Avant même qu’il ne frappe à la porte, je sais qu’Erwin est là. Bon, ce n’est pas de mon fait, mais j’ai une bonne source d’information. Elle est minuscule, recouverte de poils blancs et bat la queue de joie. Je me lève pour aller ouvrir, faisant par la même occasion le bonheur de ma chienne.
Le brun me regarde surpris, avec son paquet à la main. Je l’invite à entrer. Pistache, mon malinois le précède. Une fois tout le monde à l’intérieur, je ferme. J’en profite pour essuyer les pattes du chien. Docile, il se laisse faire. Il faut dire qu’il est d’une grande intelligence, contrairement au porte-clé poilue qui s’agite dans tous les sens, à son côté. Pas besoin d’être devin pour que je comprenne son problème, elle adorait sauter sur mon ami, mais n’ose pas le faire en ma présence. Je l’envoie jusqu’à son panier. Déçue, elle y court en émettant un couinement contrarié. J’en profite pour récupérer le paquet dans les mains d’Erwin. Avec ses lunettes couvertes de buée, il avance à l’aveuglette.
– Attends, c’est lourd.
Je m’en remettrais, mais il veut jouer l’homme fort.
– C’est une surprise pour toi.
Mes sourcils se froncent alors que Pistache vient coller sa truffe au carton.
– J’espère que ce n’est pas de la drogue, mon chien est dressé pour la détecter.
– Très drôle !
J’avoue que son petit air contrarié a un côté séduisant.
– J’ai réussi à avoir un des derniers.
– Dernier quoi ?
– Pour cela, il faudra ouvrir le carton…
Je me saisis du couteau dans ma poche et l’utilise pour sectionner les scotchs. Quand j’ouvre, j’ai l’étonnement de découvrir un sapin de Noël de couleur blanche.
– Pour fêter Noël dignement… En plus, il n’est pas très grand.
Étrangement, je pressens déjà le pire entre le chat et ma chienne pas dégourdie. Cependant, lorsque j’apperçois le sourire radieux d’Erwin, je ne me sens pas la force de lui faire part de mes réflexions.
– Génial !
– Tu veux l’installer où ? Tu as des décos ?
C’est là que le bât blesse. Je crois que je n’ai rien pour habiller l’arbre, à moins de faire des courses.
– Mets-le dans le coin près de la télé.
Tout en disant ces mots, je m’éloigne afin d’aller faire un tour dans notre pièce à tout faire. En gros, l’espace qui nous sert de stockage. Après un soupir, je pousse les cartons jusqu’à atteindre le meuble. Si mes souvenirs sont bons, c’est là qu’elle est rangée. Victoire, je récupère la boule bleue sur laquelle des flocons blancs se détachent. Un sourire éclaire mon visage alors que je la ramène dans le salon.
Erwin est déjà en train de déplier les branches du sapin. Comble du bonheur, j’arrive juste à temps pour voir ma chienne tenter d’en mâchouiller une. Elle me fatigue. Après l’avoir disputé, je la renvoie dans son panier. Dès que je tourne la tête, elle en profite pour faire une nouvelle bêtise. Elle reste constante dans son idiotie.
Je tends la boule à Erwin. Il cligne des yeux.
– Elle est trop grosse pour le sapin.
J’en conviens, mais je n’ai rien d’autre.
– C’est la seule déco qui me reste.
– Vraiment ?
Mon ami fait la grimace.
– Bon, il va falloir aller en racheter.
Tout en disant ces mots, il récupère ma boule.
– On peut faire une couronne de Noël avec si tu veux.
L’idée n’est pas mauvaise.
– Tant que tu ne la casses pas… C’est un souvenir de mon enfance. J’ai saoulé mon père pour l’avoir. Il a même démonté le sapin du magasin pour la récupérer parce j’en voulais une de couleur bleue…
De la tristesse s’empare de mon cœur.
– Il me manque…
La main d’Erwin prend la mienne.
– Ne sois pas triste. Il sera présent pour le prochain Noël.
Mon regard se tourne vers le sapin.
– Je l’espère sincèrement…
Erwin se plante devant moi, puis m’attire à lui.
– On va faire notre possible et il sera bientôt là. En attendant, on va faire une super déco, comme ça, tu pourras prendre une photo et lui montrer.
J’hésite. Je crois que d’un côté, papa se fout de Noël, mais de l’autre ça lui ferait plaisir de voir que je continue à avancer, malgré l’adversité.
– C’est bientôt 2020 ! Qui peut dire ce que nous réserve l’année ! Je suis sûr qu’on aura plein de bonnes nouvelles.
– Ouais…
Ça vaut peut-être le coup d’y croire. Après tout, qui sait de quoi sera fait demain. Avec un sourire, je décide d’aider Erwin. L’espace d’un instant, je repense à ma mère. Elle me dirait sans doute que j’ai enfin le sapin de mes rêves. Et apporté directement à la maison par un beau jeune homme. Que demande le peuple…
Si le peuple, c’est moi. Juste fêter Noël avec mon père me suffira. Je songe aux paroles de ma mère. Il pense à moi. J’en suis certaine. De là où il est, il pense à moi.
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