Tampa, samedi 26 juin 2032
« … nous rapporte que le nombre d’incarcérations chute de façon drastique depuis quelques semaines. Ce qui correspond à la baisse générale des chiffres de la délinquance aux Etats-Unis entamée depuis deux, trois mois. Faut-il faire un parallèle avec les études menées sur la réincarnation ? S’il est encore trop tôt pour le dire, la situation dans… »
Suspendue au plafond de la chambre d’hôpital, la télé diffusait les news de la matinée. Keitaro ne prêtait aucune attention aux images ; le soleil de ce début d’été brouillait l’écran ; et même s’il avait demandé à fermer les stores, il n’aurait pas distingué grand-chose. Ses lunettes reposaient, cassées, dans le tiroir de sa table de chevet. Il ne pourrait les faire réparer qu’en sortant de convalescence. C’est-à-dire… pas avant plusieurs semaines.
« On observe également l’émergence, au niveau mondial, d’initiatives citoyennes en faveur de l’environnement. Surfant sur cette nouvelle prise de conscience que l’avenir, finalement, n’appartiendrait pas qu’à nos enfants, nombre de politiciens passent à la vitesse supérieure en matière d’écologie. »
Enfin des bonnes nouvelles…
Dans le chaos provoqué par Keitaro et son équipe, un peu d’espoir se profilait : depuis les mesures adoptées depuis la fameuse conférence de Tampa, les médias recommençaient à parler de la réincarnation sous un angle positif. Malgré son inconfort physique, Keitaro soupira de soulagement. Tout n’était pas noir ou blanc. Et malgré son absence au travail, le monde tournait toujours à peu près normalement. En fait, il tournait même bien mieux depuis qu’il ne s’en mêlait plus…
Quelqu’un frappa et entra sans attendre de réponse. Une infirmière.
« Monsieur Momoyama ? Vous avez de la visite ! »
Il coupa le son et se redressa, impatient de découvrir qui venait le voir aujourd’hui. Un de ses collègues ? Ou bien Morgan, le serveur du Coco Loco ?
Il déchanta rapidement quand il vit entrer… son avocat. Un avocat japonais qu’il avait dû chercher, puis engager à distance car il ne pouvait plus bouger de son lit. La vie, parfois, vous réserve de bien mauvaises surprises… Mais était-ce vraiment une surprise ? À toujours repousser l’échéance de son retour au Japon, il n’avait peut-être, au fond, que ce qu’il méritait.
« Monsieur Momoyama, bonjour ! Comment allez-vous ? Mieux ? ».
Keitaro jeta un œil à sa cuisse dont le bandage dépassait de sa chemise d’hôpital. Les commissures de ses lèvres plongèrent pour signifier qu’il n’y avait pas de réelle amélioration. Puis il se contredit en affirmant :
« Ça va. Je vous remercie ».
L’homme n’en avait probablement rien à faire de sa santé. Inutile de l’ennuyer avec des détails.
« Je suis heureux d’entendre ça. Dites-moi, est-ce que je peux vous déranger quelques instants ? J’aimerais vous faire part de mes avancées, concernant votre dossier.
— Bien sûr, installez-vous, dit-il en anglais après un coup d’œil à l’infirmière. »
Celle-ci, occupée à ranger quelques affaires, comprit le message. Elle débarrassa le plateau de petit déjeuner et sortit. L’avocat – qui avait accepté, pour une coquette somme, de faire le déplacement depuis Tokyo – prit place dans le fauteuil réservé aux invités et sortit un document de sa cassette.
« J’ai récapitulé ici tous les arguments que nous pourrions mettre en avant pour le procès. Je vais vous les lister et vous me direz si tout est correct, et si vous voyez d’autres choses à rajouter ».
Keitaro hocha la tête. Il n’avait pas du tout envie de faire ça, mais Koï-chan ne lui laissait pas le choix. S’il voulait revoir son fils un jour, il devait passer par là.
« Vous disiez que c’était votre femme qui a quitté le domicile conjugal la première. Pour se réfugier chez ses parents, c’est bien ça ?
— Oui, tout à fait. Elle revenait quand même le week-end. Enfin, au début…
— Je vois… Et ses parents, en particulier son père, refusaient de vous accueillir ?
— C’est ça.
— Vous… avez des preuves de ça ? »
Keitaro appuya la tête contre le dossier de son lit et ferma les yeux. Des preuves ? Comment prouver que votre femme a déserté ? Des voisins pourraient avoir remarqué un retour au calme par chez lui, mais il refusait de les importuner avec ses problèmes personnels.
« Non, préféra-t-il répondre.
— Ah… Et sinon, pas de liaison amoureuse, de son côté ?
— Pas que je sache… »
S’il y en avait eu, Sasaki l’en aurait informé. Son jeune collègue continuait à lui envoyer des nouvelles régulières, quoique succinctes. Et jamais il n’avait mentionné autre chose que du très banal : Saori allait bien, elle vivait tranquillement, poursuivait sa petite routine de maman et professeur de piano.
« Vous disiez aussi que votre beau-père avait engagé quelqu’un pour vous suivre ?
— C’est exact.
— Et que les photos compromettantes que cette personne a prises n’étaient qu’un coup monté ? Qu’elles ne reflétaient pas la réalité ?
— Tout à fait.
— Des preuves, de ça ? Car vous savez, au Japon il est tout à fait légal d’embaucher un détective pour vérifier ce genre de… choses. C’est même assez fréquent.
— Des preuves que je… ? Euh… »
Demander à Angélica de témoigner qu’ils n’étaient pas en couple ? Qu’ils n’avaient jamais… ? Quelle humiliation… Et puis même, qui la croirait sur parole ? Certainement pas le juge.
« Non. Ce serait difficile… Mais je n'ai eu aucune liaison.
— Bon bon bon… Vous disiez aussi que votre beau-père vous harcelait au travail. Quelqu’un pourrait-il l'affirmer ? »
Bien sûr ! Tous ses collègues. Mais qui voudrait se mettre à dos Koï-chan et risquer son poste ?
« Non plus… Personne. »
Pas de réponse de l’avocat. Keitaro se tourna vers lui et le vit penché sur son document, l’air désemparé.
« Monsieur Momoyama, je…
— Je sais… J’aimerais pouvoir vous aider davantage.
— Le problème, c’est que le dossier adverse est plutôt solide. Ils ont cette photo en main. Et ils peuvent facilement prouver que vous n’habitez plus chez vous depuis plusieurs mois. En plus, le droit japonais a tendance à privilégier le témoignage des mères et à leur accorder la garde exclusive des enfants.
— Oui… Je sais ça, aussi. »
L’avocat resta encore un peu afin d’essayer d’explorer d’autres pistes. Et quand il fut parti, Keitaro se sentait plus pessimiste que jamais. Son regard se perdit sur le jardin qu’il distinguait depuis la fenêtre – une espèce de bouillie verte hantée par quelques silhouettes mouvantes, pour ses yeux sans lunettes. Quelques rires d’enfants lui parvinrent ; son cœur se déchira.
Mais qu’est-ce que je fais là ? Bloqué dans cette chambre… Loin de mon fils. Et de Saori.
Une larme se pencha au balcon de ses paupières avant de dévaler sa joue. Dans le couloir, quelqu'un criait :
« Madame, madame ! »
Le cri raisonna dans son crâne. La voix se transforma. Féminine, elle prit un ton plus grave, plus alarmant. Ce n’était plus une infirmière qui hélait sa patiente pour lui remettre un objet oublié. Mais un agent de sécurité chargé de canaliser la foule venue assister à la conférence.
« Madame, madame ! »
« Angélica ! » hurlait Keitaro en écho.
Il ne se souvenait pas avoir déjà crié ainsi. Ou même d’avoir déjà crié. Keitaro préférait ne rien dire plutôt que d’hausser le ton. Mais ce jour-là, il avait donné de la voix à s’en briser les cordes vocales.
Alerté par le tumulte, il était sorti en trombe. Il l’avait aperçue. Il avait couru. S’était mêlée à la foule qui, profitant de la confusion, avait débordé au-delà des barrières. Il l’avait cherché des yeux… Ne la voyait plus. Il l’avait appelé, une dernière fois. Et puis le choc. La douleur vive, dans sa cuisse. Son souffle qui lui échappe brusquement. Ses hanches écorchées par les dalles dans sa chute. Le sang, chaud et poisseux, qu’il tentait de retenir de ses deux mains, en vain. Sa conscience qui vacillait… Le noir, le vide… et puis la lumière, trop vive, des néons de la salle de réanimation à travers ses paupières encore fermées.
Il avait frôlé la mort. C’est ce que les médecins lui avaient dit. Il avait failli perdre la vie, en se prenant pour un héros. En risquant tout pour une personne qui lui était étrangère un an plus tôt.
Son geste avait-il au moins servi à quelque chose ? Il se consolait en se disant que cette balle ne lui était peut-être pas destinée. Que peut-être, il avait évité à Angélica de se retrouver à sa place, ou pire : au cimetière. Auquel cas, il ne regrettait rien. Peut-être était-ce le destin qui l’avait conduit là. Pour cet instant précis, ce quart de secondes avant de mordre la poussière.
Ou peut-être qu’il se voilait la face. Qu’il avait seulement réagi de façon inconsidérée, comme l’idiot qu’il était. Pourquoi sauver quelqu’un qui ne tenait clairement pas à la vie ? À s’élancer ainsi dans la foule, pour une raison qui lui échappait encore. Keitaro appréciait beaucoup sa collègue, mais de là à se sacrifier pour elle ? Depuis quand avait-elle devancé Saori dans l’ordre de ses priorités ?
Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’il faisait encore là, à 10 000 km de chez lui, à lutter pour une cause qui n’avait jamais été la sienne ? Il y a bien longtemps que sa présence ici n’était plus nécessaire. Il aurait pu se faire remplacer et rentrer deux mois plus tôt.
S’il était encore là, il s’en rendait compte à présent, c’était par pur orgueil. Pour se prouver, à lui comme aux autres, qu’il n’était pas un incapable. Il voulait prouver qu’il méritait, lui aussi, le respect. Le respect et l’amour de sa femme. Et qu’avait-il gagné ? Un peu d’estime de lui. Un meilleur niveau d’anglais. Et un procès qu’il n’avait jamais désiré.
Un procès ! Saori le haïssait-il à ce point ?
Dire qu’il avait pensé l’impressionner en acceptant de travailler pour les américains. Mais les choses ne s’étaient pas déroulées comme prévu… Il était censé revenir sous un autre jour, confiant et reconstruit, entier de nouveau. Grâce à la réussite de sa mission, il aurait pu convaincre Kikuchi qu’il était digne de sa fille. C’était sa quête. Et Saori, la princesse enfermée dans sa tour.
Mais il avait échoué. Pire, il avait failli leur revenir les pieds devant, encore plus inutile et insignifiant qu’à son départ.
Quel gâchis… Lui qui avait pourtant, dans la grande loterie de la réincarnation, la chance d’être bien né. Dans un pays riche, au sein d’une famille plutôt aisée. Il avait tout pour réussir, tout pour être heureux. Fallait-il être mauvais pour gaspiller à ce point ce cadeau des dieux ? S’il était mort, ce jour-là, sur le trottoir du centre de conférences… aurait-il vraiment gagné au change ? Aurait-il eu autant de chance ? Que serait-il devenu ? Aurait-il été seulement humain ? Et Saori et Jun, que seraient-ils devenus ?
Un frisson le parcourut, mêlé à un léger vertige.
Il ne savait pas. Il n’avait aucune réponse à tout ça. Malgré ces mois de recherches et de découvertes, la mort restait pour une lui une porte ouverte sur l’inconnu. La seule chose qu’il avait apprise ce jour-là, c’est qu’il n’avait plus envie de fuir.
Parce qu’on sait toujours ce que l’on perd et jamais ce que l’on gagne.
Comme tous les dimanches depuis son hospitalisation, Angélica vint lui rendre visite en compagnie de sa famille. Keitaro les appréciait beaucoup, surtout la dernière, Catalina. Mais pour une fois, il aurait aimé que sa collègue vienne seule. Tant qu’elle était accompagnée, il n’osait évoquer l’accident de peur de choquer les petites. Et certaines de ses questions, d’ordre personnel, nécessitaient de lui parler en tête à tête.
« Hola, hola ! »
C’était la voix de Sofía. Mais pourquoi restaient-elles à la porte ? Keitaro se redressa tant bien que mal et vit la grand-mère donner une légère impulsion à Catalina. Celle-ci s’approcha, mains derrière le dos, ses incisives mordant la lèvre inférieure. Elle jouait les timides. Il lui sourit pour l’encourager.
« Hola, Keitaro, lui dit-elle en se dandinant. Tiens, c’est pour toi. »
Elle lui tendit le paquet dissimulé derrière sa jupe.
« Merci ! Je peux ouvrir ? »
Elle fit "oui" de la tête, les yeux étincelant d'impatience. Il procéda avec délicatesse, en décollant chaque bout de scotch séparément pour ne rien déchirer. C’est ainsi qu’il aimait ouvrir les cadeaux, à la fois pour entretenir le suspense et par respect pour la personne l’ayant emballé. Enfin, il dégagea une ouverture. Il y plongea la main et en sortit… une petite peluche à forme humaine. Le genre qu’on accroche à son sac ou à son téléphone. Elle représentait un homme aux cheveux bruns et aux yeux bridés. Sa main droite était cousue à l’une des branches de ses lunettes comme s’il était en train de les redresser.
« Retournez-la », suggéra Sofía.
Dans le dos de la peluche, il découvrit une inscription cousue au fil rouge : « RB heroes ».
« … c’est moi ? avança-t-il, perplexe.
— Eh oui ! confirma Angélica en tirant de son sac une deuxième poupée de tissu. »
Elle s’approcha du lit pour la lui montrer. La sienne avait de longs cheveux, un air malicieux et les deux mains cousues sur les hanches dans une attitude de défi. Elle lui faisait penser à une héroïne de dessin animé japonais ; ne manquaient que les couettes et la baguette magique de transformation.
Les commissures de ses lèvres se mirent à trembler. Il ne voulait pas se moquer, mais il ne put se retenir très longtemps : il éclata d’un rire franc qui le fit gémir de douleur.
« Vous auriez dû me montrer celle-ci en premier. J’aurais compris tout de suite ! »
La remarque amusa tout le monde, y compris l’intéressée.
« Où avez-vous trouvé ça ?
— À la plage, déclara Catalina, toute fière.
— Dans une boutique de souvenirs, compléta sa mère. J’en ai trouvé pour toute l’équipe ! Je les distribuerai au bureau la semaine prochaine. »
Keitaro approuva et tendit le bras pour déposer la peluche sur sa table de chevet, debout sur un paquet de tisanes, le dos appuyé contre un set de bougies parfumées. Entre ça et l’énorme bouquet de fleurs – déjà défraîchies – offert par Charlotte avant son retour en France, il n’avait même plus la place de poser son verre d’eau.
« Et votre santé ? s’enquit Sofía. Vous vous sentez mieux ? »
La grand-mère massait les épaules de Salomé. Silencieuse, comme toujours, la grande semblait avoir été forcée de venir. Elle fixait un bout de mur d’un air blasé.
« Les médecins veulent que je reste encore trois semaines. Ensuite, je devrai faire de la rééducation. Je ne pense pas pouvoir retourner au bureau avant un moment… »
Il baissa la tête, l’air penaud. Quand il reviendrait, ce serait pour poser sa démission. C’était pour le mieux, il le savait, mais il avait quand même l’impression d’abandonner son équipe. Il devrait leur annoncer bientôt, mais pas aujourd’hui. Un problème à la fois, c’était bien suffisant.
« Désolé… »
Lorsqu’il releva les yeux, il crut voir de l’irritation dans ceux d’Angélica.
« Quoi ?
— Vous me sauvez la vie et vous vous en excusez ? lui reprocha-t-elle en posant une main sur le rebord du lit.
— Je… Ce n’est pas ce que je voulais dire. Pardon. »
Sa réponse ne plut pas davantage à sa collègue. Sans doute parce qu’il venait de s’excuser de s’être excusé ; Alors il se tut et détourna le regard. Sa main droite se leva vers son visage pour remonter ses lunettes, puis retomba lorsqu’elle ne rencontra que le vide. Un peu plus loin, la grand-mère se gratta la gorge.
« Hey muñecas, ça vous dit un chocolat à la cafétéria ? »
Ce mot magique réveilla aussitôt les deux fillettes. Keitaro apprécia la délicatesse de la grand-mère. Le bon mot, au bon moment. Lorsqu’elles eurent disparu, Angélica rapprocha l’unique fauteuil de la chambre et s’y installa.
« Vous savez… Vous ne devriez pas être si pressé de revenir. L’ambiance a bien changé, au bureau.
— Ah ?
— Denzel et Palmer ont commencé à appliquer les mesures réclamées lors de la conférence. Nous avons dû accueillir dans l’équipe une vingtaine de nouvelles personnes. Plusieurs ingénieurs, neuropsychologues et statisticiens… Des experts en communication. Deux historiens. Un théologien. Un zoologiste. Un chercheur en biologie végétale… et un moine.
— Un moine ?
— Oui… Un moine bouddhiste. »
Cette nouvelle le laissa sans voix. Il avait beau être de confession bouddhiste, mélanger science et religion lui paraissait étrange. Mais après tout, pourquoi pas ?
« Le travail n’est plus le même… On se perd dans des débats interminables. On agit moins. Depuis la fermeture de la plateforme de volontaires, la séparation des bases de données des morts et des vivants et l’arrêt des campagnes d’enregistrement, les participants bénévoles se font rares. Ça fait plusieurs jours que je n’ai interrogé aucun enfant… Mais ! Il parait que grâce à ça, les abus, les fuites et les crimes ont beaucoup diminué.
— Je vois… Et oui, j’ai vu, pour les crimes. »
Silence. Keitaro savait déjà à quoi s’attendre pour Rhapsody Blue, mais il ne pensait pas que les choses bougeraient si rapidement. Il se sentait devenu inutile. Un peu comme le café moulu qu’on jette à la poubelle, une fois l’eau infusée.
« Tenez, je vous ai apporté autre chose. De quoi vous occuper. »
Angélica fouilla dans son sac et en tira une liasse de lettres qu'elle lui tendit en souriant.
« De nouvelles lettres de fan, annonça-t-elle, une pointe d’excitation dans la voix. On en reçoit de plus en plus, tous les jours ! Sans compter les e-mails de soutien. Votre nom apparaît souvent. Certains vous prennent pour un martyre !
— Un martyre ! N’importe quoi… »
Le torse gonflé de fierté, Keitaro récupéra les lettres – son lot de consolation pour tout ce que lui aurait coûté cette mission.
« Je ne vous cache pas qu’on reçoit aussi des avis plus… mitigés. Mais globalement, les gens sont contents. Ça change de l’ambiance d’avant la conférence.
— On dirait, oui. Merci pour ça. »
Nouveau silence. C’était peut-être le moment de poser la question qui lui brûlait la langue. S’il attendait trop, Sofía et les filles seraient de retour et il perdrait toute occasion de le faire. Il entendit Angélica soupirer. Il releva les yeux vers elle et son air sérieux le surprit. La façon dont elle se tordait les mains, aussi.
« En parlant de la conférence… Je voulais vous demander pardon pour… mon imprudence. J’ai… J’ai perdu la tête. J’aurais pu me faire tuer. Et vous aussi, par ma faute. Je ne l’ai compris qu’après. Mais sur le moment… je… n’ai pas réfléchi. »
Finalement, elle avait abordé le sujet d’elle-même. Soulagé, Keitaro accepta ses excuses. Il aurait pu s’en contenter, mais il avait besoin de réponses. Puisqu’il avait failli mourir, il lui semblait important de savoir pourquoi.
« J’espère que ce n’est pas inconvenant, mais j’aimerais vous demander : qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi avoir couru dans la foule ? Je n’ai pas compris… »
Elle déglutit et prit son temps pour répondre.
« J’ai cru voir quelqu’un que je connaissais. Quelqu’un qui m’est très cher… Et je me suis trompée. En fait, c’était stupide. Et même impossible.
— Expliquez-moi ?
— Cette personne est morte. Et même si elle s’était réincarnée, les chances pour qu’elle ressemble trait pour trait à ce qu’elle était enfant sont… quasiment inexistantes, n’est-ce pas ? Je suis vraiment désolée… Je m’en veux tellement. »
Keitaro l’observa d’un regard désolé. Il s’en voulait aussi de l’avoir mise dans cet état. Alors il étendit son bras, paume vers le haut, et lui laissa décider si elle voulait lui céder sa main, ou non. Elle le fit. Alors il pressa doucement ses doigts, dans l’espoir d’apaiser sa peine. Un geste extraordinaire pour lui, qui n’était absolument pas tactile.
« Cette personne, comment s’appelait-elle ?
— Gabriel… »
Le nom fit tinter quelques cloches dans son esprit. Il l’avait déjà entendu quelque part. Il ouvrit la bouche pour la questionner davantage, mais la voix de Sofía dans le couloir l’en dissuada. On toqua à la porte et les fillettes accompagnées de leur grand-mère investirent à nouveau la chambre. Angélica retira sa main en hâte, puis leur sourit comme si de rien n’était.
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