Tampa, vendredi 22 avril 2033
« Keitaro, vous auriez une minute ? »
Il tressaillit au contact de la main venue se poser sur son épaule. Angélica… Il fit pivoter sa chaise à roulettes pour lui faire face. Quelque chose avait changé en elle. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion. Deux mois s’étaient écoulés depuis leur première publication, pendant lesquels le caractère de sa collègue avait… évolué. De quelle manière ? Il n’aurait su le dire avec précision. Elle était juste différente. Moins agressive. Plus… enjouée peut-être. Ou plus jeune ? En un mot, elle rayonnait. Pas seulement dans leurs bureaux, mais aussi sur les écrans et dans la presse. Elle était devenue le visage et la voix de leur équipe dans les médias. Son sourire charismatique était partout, tout le temps. Il avait devant les yeux une Angélica upgradée[1] et son énergie l’impressionnait.
« Euh oui… Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je me demandais… Votre idée de plateforme de volontaires a tellement bien marché qu’on pourrait peut-être passer au cran d’après.
— C’est-à-dire… ?
— En fait, je trouve ça dommage de se limiter aux pays membres du système Rhapsody Blue. Seize pays, ça reste assez peu… Pourquoi ne pas étendre nos recherches ailleurs ? »
Keitaro cligna des yeux et la fixa, incrédule. Il n’y avait pas que son énergie qui le fascinait. Son ambition, également, portait leur mission toujours plus loin. Angélica n’était pas devenu qu’un visage médiatique, mais aussi un moteur. Leur moteur, à lui et ses collègues.
« Vous voulez dire, encourager d’autres nations à utiliser le système Rhapsody Blue ?
— Oh non, rien de si compliqué… Je pensais plutôt à une campagne d'enregistrements en masse. Nous pourrions envoyer des équipes munies de Rhapso-casques aux quatre coins du monde et proposer aux gens qui le souhaitent de s'y soumettre ?
— … comme ce qu’on fait déjà pour les animaux ? »
Le mois dernier, Rhapsody Blue avait engagé quelques centaines de vétérinaires. Équipés des tout nouveaux Rhapso-casques à taille modulable, ils avaient pour mission de Rhapso-scanner un maximum de mammifères. Différentes sortes de stimulations neuronales étaient prévues en fonction des espèces. Un projet dont Keitaro attendait les résultats avec impatience.
« Oui enfin… Ce n’est quand même pas la même chose, répondit-elle, mal à l’aise. Pour commencer, pas besoin de leur injecter de puce – ¡ vaya ! ce serait vraiment ignoble… Et puis il faudrait proposer une contrepartie, pour leur donner envie de participer.
— Je me demande si les pays concernés nous laisseraient faire. Il s'agit, après tout, d’enregistrer leurs citoyens dans la base de données américaine... C'est peut-être un peu trop intrusif. »
Angélica approuva et réfléchit un instant. Elle semblait vraiment tenir à son idée.
« Et si, avec le Rhapso-code, on ne récupérait que des infos de type un passeport, voire biométriques ? Ça poserait aussi problème ? En fait, ça reviendrait à offrir des milliers de billets d’avion pour les US, pour bien moins cher.
— Ça pourrait passer. Surtout s’il s’agit de volontaires.
— En plus, comme nous ne sommes plus les seuls à avoir publié sur le sujet, Rhapsody Blue a plutôt la cote, en ce moment. Profitons-en ! »
Elle avait raison. L’Agence avait récemment gagné en crédibilité grâce à la confirmation, par des scientifiques étrangers, de leurs résultats. Une équipe allemande et une autre, canadienne, avaient coopéré avec l’administration de leur pays pour accéder aux Rhapso-codes enregistrés dans leur propre base. À l'aide de la plateforme de volontaires mise en place par Keitaro, elles avaient pu trouver, puis contacter plusieurs Rhapso-jumeaux – ou leurs familles – ailleurs dans le monde. Leurs conclusions avaient appuyé les leurs, ce qui agitait la presse internationale et l’opinion publique depuis des semaines.
« Vous n’êtes pas d’accord ? le relança Angélica.
— Si, je… vais en parler à Denzel. »
Un sourire illumina le visage de la jeune femme. Keitaro le lui rendit, ébloui par son enthousiasme.
« Merci, Keitaro. Vous êtes le seul à pouvoir le convaincre. Moi, il ne m’écouterait pas… Denzel vous respecte beaucoup et je comprends pourquoi ! Votre programme d’analyse de données est une merveille. Et votre idée de plateforme de volontaires, c’était du pur génie. »
Une bouffée de chaleur l’envahit, comme s’il venait de gober une cuillère entière de wasabi[2] d'un coup. D’une main, il desserra son col de chemise et se gratta la gorge. Du coin de l’œil, il surprit Varun qui l’observait depuis son poste d’un air amusé. Le feu remonta depuis son cou jusqu’à ses joues, puis ses tempes ; il se retourna vers la jeune femme.
« N’exagérons rien…
— Je n’exagère rien. Sans vous, nous n’aurions jamais été aussi loin en si peu de temps.
— Je… j’en sais rien. Peut-être.
— En tout cas, pensez-y. Imaginez tous ces nouveaux Rhapso-jumeaux que nous pourrions découvrir ! Tous ces nouveaux cas à étudier…
— Oui… J’imagine bien. Laissez-moi en parler à Denzel d’abord. Je vous tiendrai au courant.
— Keitaro, vous êtes une crème ! »
Au comble de l’embarras, il redressa ses lunettes et hocha vaguement la tête avant de pivoter vers son écran. Angélica, ravie, se détourna et repartit à son poste. Lorsqu’elle se fut éloignée, il retint à grand peine le soupir de soulagement qui menaçait de s’échapper de sa cage thoracique. Le degré d’élévation de ses épaules descendit d’un étage. Et ses deux mains, fraîches, se portèrent à ses joues pour en diminuer la température.
Oui, Angélica avait bien changé. Jamais, auparavant, elle ne l’avait traité ainsi. À l’entendre, il était devenu le héros de leur petite équipe. Elle, le visage et le cœur, lui le cerveau. Même si l’idée le contrariait, il devait bien le reconnaître que son admiration le flattait plus que de raison – et ça, Varun l’avait sans doute bien compris.
D’autre part, elle rendait la décision de son retour au Japon encore plus difficile.
Depuis la publication de leur premier papier de recherche, l’équipe avait retrouvé un rythme plus raisonnable. Finis, les allers-retours en tandem avec Angélica qui adaptait souvent ses horaires en fonction de ses filles. Ce soir aussi, Keitaro rentrerait seul. Ou en tout cas, c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’une voix l’interpelle à la sortie des ascenseurs.
« Chef ! … Keitaro ! »
Il se retourna et aperçut… son collègue indien. Prévisible. Pour une raison qu’il ignorait, les dieux s’amusaient à le jeter, le plus souvent possible, dans quelque situation embarrassante.
« Oui ?
— Ça vous dirait pas d’aller boire un verre, tous les deux ? »
Non. Bien sûr que non. Réponds-lui que non.
« Euh… Peut-être pas ce soir. Je suis fatigué. Je pense que je devrais rentrer.
— Ok ok, je comprends. Vous logez à Tampa West, c’est ça ?
— Ou… oui ?
— Ce n’est pas exactement sur mon chemin, mais je peux faire un bout de trajet avec vous. J’aimerais vous parler d’un truc…
— Ah. Très bien… Allons-y, alors. »
Et voilà. Comme d’habitude, il n’avait pas réussi à refuser. Quelle bonne poire.
« À pied ?
— Oui, ce serait mieux. »
Si Keitaro appréciait Varun, sa présence le rendait mal à l’aise depuis l’épisode de la caméra – utilisée pour espionner son ordinateur. S’il lui avait pardonné cet écart, il s’en méfiait toujours un peu.
Ils traversèrent la route, puis longèrent le parc vers l’ouest. Keitaro profita du silence pour replacer son oreillette traductrice, enlevée plus tôt. Il essayait de s’en passer dans les situations informelles, mais l’air sérieux de son collègue l’en dissuada.
« Ça s’est bien rafraîchi, depuis ce matin, fit remarquer l’Indien.
— Oui… C’est vrai. »
Que voulait-il, à la fin ? Sans doute pas parler météo… Il le vit jeter un œil en arrière, puis sur le trottoir d’en face.
« Pardon… Je m'assurais qu'on ne puisse pas nous entendre.
— Il y a problème ?
— Pas vraiment. Je voulais juste… vous rendre un service. Keitaro, ça vous dérange si j’en viens directement au fait ?
— Au contraire, allez-y.
— Très bien. »
Le détective plaça ses mains dans ses poches et baissa la tête un instant, cherchant ses mots.
« J’ai remarqué la façon dont Angélica se comporte avec vous, depuis quelque temps.
— … c’est-à-dire ? »
Keitaro voyait exactement ce que Varun signifiait par-là. Il préféra néanmoins jouer les ignorants. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ?
« Disons qu’elle semble… vous apprécier beaucoup.
— Ah… Peut-être. J’avoue que ses éloges me gênent un peu, parfois.
— Ça vous gêne, vraiment ? Dans ce cas, c’est tant mieux.
— Tant mieux ? Comment ça ? »
Un silence maladroit s’installa entre eux.
« Désolé, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise », reprit Varun en lui frappant l’épaule.
La mâchoire crispée de Keitaro se détendit. Si le contact physique d’une femme le rendait nerveux, ce genre de familiarités entre hommes était chose commune au Japon.
« Je ne connais pas vos intentions. Et d’ailleurs, vous faites bien ce que vous voulez… »
Keitaro le dévisagea, surpris et inquiet à la fois. Il redoutait la suite et préféra, dans le doute, dissiper tout malentendu :
« Je suis marié, vous savez. J’aime ma femme. Et je lui suis fidèle.
— C’est tout à votre honneur. Dans ce cas, je n’ai plus rien à vous dire. Je me demandais, quand même… Elle vous a déjà parlé de Gabriel ?
— … Gabriel ? Non. Qui est-ce ? Son petit ami ? »
Le nom lui évoqua quelque chose… Il avait dû le croiser dans l’un des dossiers des enfants examinés. Voire plusieurs d'entre eux, compte tenu de sa popularité dans certains pays.
« Peut-être. Je n’ai pas osé lui demander et je n’en ai pas l’intention.
— Pourquoi me dites-vous ça ?
— Oh… J’imagine que c’est parce que je vous aime bien. J’ai pensé que ça pourrait vous intéresser, au cas où… enfin, vous savez. Et je voulais vous épargner le même genre de… situations gênantes. Vous éviter de vous prendre une veste, en fait. Notez que ça a peut-être changé, depuis. Elle est peut-être passée à autre chose, qui sait ? En tout cas, moi je ne m’y risquerai plus.
— Je n’ai pas l’intention de risquer quoi que ce soit.
— Oui, bien sûr. Désolé… Je n’en reparlerai plus. D’ailleurs, je pense que je vais prendre le bus, à l’arrêt d’en face. On se voit demain ! Reposez-vous bien. »
S’il s’attendait à ça…
Varun parti, Keitaro poursuivit son chemin. Il aurait aimé que les mots de son collègue disparaissent avec lui, dans la nuit. Or ils semblaient décidés à camper dans son esprit pour le tourmenter jusqu’au matin. Les phares des voitures, perçant l’obscurité, l’agressaient. Le bruit des moteurs et des klaxons l’oppressait. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit à l’étroit dans sa poitrine. Un symptôme devenu familier depuis l’éloignement de Saori. Un peu comme un vieil ami dont on cherche à se débarrasser.
Il se fichait bien de ce Gabriel.
Ses démons à lui peuplaient les couloirs de RBJ. Dans sa tête, il revoyait son bureau, dans l’angle, près de la fenêtre. Ses collègues qui partaient manger sans lui. Les rires, lors de cette fameuse réunion où il avait, pour la première fois, évoqué la réincarnation. Les moqueries. Les mensonges. Les regards en coin.
Il avait cru échapper à tout ça en changeant de pays, et malgré quelques soubresauts, il se sentait mieux depuis son arrivée à Tampa. Mais voilà que tout recommençait, avec le retour des rumeurs ! Le pire serait qu’elles ne parviennent aux oreilles de Saori. Il devait absolument empêcher ça. Étouffer l’étincelle avant qu’elle ne le consume à nouveau, quitte à devenir désagréable avec sa collègue argentine.
Sa respiration saccadée lui donna l’impression de suffoquer. Il s’arrêta en plein milieu du trottoir, le temps de retrouver ses esprits, puis rebroussa chemin dès qu’il en fut capable ; l’idée de s’enfermer dans son appartement le pétrissait d’angoisse.
Cinq minutes plus tard, il atteignit la berge séparant Tampa West de Downtown. Ni l’un ni l’autre de ces quartiers ne le tentait spécialement ; le calme du premier lui rappelait sa solitude, l’animation du second l’agiterait encore davantage. Il préféra traverser le pont pour rejoindre Riverwalk, la promenade du bord de l’eau.
Bientôt, le bruit du trafic s’estompa. Ses pensées ralentirent, tout comme son rythme cardiaque. Il appuya ses coudes sur la rambarde en fer blanc longeant la rivière Hillsborough et prit une grande inspiration. La brise formait des frisottis à la surface de l’eau. Sa cravate se mit à danser devant lui. Il l’observa voltiger, se tordre et s’emmêler dans les airs.
Devrait-il rentrer au Japon ?
Il retardait l’échéance depuis trop longtemps. Malgré les nouvelles rassurantes d’Isamu, il ne pourrait repousser son retour à l’infini. La vérité, c’est qu’il avait peur. Pas tellement de revenir travailler à RBJ, car il savait que ses collègues lui vouaient maintenant un respect infini. Mais il craignait de découvrir qu’il était déjà trop tard pour sauver son mariage. Quelque chose, au fond de lui, se doutait qu’il se berçait d’illusions.
Quelle ironie. Il osait braver la mort, chaque jour depuis des mois, à travers ses recherches. Mais il n’osait braver sa femme. Ou même sa propre vie laissée sur pause, au Japon. Cette perspective le terrifiait, alors que mourir ne l’effrayait plus. Une partie de lui aurait voulu se réincarner pour échapper à ses obligations. Effacer son ardoise, tout recommencer. Quelle honte, de penser ainsi… Saori aurait bien raison de le traiter de lâche. Il n’avait pourtant pas renoncé à elle ni à leur fils. Pas encore.
Jusqu’à ce soir, il s’était laissé le temps de guérir afin de mieux se confronter à la réalité, le moment venu. Dommage pour Angélica… Ses compliments, qu’ils soient sincères ou non, l’avaient aidé à refermer ses plaies, à reconstruire son égo, pierre après pierre. Il allait devoir s’en passer, s’il ne voulait pas risquer que tout s’écroule.
Sa décision était prise. Il se laissait jusqu’à l’été pour demander sa démission. Puis il rentrerait au Japon, en juillet au plus tard. Parti la queue entre les jambes, ce serait en héros qu’il reviendrait. Confiant et fier, avec un tas de bons arguments à son arc. Cupidon n’avait qu’à bien se tenir.
Il soupira, ferma les yeux et tâcha de ne penser à rien pendant quelques minutes. Il se concentra sur le froissement des feuilles de palmier, au-dessus de sa tête. Sur le murmure de l’eau. Sur les ondulations de sa cravate dans le vent. La tempête en lui avait cessé. Il pouvait rentrer chez lui. Son chez lui de Tampa.
La réalité rattrapa Keitaro plus vite que prévu. Elle débarqua dans sa boîte mail deux semaines plus tard, par un beau dimanche matin. En voyant le nom de Kikuchi Gentarô, il savait déjà qu’il passerait une mauvaise journée, mais n’imaginait pas à quel point avant d’avoir ouvert le message…
« Bonjour cher gendre, comment allez-vous ? Ici la Golden Week[3] touche à sa fin et les températures commencent à se remonter. Bientôt la saison des pluies…
Et bientôt 6 mois que Saori attend le retour des papiers de divorce.
Nous comprenons qu’en cette période agitée pour Rhapsody Blue, vous ayez eu la tête ailleurs – et le cœur aussi, à ce qu’il paraît. Mais les choses semblent s’étant calmées, il serait peut-être temps d’y penser ?
Momoyama-san… S’il vous plait de jouer les héros à Tampa, rien ne vous empêche d’y rester. Mais permettez au moins à Saori de refaire sa vie. Pendant votre absence, Jun grandit sans père et Saori dépérit. Tous deux méritent mieux que de vivre dans une attente perpétuelle. Surtout quand on sait ce que vous trafiquez dans leur dos… Ce qui est tout bonnement inadmissible.
J’ai toujours su que ce mariage était une erreur. Le niez-vous encore ?
Et si vous refusez la signature des papiers, nous n’aurons d’autre choix que de faire appel à un juge et de vous convoquer officiellement.
Croyez-moi, vous ne partez pas gagnant.
Amitiés, K. G. »
Une pièce jointe accompagnait l’email. Une photo. Prise de nuit sur un trottoir, elle révélait deux silhouettes enlacées à la lueur d’un bar. Keitaro se reconnut sans mal. À son cou pendait Angélica, saoule, peu avant l’arrivée du taxi qui devait les ramener chez eux[4].
Keitaro se retrouva plongé en plein cauchemar. Son esprit avait bogué. Son corps refusait de lui répondre. Plus rien ne fonctionnait dans son cerveau. Panne générale du système.
C’est à peine s’il réagit lorsqu’on frappa à sa porte.
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Notes de bas de page :
1. « Passé à une version ou à un système supérieur » pour un logiciel informatique.
2. Pâte de couleur verte, issue d’une plante, utilisée comme condiment au Japon et dont le goût rappelle celui de la moutarde.
3. Au Japon, série de quatre jours fériés qui s'étalent entre le 29 avril et le 5 mai.
4. Au Japon, il est fréquent de faire appel à des détectives privés, notamment lors de soupçons envers un compagnon infidèle, pour vérifier le passif d’un futur partenaire matrimonial ou pour dénicher des arguments ou preuves dans le cadre d’un procès. Il n'est pas rare de trouver des publicités pour ce genre de services dans les boîtes aux lettres.
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