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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Le barman n’était pas très à l’aise face à cette situation. Il faut dire que les femmes étaient rares dans le saloon du moins parmi la clientèle. D’ailleurs les autres clients n’appréciaient pas non plus. Et si elle les dénonçait à leurs épouses ?

Le barman ne se voyait pas empoigner ce petit bout de femme et le balancer hors de l’établissement, comme il le faisait avec l’ivrogne de base. Et il ne pouvait pas se reposer sur son patron. Il était en pleine conversation avec un inconnu plutôt élégant à une table en retrait.

Alors il s’essaya à une méthode plus modérée.

« Il serait peut-être temps de ralentir un peu docteur. » Proposa-t-il devant le verre de nouveau vide.

« Harleen. Appeles-moi Harleen. J’en ai marre d’être docteur. C’est mon premier patient ici. Son crâne est truffé de plombs. Je lui sauve la vie quand même. Et ce salaud disparait dès que j’ai le dos tourné. Pas une explication. Pas un remerciement. Rien. Boulot de con ! »

En admirant son décolleté le barman eut bien une idée de reconversion. Mais il se retint contrairement à sa cliente tapant une nouvelle fois son verre sur le bar. Alors il se résigna et servit un autre whisky.

Le barman songea à un éventuel cas de figure. Selon son expérience il existait deux types de femmes : la prostituée que lui et les autres employés masculins du saloon maltraitaient, et l’épouse que seul le mari avait le droit de maltraiter.

Cette Harleen qui se chargerait de la mettre au pas, si elle faisait trop de grabuge ? Le shérif ? M. Cobblepot n’aimait pas trop le voir trainer par ici.

Il était peut-être temps, qu’il s’en mêle. A ce propos qu’est-ce que sa conversation avec l’autre type, avait de si passionnante ?

A vrai dire elle commençait tout juste à l’être.

« A quel jeu jouez-vous mon cher Bruce ? » Balança brusquement Oswald à son interlocuteur tout en conservant son phrasé élégant.

« Je ne comprends pas. »

« Allons je ne suis pas comme les ignares composant cette ville. Lorsque vous êtes arrivé, vous n’avez même pas jeté un coup d’œil à une seule de mes filles. Vous vous êtes contentés de circuler jusqu’à ce qu’on se croise. »

« En effet je désirais vous parler. » Reconnut Bruce en espérant atténuer la méfiance d’Oswald en étant sincère sur ce point.

« C’est étrange. Nous n’étions pas amis par le passé. »

« Nous n’étions pas ennemis non plus. »

« Vraiment ? Je vous rappelle que votre famille a poussé la mienne au bord de la ruine en attirant le chemin de fer à Gotham. »

« Mon père faisait des affaires. » Répliqua Bruce avec une hargne naissante. « Il ne visait personnellement aucun membre de votre famille. »

« Vous ne pouvez pas en dire autant. »

« Pardon ? »

« Vous croyez que j’ai oublié le surnom, dont m’affabulaient les autres gamins à cause de ma démarche : le pingouin. »

« Je ne vous ai jamais appelé ainsi. »

« Bien sûr vous étiez trop sournois. Vous avez juste suggéré aux autres de le faire. »

« Mais je vous assure que...»

« Ne me prenez pas pour un idiot ! » Dit Oswald en élevant la voix pour la première fois depuis le début de l’entretien. « A l’époque vous et moi étions les seuls enfants du comté à bénéficier d’une éducation convenable. A mon avis aucun des autres gosses n’étaient capables ne serait-ce que d’éppéler correctement le mot pingouin. C’est forcément vous qui êtes à l’origine de ce sobriquet. »

Ce n’est pas que Oswald pensait avoir raison. Il le voulait. Dans de telles conditions il était impossible de le raisonner.

« Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire. » Annonça Bruce en se levant.

« Pour le moment. » Répliqua Oswald. « J’ignore ce que vous cherchiez en venant converser avec moi. Mais je vais le découvrir. Soyez-en sûr. »

Ces nouvelles investigations étaient loin d’être une réussite. Bruce considérait Oswald comme un candidat potentiel dans le rôle de l’informateur. Sa théorie s’appuyait entre autre sur la forte fréquentation du saloon, qui en faisait une bonne source de renseignements.

Non content de n’avoir tirer aucune information à Oswald, en plus Bruce s’en était fait un ennemi. Allait-il enfin renoncer ? Toujours pas. Il conservait encore certaines idées en tête. Et tant que toutes les possibilités n’avaient été abordé, Bruce ne renoncerait pas.

C’est alors qu’une sorte de remake se produisit. A l’instant où Bruce s’apprêtait à partir du saloon, Bullock y pénétra.

Oswald releva immédiatement la tête. Cet homme n’amenait généralement rien de bon. Tout comme son supérieur il avait une dent contre cet établissement. Par contre il ne partageait pas la pondération du shérif Gordon.

Bullock provoquait, insultait, voir cassait. Espérait-il qu’Oswald ou au moins l’un de ses hommes cède à ses provocations ? Rappelait-il sa présence en territoire ennemi ?

Quoiqu’il en soit le numéro demeurait toujours pénible.

Sur le qui-vive le tenancier remarqua rapidement que l’attitude de son visiteur divergeait de celle habituelle. Il n’avait pas son regard de sale gosse guettant la prochaine bêtise, qui agacerait ses parents.

On sentait en lui de la nervosité. Or il fallait bien reconnaitre que ce goret étoilé n'était pas facilement impressionnable.

« Le docteur Quinzel est bien là ? » Cria-t-il.

« Présente. » Répondit cette dernière affalée sur le comptoir en levant le doigt comme à l’école.

« J’ai un mec qu’a salement dérouillé. Faut que vous y jetiez un coup d’œil. » Précisa le shérif-adjoint en trainant un homme inconscient que jusqu'ici sa masse imposante cachait.

« En piste. » Conclut la docteur en vidant son verre d’un trait.

Soudain Oswald s’en mêla.

« Attendez. Vous ne comptez pas l’examiner ici ?»

Ce saloon était son royaume personnel où seul son intérêt primait. Puis en s’approchant Oswald reconnut le crâne soigneusement rasé du blessé.

« Victor Zsasz ! Jessie aides-moi à l’allonger sur la table.»

« Plutôt crever. » Répliqua la prostituée brutalement.

Oswald se résigna à reporter à plus tard la leçon de discipline de son employée. Pour l’heure il devait veiller au bien-être du boucher de Gotham.

Harleen réclama de l’eau et du tissu. Une fois fournie elle monta à califourchon sur Zsasz et l’examina. Ses gestes étaient vifs et habiles. Toute trace d’ébriété semblait avoir disparu en elle comme par magie.

Quant à Zsasz le voir inconscient offrait une autre perspective. Cette brute massive et arrogante paraissait si vulnérable alors. Certains en venaient presque à le trouver touchant. Par contre il n’en allait pas de même pour certaines.

La docteur étant visiblement trop concentrée, Oswald se reporta alors sur Bullock.

« Que s’est-il passé ? »

« J’en sais rien. Je l’ai retrouvé comme ça au milieu de la rue. » Répondit machinalement le shérif-adjoint avant de se reprendre. « Et puis ce n’est pas vos affaires. Alors doc ça donne quoi ? »

« Il a été violemment fouetté à plusieurs reprises, mais il s’en remettra. Il a reçu aussi un coup violent dans la gorge. Sa respiration en a pâtit. Là encore les dégâts ne sont que temporaires. »

Suite à son diagnostic Harleen se frotta les mains en signe de satisfaction, puis releva la tête. Elle vit alors que les prostituées avaient constitué une sorte de cercle autour d’elle.

« Ça vous intéresse ? » Leur demanda-t-elle intriguée et sarcastique à la fois.

En tous cas il y en avait un, qui en avait assez vu. Bruce dont tout le monde semblait avoir oublié la présence, décida de disparaitre avec un nouveau secret dans le fond de son crâne.


Texte publié par Jules Famas, 10 mars 2021 à 18h44
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