Dimanche 2 janvier 2033
Keitaro avait passé une nuit affreuse. Chaque fois qu’il était parvenu à fermer l’œil, son mal de ventre l’avait tiré du sommeil. Il avait ainsi enchaîné les allers-retours entre les toilettes et sa chambre jusqu’à 6 heures du matin, après quoi il avait pu dormir une petite heure.
Il gisait maintenant sur son matelas, encore plus fatigué que la veille au soir, courbaturé comme s’il avait lutté pendant des heures contre un ennemi invisible. Ses paupières, aussi lourdes et froissées que deux rideaux métalliques anti-cambriolage, s’ouvrirent sur la pénombre de la pièce. Seuls quelques piaillements d’oiseaux lui indiquèrent que l’aube approchait. Malgré l’épuisement, Keitaro n’avait aucune envie d’essayer de se rendormir. Avec un gémissement, il se redressa en position assise, se frotta le visage avec vigueur, puis se cacha les yeux d’une main en allumant la lumière de l’autre le temps que sa vue s’adapte.
Que lui arrivait-il ? Un virus ? Une indigestion ? Ou peut-être juste le stress… Oui, probablement juste le stress. Il avait déjà expérimenté ce type de symptômes lors de son burnout ; il connaissait les ravages que pouvaient causer l’angoisse et le surmenage.
Il savait aussi que pour ce genre de maux, aucun médecin ne pourrait l’aider autrement qu’en l’assommant de tranquillisants qui l’empêcheraient de réfléchir. Non merci… De simples antidouleurs suffiraient. Et s’il pouvait éviter de se frotter au système médical d’un pays étranger, il ne s’en porterait que mieux.
Il devait se détendre. Aller prendre l’air… et un café aussi, pourquoi pas ? Un café en bonne compagnie. Il aurait bien le temps de se montrer productif plus tard. Ou alors, il pourrait s’écouter et s’accorder la journée entière ? Excellente idée ça, prendre soin de soi ! Plutôt que de s’abrutir au travail pour ne plus penser jusqu’à s’en rendre malade, encore une fois. Son burnout aurait dû lui servir de leçon. Au lieu de ça, il recommençait les mêmes erreurs, encore et encore. Il fallait qu’il se calme, quels que soient les tourments qui agitaient sa vie privée ou professionnelle. Sinon, il deviendrait juste incapable de faire quoique soit. Comme avant.
Allez… Il était temps de sortir du lit et d’aller prendre une douche pour mettre en pratique toutes ces belles résolutions.
Keitaro rejoignit le Coco Loco peu après l’ouverture.
« drililiiing ! »
Comme chaque fois qu’il passait la porte de son nouveau QG, le carillon lui rappelait celui des clochettes à vent qui égayaient les étés japonais ; un léger sourire se dessina sur ses lèvres gercées. Une fois à l’intérieur, il emplit ses poumons de l’envoûtante odeur de café froid flottant dans l’air et s’approcha du bar. Il s’attendait à voir Malika, mais c’était au tour de Morgan de s’occuper du service ce samedi matin. Pas de musique non plus, seulement la télé qui déversait un flot d’anglais bien trop rapide pour lui.
« Hello !
— Hello, bonne année ! »
Quand il voulut, à son tour, présenter ses vœux, sa voix l’abandonna en cours de route façon disque rayé. Sa nuit quasi blanche avait laissé sa part de séquelles… Heureusement, le serveur ne releva pas. Morgan avait déjà enchaîné en lui proposant un « remontant » de son cru. Keitaro n’avait jamais entendu parler de « café cubain ». Curieux, il prit le risque d’accepter – d’un hochement de tête, cette fois, pour éviter un nouvel accident de corde vocale. Il se hissa sur l’un des tabourets du comptoir, non loin d’un vieil habitué. Accrocha sa mallette à un crochet. Puis il bâilla longuement, couvrant sa bouche avec son poing. Au moins, il n’avait plus mal au ventre.
Le stress… C’est bien ce que je pensais.
Une voix le fit tressaillir. Une voix de femme qu’il connaissait… et qui ne se trouvait pas dans la pièce ! Il leva la tête vers l’écran et vit avec horreur se détacher le visage d’Erika Sullivan, sa compagne d’échanges linguistiques. Une Erika sans lunettes et avec un micro à la main. Une Erika qui ne s’appelait même pas Erika d’ailleurs, mais « Lucia Gomez, reporter » – à en croire l’encadré affiché en dessous. Le pire, c’était son discours. Ou plutôt, les mots qu’il parvenait à capter sans ses oreillettes : « menteurs », « James Palmer »…
Un frisson glacé lui parcourut l’échine. Pendant un instant, le temps sembla se figer, puis se tordre, comme s’il glissait dans une autre réalité, version cauchemardesque de l’actuelle. Keitaro déglutit et, d’une main tremblante, fouilla sa mallette à la recherche de son précieux traducteur qu’il activa aussitôt. Puis il se leva de son tabouret pour s’approcher de la TV. « Attendez ! » dit-il à Morgan qui s’apprêtait à enclencher sa machine à faire mousser le lait. Le serveur suspendit son geste.
Les jambes de Keitaro se dérobèrent sous lui ; encore une de ces crises, comme il en avait si souvent à Tokyo. Pas maintenant, c’était le pire moment ! Il devait tenir bon et se concentrer sur la traduction. D’une main, il s’agrippa à la table, de l’autre à son oreillette droite. Puis il ne bougea plus. Respirait à peine. Et bientôt, les mots qu’il redoutait le plus claquèrent, en japonais, à ses tympans :
« … il serait question de réincarnation ».
Son cœur rata un battement. Le reste du reportage se perdit dans le néant. Tandis qu’il réalisait l’ampleur de la catastrophe, Keitaro fut saisi d’une vague de panique telle qu’il en avait rarement connue. Il ne pensait plus qu’à fuir, s’échapper de ce piège qui se refermait sur lui. Un court instant plus tard, il prenait ses jambes à son cou, sa mallette bringuebalant à son côté, en direction de son appartement.
Tout était fichu. Et il s’était bien fait avoir… Il avait accordé sa confiance à tort, à une inconnue. Cette prétendue Erika. Il lui avait ouvert sa porte et l’avait laissée seule, non loin de documents sensibles qu’il n’aurait jamais dû imprimer. Et maintenant, le scandale. L’échec de leur mission, la ruine de Rhapsody Blue… et tout ça par sa faute ! Sa vie était finie. Sa réputation ternie à jamais. Personne ne voudrait plus l’embaucher. Il serait connu comme « celui qui avait coulé la plus grosse organisation du monde ». Quant à Saori, il n’oserait plus jamais la regarder dans les yeux. Et que dire de son fils... Si ses futurs camarades l’apprenaient, se ferait-il harceler à l’école à cause de lui ?
Reproches et scénarii catastrophes défilaient dans sa tête tout au long de sa course, puis du trajet en bus. Ils le poursuivirent jusqu’à chez lui telle une nuée de frelons furieux. Affolé, Keitaro balança ses chaussures dans l’entrée avant de se précipiter vers son bureau. Son ordinateur était toujours là. Par contre, les profils imprimés des sept nouveaux cas s’étaient envolés, probablement dans les mains d’Erika. Non, de Lucia. Lucia, la journaliste… qui sortait d’où, au juste ?
Il se souvint de son post-it : « I'm really sorry ». Aucun doute, son acte était prémédité depuis le début. Comment avait-il pu se laisser berner à ce point ? Eh mais d’ailleurs… le café ! L’aurait-elle drogué en plus de lui avoir menti ? Elle aurait pu le faire pendant qu’il allait chercher lait et sucre, ce qui lui aurait permis de fouiner à sa guise. Quelle sorcière... Depuis combien de temps préparait-elle ce mauvais coup ?
Du calme… Ne pas céder à la paranoïa. Rester logique.
Keitaro se laissa tomber dans sa chaise à roulettes, la tête entre ses mains, se cachant de la lumière pour mieux réfléchir. Comment s’étaient-ils rencontrés déjà ? La première fois, la jeune femme l’avait abordé au café. Son intérêt pour les langues n’avait-il été qu’un prétexte pour se rapprocher de lui ? Et comment avait-elle su qu’il travaillait à Rhapsody Blue ? Qu’il possédait des documents sensibles ? Et où il se rendait pendant son temps libre ? L’avait-elle suivi jusqu’au Coco Loco ? Après tout, elle n’était pas encore à l’intérieur lorsqu’il s’était présenté au café, ce jour-là. Elle avait débarqué plus tard… Il semblait évident, après l’avoir vue à la télé, qu’Erika… non, Lucia… s’était joué de lui. Mais cela ne l’aidait pas à comprendre d’où elle tenait toutes ces informations à son sujet. Quelqu’un, à l’Agence ou ailleurs, l’avait-il trahi ?
Kikuchi.
Qui d’autre aurait intérêt à lui nuire ? Ce ne serait pas la première fois que son beau-père utilisait des stratagèmes tordus pour parvenir à ses fins. S’il se trouvait ici, à plus de 10 000 km de chez lui, c’était déjà de sa faute. Cherchait-il, cette fois, à lui faire payer son refus de signer les papiers de divorce ? Keitaro l’en croyait tout à fait capable, quels que soient les risques pour lui ou son poste de manager à RBJ.
Garde la tête froide. Tu ne peux pas lancer de telles accusations sans preuve… Koï-chan n’a peut-être rien à voir là-dedans.
Une seule solution pour en avoir le cœur net. Quelle heure était-il au Japon ? Bientôt 22 h 30. Avec un peu de chance, Isamu – son plus jeune collègue à RBJ – n’était pas encore couché. Keitaro ouvrit son ordinateur portable et se connecta à son logiciel habituel de visioconférence. Le nom de « Sasaki » s’afficha en jaune, indiquant qu’il était absent. L’urgence de la situation poussa Keitaro à essayer malgré tout : il pressa le bouton en forme de caméra.
Le jingle d’appel se prolongea plusieurs dizaines de secondes avant de s’interrompre. Sasaki-kun, réponds ! s’énerva Keitaro en cliquant une nouvelle fois. Après un peu d’attente, le silence revint et la photo d’Isamu laissa place à un écran noir, puis à l’intérieur d’une pièce faiblement éclairée. Dans un coin, un bout de tissu bleu à carreaux se mouvait : sans doute le bas de pyjama de son collègue.
« Hey Momoyama-san, ça fait longtemps ! Désolé, je sortais du bain… Comment allez-vous ? »
Qu’il était bon d’entendre parler japonais, ainsi que la voix familière d’Isamu, une personne qu’il estimait digne de confiance. Keitaro aurait donné n’importe quoi pour pouvoir sauter à pieds joints à travers l’écran et le rejoindre, loin de cette catastrophe qu’il avait lui-même déclenchée, à l’abri des retombées qui s’abatteraient bientôt sur lui.
« Sasaki-kun, bonsoir. Excuse-moi de t’avoir laissé sans nouvelles si longtemps… et de t’appeler si tard, aussi. J’aimerais te dire que c’est juste pour te souhaiter une bonne année. Mais… non.
— Un problème ? Et oui, bonne année !
— Je t’avoue qu’elle commence assez mal… J’ai un souci. Un qui risque de me coûter ma carrière… Et j’espérais pouvoir te demander de l’aide. Sans te mettre en difficulté, rassure-toi.
— Qu’est-ce qui se passe ? Vous m’inquiétez… »
Un visage aux traits fins apparut dans le cadre. Débarrassé de ses lunettes, Isamu semblait encore plus jeune. Ses cheveux étaient humides et ses joues rosies par la vapeur du bain.
« Tu n’as entendu parler de rien, au travail ?
— Rien, c’est-à-dire ? À propos de quoi ? Enfin, non, rien de spécial, je crois. J’aurais dû ? »
L’information n’avait pas encore dû atteindre le Japon – ou du moins, les oreilles d’Isamu. S’il ne tarderait pas à apprendre la terrible nouvelle, Keitaro se sentait toujours contraint au silence par la chartre de confidentialité de Rhapsody Blue. On lui avait dérobé ses documents, certes… Mais il refusait de jeter tous ses principes et dévoiler le pot aux roses de son plein gré. Il se contenterait de l’essentiel :
« En gros… la mission sur laquelle je travaille – dont tu connaîtras bientôt la nature – vient d’être sabotée. Une journaliste nous a volé des données ultra confidentielles. Et je suis quasiment certain qu’elle n’a pas agi seule.
— Wow… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? On dirait un film d’espionnage… »
S’il n’était pas aussi angoissé, la remarque aurait fait sourire Keitaro.
« J’ai peur qu’on n’en soit pas très loin… Et j’aurais besoin de ton aide pour trouver son complice. Je soupçonne quelqu’un à RBJ.
— Un traître à RBJ ! Vous voulez que je joue les espions au boulot ?
— Exactement. Mais je comprendrais si tu refuses…
— Mais non, dites-moi tout ! »
Isamu jeta un œil derrière lui, puis se rapprocha de l’écran. Il chuchotait à présent :
« Qui soupçonnez-vous ?
— … tu es seul chez toi ?
— Non, mais c’est tout comme. Mes parents sont déjà couchés. J’ai mes écouteurs, en plus.
— Très bien. Je pensais à Kikuchi… »
Keitaro omit volontairement la particule honorifique « san » au nom de son beau-père. Il ne lui vouait désormais plus aucun respect.
« Kachô ? s’étonna son vis-à-vis, les yeux écarquillés.
— Chuuuuuut !
— Pardon… Mais oui, je me souviens qu’il avait une dent contre vous. Quand même, vous l’imaginez capable de… ?
— Je crois qu’il ferait n’importe quoi pour me nuire. Mais je ne suis pas certain qu’il y soit pour quelque chose. Il risquerait vraiment gros, avec un coup pareil…
— Bon. Mais qu’est-ce que je dois faire exactement ?
— Laisser traîner tes oreilles, parler avec les collègues, fureter côté management, garder l’œil ouvert… Ce genre de choses. Tu vois ?
— Je vois très bien. Et c’est tout ? »
Keitaro hocha la tête, reconnaissant. Il s’apprêtait à le remercier quand une idée lui traversa l’esprit. Il hésita, puis ajouta :
« En fait, il y a autre chose… J’ai peut-être un autre service à te demander.
— Ça va vous coûter cher, tous ces services. Au moins une dizaine de bières !
— Promis, tu auras toutes les bières que tu veux à mon retour. C’est au sujet de ma femme…
— Sa… Sanae-san… Non. Saori-san ?
— Saori-san, oui. En fait, c’est un peu délicat, mais… est-ce que tu pourrais trouver un moyen de vérifier qu’elle va bien ? Et mon fils, aussi. J’aimerais juste savoir s’ils se portent aussi bien que me l’assurait Kikuchi.
— Euh oui, ok. Mais pourquoi ? Enfin, ça ne me regarde pas vraiment… Mais quand même, ce ne serait pas mieux de lui demander directement ?
— Elle ne me répond plus. Et pour tout t’avouer… J’ai reçu des papiers de divorce récemment.
— Oh… Je suis désolé. »
Les mots de Kikuchi, envoyés la veille par message, lui revinrent en mémoire : « Le petit a besoin d’un vrai père. Et Saori, de se reconstruire et se remarier. » Ce souvenir seul, et tout ce qu’il impliquait, lui noua la gorge à nouveau.
« C’est un peu personnel et embarrassant, ajouta-t-il à l’attention d’Isamu, mais je soupçonne Saori de vouloir me remplacer. Peut-être qu’elle a déjà un amant. Ou qu’elle envisage un o-miai[1], je ne sais pas… Si tu apprends quelque chose à ce sujet, pourras-tu m’en faire part ? Kikuchi a peut-être son rôle à jouer là-dedans. Ça ne m’étonnerait pas, en tout cas. »
Isamu esquissa une moue chagrinée. Keitaro l’entendit soupirer et vit ses épaules et le coin de ses yeux s’affaisser. Il s’en voulut de lui infliger de la peine.
« C’est terrible, ce que vous racontez. Je vais essayer, mais je ne peux rien promettre. Ah d’ailleurs, c’est fini avec Mariko aussi. Bon, on n’était pas mariés, mais… voilà.
— Je vois… Je suis désolé de l’apprendre. Je n’aurais peut-être pas dû te parler de tout ça… »
Keitaro pinça les lèvres et détourna le regard. Il se sentait navré de rajouter tous ses problèmes à ceux de son collègue, qui n’avait pas l’air mieux loti. Le silence se prolongea quelques instants.
« Bah, ça n’allait déjà pas fort avant votre départ, reprit Isamu. Mais peu importe. Du coup, j’ai plus de temps à consacrer à ma nouvelle mission d’espion !
— Sasaki-kun… Merci beaucoup. Peut-être que je… me fais des idées. Que je vois le mal où il n’y en a pas. Je manque certainement d’objectivité. En fait, je me sens surtout idiot… et impuissant.
— Vous en faites pas. Dans le doute, je vais mener l’enquête. Et puis, je trouve ça plutôt excitant. Je vous enverrai la facture de bières ! Mais plus sérieusement… je suis touché que vous fassiez appel à moi.
— Tu es le seul sur qui je peux compter au travail. Tu le sais, n’est-ce pas ?
— Oui. Je crois.
— Ça se passe bien d’ailleurs, pour toi ? Tu arrives à t’intégrer ?
— Bof. Mais ça viendra… C’est toujours comme ça, non ? Quand on débarque.
— Ah. Attends une seconde. »
À ses pieds, il sentit quelque chose vibrer dans son sac. Son téléphone. Quelqu’un l’appelait. Keitaro se pencha pour récupérer son mobile et vérifia le nom affiché à l’écran : Denzel… Son boss américain avait dû entendre les nouvelles, lui aussi.
« Sasaki-kun, je suis désolé, je vais devoir te laisser. J’ai un appel important.
— Pas de problème. On se tient au courant. Courage ! Et comptez sur moi.
— Bonne nuit ! Merci encore. »
La communication cessa. Keitaro se retrouva en tête à tête avec son mobile qui vibrait toujours. Sa poitrine se comprima comme si deux mains géantes pressaient son torse de chaque côté. Le moment était venu d’assumer sa faute. Il ne pouvait plus se défiler. L’effroi s’empara de tous ses membres, les transformait en coton, les privait de force. Un gouffre sembla s’ouvrir sous sa chaise. La fin était proche…
D’un geste mal assuré, il enfila son oreillette traductrice. Et avec l’enthousiasme d’un animal qu’on emmenait à l’abattoir, il décrocha.
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Notes de bas de page :
1. Mariage arrangé, encore assez fréquent au Japon.
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