Liam
Le récit que cette femme a fait m’a serré le cœur. Il faut lui venir en aide. Même s’il y a des méchants, je suis prêt à les combattre. Enfin peut-être pas… Mais avec le motard, je serais en sécurité…
Je me redresse. On doit y aller ! Mais le barbu n’a pas l’air d’accord. L’agitation me gagne. Il faut agir ! Même si je ne sais pas quoi faire… Je vais demander l’avis de Fabio. Mais lorsque je le cherche du regard, je découvre sa silhouette qui s’éloigne derrière la rouquine. À tous les coups, il est amoureux, et il ne m’a pas prévenu !
Tant pis, je vais me débrouiller sans lui. Est-ce que j’ai besoin de lui ? Il n’a fait que se moquer de moi. Tout ça parce qu’il est jaloux que j’aie été invité à la fête et pas lui ! Dire que je pensais que c’était mon meilleur ami.
– Écoutez, madame, hors de question de s’enfermer dans les chambres à attendre que le temps passe. Je vais vous aider à retrouver votre fille. Mais j’aurais besoin de vos connaissances. Après tout, vous vivez ici.
J’écoute le discours du motard et je ne peux qu’admirer son courage. J’aimerais lui ressembler. Moi aussi, je veux être sûr de moi, fort et ne pas hésiter face au danger.
– Je vous accompagne !
La phrase est sortie toute seule de ma bouche. Plus moyen de faire marche arrière. En même temps, l’idée d’agir me donne des ailes. J’aurais des aventures à raconter. Mieux que la fête !
Le motard me jette un coup d’œil rapide.
– Je ne crois pas.
Mon enthousiasme est douché. L’envie de bouder me prend. Mais ce n’est pas la solution. Il faut que j’agisse. La première chose à faire, c’est m’imposer. Est-ce que Danovan accepterait d’être traité ainsi ? Sûrement pas. D’ailleurs, Fabio dit toujours que je suis trop gentil et que je me laisse faire par tout le monde. Je vais lui prouver que je peux avancer, et sans lui.
– Je viens.
D’un air qui se veut rassurant, je m’approche de la mère.
– Ne vous en faites pas, madame, nous allons vous aider.
Bien droit, torse bombé, je ne bouge pas. Le regard de Neslie reste rivé sur le sol. J’ai l’impression qu’elle est un peu perdue. Il faudrait lui montrer qu’elle est en sécurité. Je ne sais pas comment faire…
– Vous savez où l’on peut remettre en marche le réseau électrique du motel ? demande Danovan.
Il n’a rien dit sur moi. C’est bon signe. S’il m’ignore, ça veut dire qu’il m’accepte.
D’un hochement de tête, la femme nous fait comprendre que c’est le cas.
– C’est dans le grand bâtiment à l’entrée. Larry laisse la boite ouverte. Sans doute parce qu’il ne sait plus ce qu’il a fait de la clé…
– D’accord. On va là-bas. Dès qu’on aura de la lumière, tout sera plus simple…
Le motard s’avance, bien décidé à prendre la tête du groupe. Après hésitation, Neslie le suit. En quelques secondes, tout est organisé, il n’y a plus qu’à partir.
– Est-ce qu’on prend des armes ?
Danovan me foudroie du regard.
– Tu parles de ton couteau à beurre ?
Je me renfrogne. Ce n’est pas gentil de sa part de me rappeler ça.
– Non. Des vraies armes ?
– Tu sais où il y en a ?
J’ai parlé trop vite. Une grimace se dessine sur mon visage.
– Non…
Le motard m’ignore. Son attention se reporte sur la mère.
– Allons-y ! Je vous suis.
– Vous n’attendez pas l’autre homme ?
J’avoue que je crains que mon héroïsme soit mis à mal par le retour de Fabio. Il va râler et vouloir qu’on s’enferme à double tour dans la chambre, histoire de terminer cette journée pourrie par quelque chose d’encore plus nul.
– Je n’ai pas confiance en lui !
Une phrase simple, et Danovan s’impose. J’hésite à rajouter mon avis, mais j’aurais peur d’en faire trop.
– Je ne sais pas qui il est, mais je sens quelque chose de louche chez lui…
Une pause de quelques secondes avant que le motard ne reprenne.
– Après, si l’on remet l’électricité en service selon nous aidera tous.
Cette remarque suffit à convaincre Neslie.
– D’accord. Je vous emmène à l’accueil. J’espère que Cacilie s’y trouve…
Sa voix se brise alors que nous nous mettons en route dans le noir. Notre guide passe sans se poser de questions entre les bâtiments. Je suis, même si j’avoue que je me sens effrayé. Ma tête se tourne vers la lumière que l’on abandonne et mon cœur se serre. Mon enthousiasme disparaît à mesure que l’ombre nous avale. Sauf que rester seul serait encore pire. Fabio me manque tout à coup. Pour garder le moral, je tente d’imaginer que je suis un personnage de jeu de rôle. Le problème, c’est que c’est la réalité, donc mes stats sont pourries.
En plus, j’ai deux malus : l’effet nuit qui bride ma vision ainsi que l’effet peur qui limite les réactions intelligentes. Ce n’est pas avec de telles idées que je vais me remonter le moral.
Mon pied bute dans un caillou. Je sursaute parce que je ne m’attendais pas à le trouver sur mon chemin. La pierre roule avant de frapper le mur. Le bruit me fait frissonner. J’ai beau savoir que j’en suis la source, je m’imagine tout et n’importe quoi.
– Vous avez l’air inquiète… Ce n’est pas seulement parce que la lumière s’est éteinte, n’est-ce pas ?
L’oreille tendue, j’écoute la conversation.
– Je…
Neslie est mal à l’aise. Cela s’entend dans le tremblement de sa voix.
– Vous avez confiance en votre fille ?
– Bien sûr.
– Alors, pourquoi craindre quelque chose ?
Pendant l’espace de quelques instants, seul le bruit de nos pas sur le sol sableux est audible.
– Il y a eu beaucoup de clients… Et ce cri… Il m’a glacé jusqu’au sang… Ce n’est pas une bonne journée. Les cartes me l’ont dit.
Je me demande de quoi elle parle. Je l’imagine avec une carte topographique du désert. Est-ce qu’elle cherche un trésor ?
– Les cartes ?
Il y a une pointe de sarcasme dans la voix de Danovan.
– Je tire le tarot. C’est mon métier. Vous pouvez rire, mais cela m’apprend beaucoup. C’est pour ça que j’ai peur pour Cacilie.
Je me sens un peu bête. Heureusement que je n’ai pas parlé.
– Vous tirez le tarot dans un motel pourri ? Qui sont vos clients ?
La réponse tarde à venir.
Nous rejoignons une allée plus vaste. Sous nos pieds se trouve à présent, du goudron. Je crois que c’est le chemin que nous avons pris lorsque nous sommes arrivés.
– Certaines personnes ont confiance en mes talents…
Sans prévenir, Danovan attrape le bras de Neslie. Elle se retourne en vitesse. J’ai l’impression que son cœur bat à cent à l’heure.
– Est-ce que ces clients sont dangereux ? Vous connaissez l’endroit et vous savez où se remet le courant. Pourtant vous êtes partie à l’opposé. Étrange façon de faire, n’est-ce pas ?
Les remarques me laissent bouche bée. J’écoute les réponses avec impatience.
Un soupire…
– C’est juste… Je pensais… À cause du feu… Que quelqu’un était venu pour moi… Si jamais Cacilie avait été en danger, j’aurais fait n’importe quoi ! Je l’ai attendu… Attendu… Puis j’ai compris. Elle pouvait être prise pour cible à ma place !
Le silence se fait. Ce n’est pas moi qui vais le briser. Pour le moment, j’essaie de comprendre ce qu’elle vient de dire.
– C’est quoi le danger ? demande d’une voix énervée Danovan.
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