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La voiture prend le chemin de terre battue qui mène au motel. On est secoué dans tous les sens, ce qui provoque l’hilarité de Myrtha. Elle a des réactions étranges, raison pour laquelle je la garde auprès de moi. Après, il faut ajouter à cela qu’elle est agréable à regarder et toujours partante pour s’amuser. Même quand ce n’est pas le moment d’ailleurs.
– Putain, ça a l’air miteux !
– Je suis sûr que tu as connu pire, souffle-t-elle entre deux éclats de rire.
– Justement, j’aspire à mieux.
Ses grands yeux bleutés se posent sur moi, alors qu’elle prend une petite moue boudeuse.
– C’est marrant. Peut-être qu’on va casser le lit tous les deux.
Nouveau ricanement. Il y a qu’elle pour débiter autant de conneries.
On rejoint le parking. Lui au moins, il a été goudronné et des places ont été tracées dessus à la peinture. Je prends la première qui vient, tire le frein à main et coupe le contact. Mon attention se tourne vers ma compagne qui a déjà retiré sa ceinture. À moins qu’elle ne l’ait jamais mise. Quoique la bagnole l’aurait fait savoir par un bip sonore si tel était le cas.
Avant que je puisse faire le moindre geste, elle s’est jetée sur moi pour m’embrasser. Ses lèvres chaudes sont posées sur les miennes alors que ses mains s’amusent à défaire les boutons de ma chemise.
– Je croyais qu’on allait au motel pour prendre une chambre pas pour faire ça devant le motel.
– On peut faire les deux, murmura-t-elle entre deux baisers.
– Tu aimes vivre dangereusement !
Elle se redresse, la tête en arrière. Un large sourire éclaire son visage.
– Tu sais que j’adore ça.
Sans doute un peu trop pour ma propre sécurité.
– Viens, on va louer une foutue chambre.
Je descends de la voiture, en boutonnant à nouveau ma chemise. Myrtha fait le tour du véhicule pour se placer devant moi avec une mine boudeuse. Elle la fait sur commande, tout comme les larmes de crocodile lorsqu’elle veut quelque chose.
– Je te préférais avant. Tu étais plus sexy.
Sa main passe sur ma boutonnière. Je la saisis.
– J’aime être un minimum décent pour rencontrer des inconnus.
– J’aime quand tu es indécent, chuchote-t-elle en caressant ses lèvres du bout de son doigt.
Je soupire. Tout chez cette femme transpire la luxure. Elle est jeune et d’une sensualité incroyable. En plus, elle en a parfaitement conscience. Ses yeux me défient, attendant avec impatience la prochaine de mes actions.
Brusquement, je la plaque contre la voiture. Une de mes mains se pose sur sa mâchoire, alors que mon genou vient se placer entre ses deux cuisses. Je tiens ses poignets, même si elle ne se débat pas.
– Tu sais ce que je pourrais te faire ?
– Oui…
Sa voix est un souffle chaud, plein de désir. Cela ne fait qu’accentuer mon envie de lui sauter dessus. Mes lèvres s’emparent des siennes, passionnées. Mon corps se presse contre le sien. Je la sens frissonnante contre moi, malgré la chaleur étouffante du lieu. Après un dernier baiser, je me détache d’elle.
– Viens, on va louer une chambre.
Alors que je tourne les talons, Myrtha dépose dans ma main un morceau de tissu. Lorsque je baisse les yeux dessus, j’aperçois de la dentelle. Il me faut quelques secondes avant de comprendre qu’il s’agit de sa culotte.
– Pour faire le ménage dans la chambre s’il y a besoin…
Avec un large sourire, elle guette la moindre de mes réactions. Cette fille est un appel au vice. Pour ne pas penser au fait qu’elle est nue sous la petite jupe noire qu’elle porte, je glisse le sous-vêtement dans ma poche.
– Gardes-en un peu pour tout à l’heure. Tu vas finir par d’endormir une fois qu’on sera dans la chambre.
– Je compte sur toi pour me réveiller, murmure-t-elle à mon oreille.
Sans dire un mot, je récupère la valise dans le coffre de la voiture. Une fois cela fait, je la verrouille. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ait pas de voleur dans le coin. J’imagine que non, il faudrait être con pour venir officier dans le désert.
Je me remets en marche, alors que Myrtha se pend à mon bras. Sa tête se laisse aller contre mon torse. J’ai compris ce qu’elle veut. Ma main vient se coller à sa hanche. Le message est clair lorsque l’on aperçoit nos deux silhouettes, nous sommes ensemble. Un élément qui rassure ma compagne.
Entrelacés, nous poussons la porte du lieu. L’entrée est sombre. La poussière sur le sol carrelé attire tout de suite mon attention. J’espère que les chambres sont plus propres que ça. Mon regard se pose sur le comptoir dont le plastique vire au gris sale. Un type est assis derrière celui-ci, le nez plongé dans un magasin sur la couverture duquel on peut observer des grosses cylindrées. Ses cheveux poivre et sel en désordre et sa barbe mal rasée lui donnent l’aspect d’un marginal. Pour peu, je me serais attendu à le voir la clope au bec pour parfaire la description.
– Mademoiselle et monsieur, bienvenue dans mon modeste motel. Que puis-je faire pour vous ?
Sa voix mielleuse ne colle pas du tout avec son attitude ce qui accentue l’impression de fourberie qui se dégage de lui. Je vais le garder à l’œil.
– Nous voudrions une chambre.
– Pour la nuit ou pour une heure ?
Ses yeux courent sur Myrtha qui reste impassible. Il a de la chance, s’il y avait plusieurs établissements dans le coin, elle se serait déjà énervée.
– La nuit.
– Très bien. Elle est majeure ?
Ma compagne échange un regard rapide avec moi.
– Non, j’adore me taper des gamines. La prochaine fois, j’en prendrai une encore plus jeune pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté.
Le gérant plante ses prunelles dans les miennes, il n’aime visiblement pas mon humour.
– Vous faites bien ce que vous voulez tant que c’est ailleurs que dans mon motel. Elle a l’air jeune et vu comment vous la tenez, vous n’êtes pas son père donc carte d’identité pour elle ! Si elle est majeure aucun problème. Sinon, elle ira dormir autre part qu’ici.
Avant que je ne puisse râler, Myrtha dépose le fameux sésame sur le comptoir. Soit elle est très fatiguée, soit elle a envie de s’amuser. Peut-être un peu des deux.
Le type s’en saisit pour l’observer sous tous les angles comme si les codes de l’arme nucléaire s’y cachaient.
Finalement, il la repose et la fait glisser vers ma jolie accompagnatrice.
– Majeur depuis trois semaines, quelle chance ! Bon anniversaire, mon chou !
J’ai très envie de lui éclater la tête contre le comptoir, mais ça ne nous avancerait à rien.
– C’est bon. On peut avoir une chambre, reprend Myrtha.
Le gérant soupire puis se retourne pour se saisir de l’une des clés.
– Quarante billets.
En vitesse, j’extrais la somme de mon porte-feuille en prenant garde à ce qu’il ne voit pas l’argent qu’il contient. Je jette le tout sur le comptoir. Il se précipite dessus pour les faire disparaître avant de tendre la clé à ma compagne.
– Chambre numéro trois. Y a un distributeur de sandwich si vous avez une petite faim dans la nuit. Il faut libérer la chambre avant midi demain, sinon je vous facture une deuxième journée.
– Pas de souci.
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