop tard pour se poser la question.
Le Joker tout en couchant délicatement sa malade lui susurra :
« Harley. Réveille-toi. Je suis là. »
Elle ouvrit alors doucement les paupières, et admira ce magnifique sourire.
« Joker. » Dit-elle d’une voix faible. « Et Ivy ? »
« Ne t’inquiète pas à son sujet. Elle est remorte de mes mains ou plutôt de ma balle. Mais bon ne nous attardons pas sur le passé. Est-ce que malgré ta mésaventure, tu es parvenue à recréer le red hood ? »
Harley prit le visage du Joker dans ses mains avant de répondre.
« Oui. Mais il ne fonctionne pas comme sur toi. Regardes l’homme à l’entrée de la tente. »
Sans sa déformation le Joker en aurait perdu son sourire. Et son grand projet ! Tous devaient atteindre son degré de plénitude. On avait plus de passé, donc plus d’attache. Toute forme de retenue elle aussi disparaissait. Même tuer se faisait facilement dans cet état. Un tel bonheur devait se partager.
« Ce n’est pas grave. » Enchaina Harley en percevant sa frustration. « Tu resteras unique ainsi. Être banal ne doit jamais t’arriver. »
Comment pouvait-elle dire çà ! Elle était pourtant en mesure de le comprendre. Car elle seule connaissait son véritable plan. Il ne comptait pas réserver le red hood à ses alliés indiens. Une fois que Deathstroke et ses hommes auraient repéré les points d’eau dans les sous-sols, le Joker devait y déverser le précieux remède. Ainsi les habitants de Gotham atteindraient eux aussi la félicité. C’est afin de se faciliter la tâche, que le Joker les avait tous rassemblés dans le centre du comté. De cette manière on réduisait le nombre d’endroits à empoisonner.
« Où est-ce qu’il y a du poison mortel ici ? » Demanda alors le Joker.
De son point de vue il était préférable, lorsqu’on ne savait plus son texte d’improviser plutôt que de rester muet.
Quoiqu’il ne s’agissait pas vraiment d’une improvisation. En fait le Joker appliquait le plan officiel, qu’il avait présenté à ses alliés de Blackgate à savoir empoisonner les habitants afin de piller plus facilement la ville. C’était moins recherché, mais il fallait bien contenter les indiens. Et puis un petit carnage, ça faisait toujours rire, non ?
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