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Lorsque Talia pénétra dans l’enceinte de la cité, elle ne put retenir son émerveillement devant les grandes bâtisses de pierre blanche et les dizaines de fanions et de fleurs violettes accrochées de part et d’autre de la rue principale pour accueillir les visiteurs qui venaient en masse, prie de folie pour certains, qui avaient attendu l’événement pendant de longs mois. Pourtant, elle aussi habitait dans une cité, mais elle était bien plus petite et certainement moins bien entretenue que celle-ci. Son professeur rigola face à sa réaction et réajusta son chapeau qui menaçait de tomber.

— Il y a toujours autant de monde ? demanda la jeune fille curieuse.

— Non, aujourd’hui il y a la Foire des Artisans. C’est un évènement annuel à Midgard et je me suis dit que ce serait le moment idéal pour faire une pause dans ton apprentissage.

Elle acquiesça d’un mouvement de tête et entreprit d’écouter les explications du vieillard. La Foire était ouverte à tout le monde et ce peu importe sa classe sociale. La garde royale veillait à ce que cette règle soit parfaitement respectée. Les étalages étaient éparpillés à travers le quartier nord de la ville, afin de pouvoir assurer leur sécurité et permettre aux visiteurs de voir certains recoins touristiques. En cette période, tout le monde en profitait pour faire des affaires, y compris la ville.

Un garde s’approcha de Talia et lui donna un étrange bout de papier. Elle le remercia timidement et se mit à le parcourir brièvement : c’était un plan. Séparés par des sections et des couleurs, les artisans étaient regroupés par catégories selon la marchandise qu’ils vendaient. Il semblerait qu’un incident s’était produit il y a quelques années de cela. Un marchand de viande fumée s’était alors retrouvé à côté d’un marchand de tissu et toute sa cargaison avait fini par sentir mauvais. À la fin, les deux vendeurs s’étaient battus et le Maire de la ville avait dû trouver un terrain d’entente.

La jeune fille se mit à sourire en entendant cette drôle d’histoire, les êtres humains étaient bien curieux par moment, voire incompréhensibles. Comment pouvait-on se quereller pour si peu ? Elle fit signe à son maître de tourner sur la droite : c’était l’allée consacrée à la gastronomie et les différentes odeurs des mets commençaient à lui chatouiller les narines. Ils se promenèrent tout en cherchant de quoi se mettre sous la dent, mais il y avait tellement de choix ! Talia déposa ses yeux couleur miel sur un étrange étal.

— Maître, qu’est-ce donc ? demanda-t-elle en pointa du doigt un plat.

— Ah, il s’agit d’un dessert très apprécié dans les contrées à l’Est. Il semblerait que ce soit un mélange de céréales et de fruits rouges. Les enfants en raffolent, tu devrais goûter.

Elle hésita quelques secondes et quand elle s’aperçut que le marchand lui tendait un bol et une cuillère, elle le prit timidement et alla s’installer sur l’une des nombreuses tables en bois qui avaient été installées. Dès la première bouchée, elle comprit pourquoi le plat était populaire : le mélange des fruits fondants sous la langue, le croquant des céréales et le sucre ajouté rendaient le tout appréciable pour le palet. La Foire était décidément remplie de surprise et Talia savait que ceci n’était que le début de ses nombreuses découvertes.