Tandis que j’avançai à l’aveuglette dans cette immense forêt, j’avais la nette impression qu’il me serait impossible d’en sortir vivant. Le cri et le bruit d’un battement d’ailes me firent regarder en l’air. J’aperçus quelques oiseaux au pelage multicolore slalomant entre les chênes, ignorant les dangers qui pouvaient les guetter de n’importe où, attendant le moment opportun pour les piéger.

Mes yeux se détournèrent à nouveau vers le ciel. À travers l’épais feuillage verdoyant, je n’avais pas remarqué que le soleil se couchait lentement, peignant l’immensité bleutée d’un orange pastel s’estompant progressivement.

Le temps ne jouait pas en ma faveur. Je devais impérativement trouver un refuge avant la nuit. Je me mis à courir de nouveau. J’étais déjà perdu alors, peu m’importait la direction que je devais prendre. Soudain, mes yeux furent attirés par une lumière jaune émanant comme par enchantement d’un étrange arbre. J’hésitai quelques secondes puis lorsque j’aperçus une minuscule porte creusée dans le tronc, je me précipitai. Mon abri de fortune se trouvait juste devant moi.

Haletant, trempé par la sueur, je fis un dernier effort surhumain. Je tendis la main, sûr de pouvoir atteindre la poignée dorée puis, sans que je m’en rende compte... On frappa trois fois à la porte de ma chambre et ma mère apparut, souriante.

— Le dîner est prêt. Tu viens manger ?

— J’arrive tout de suite !

Je plaçai un marque-page entre les pages deux cent trois et deux cent quatre et refermai le livre, l’air ravi. Il me tardait de reprendre ma lecture et de découvrir si oui ou non l’homme arrivait finalement à cette curieuse maison dans l’arbre.