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tome 1, Chapitre 6 « 6 - Hiloy - Si je ne peux pas m'élever autant avoi » tome 1, Chapitre 6

-Tu as fait quoi ?

Les jumeaux la dévisageaient d'un air désapprobateur. Hiloy les avait trouvé assis sur le même banc que la dernière fois. Elle répéta :

-Je participe au jeu des souhaits avec les autres.

Un silence, puis Tefpiro réitéra :

-Tu as fait quoi ?

Sa sœur lui envoya un coup de coude qui n'attira même pas son attention. Il continua à dévisager la jeune fille comme s'il était face à une folle. Hiloy prit le parti de continuer :

-Mais vous n'avez jamais pensé que c'était peut-être le moyen de vous faire des alliés ? S'ils vois que je renonce à mon privilège, ils seront plus ouverts.

Toujours aucune réaction. Je les ai cassé ou quoi ? Hiloy ne sut quoi ajouter, mais Tefpiro la tira de son embarras en déclarant très calmement :

-Tu vas tellement crevé avant la fin de l'année.

Oru hocha la tête d'un air grave. Hiloy croisa les bras et les observa comme si elle avait à faire à des enfants :

-Je pense juste que c'est le meilleur moyen pour moi. Si je ne peux pas m'élever autant avoir des tas d'alliés.

Les jumeaux ne bronchèrent pas et Hiloy allait se décider à partir, quand elle remarqua qu'un sourire s'épanouissait peu à peu sur les lèvres de Tefpiro. Qu'est-ce qu'il a ? Le jeune homme se pencha en avant, les coudes sur les genoux et annonça :

-Je souhaite...

Oh, merde.

-...Que tu nous achètes à boire.

Ouf. Elle se détendit :

-Maintenant ?

-Bah oui, la pause va pas durer éternellement.

Hiloy ajouta :

-Vous voulez quoi ?

Ils échangèrent un regard, puis Tefpiro répondit :

-Jus d'orange.

L'adolescente s'éloigna rapidement pour se débarrasser de sa corvée au plus vite. Tout en se rendant à la cafétéria, elle fouilla ses poches pour compter sa monnaie. Sa mère avait prévu de lui envoyer de l'argent de poche chaque mois et Hiloy était bien décidée à faire des économies. Elle évitait donc d'avoir trop d'argent sur elle, pour ne pas être tentée.

Une cavalcade lui fit relever la tête. Elférad, un héritier d’or de sa classe, déboula du coin du couloir, passa près d'elle comme une fusée sans la voir. Qu'est-ce qu'il a ?Elle le suivit des yeux ce qui l'empêcha de voir arriver un autre garçon qui lui rentra dedans. La violence du choc les envoya tous les deux par terre dans un cri de douleur.

Hiloy se massa le crâne en grimaçant. Lorsqu'elle ouvrit le yeux, la Cinquième reconnut un garçon de sa classe. C’est un du groupe d'Elférad. Deux autres héritiers arrivèrent, tout aussi pressé et freinèrent au dernier moment pour ne pas trébucher sur le duo au sol. Voilà les deux derniers du groupe.

-Qu'est-ce que tu fous ?!

Déjà à l'autre bout du couloir, Elférad s'était arrêté en entendant la chute. Quand le reste de son groupe arriva, il plaça deux doigts dans sa bouche et créa un sifflement sonore qui attira leur attention. Les deux arrivants tirèrent leur ami pour qu'il se relève rapidement :

-Grouille, grouille ! Faut qu'on y aille !

En titubant un peu, l'adolescent se redressa en bafouillant des excuses à Hiloy. Une nouvelle cavalcade se faisait entendre à l'angle. Les quatre amis s'étaient éclipsés par une porte quand un nouveau groupe de garçon de seconde année déboula. La jeune fille eut à peine le temps de se coller au mur pour éviter d'être piétiné.

-Ils sont là-bas !

Ils étaient tellement focalisés sur le petit groupe qu'ils ne firent même pas attention à elle. La jeune fille se pencha au coin du couloir pour s'assurer qu'elle ne risquait pas de se retrouver à nouveau par terre. Vide, on y va. Hiloy se remit en route vers la cafétéria en pensant à Elférad et ses amis. J'espère qu'ils vont réussir à se sauver.

Une fois dans la grande salle colorée et lumineuse, elle marcha droit vers le distributeur de boisson. Elle l'avait presque atteint quand une voix féminine lança :

-Hep ! Première année !

Hiloy se figea, ferma les yeux en s'efforçant de respirer calmement. Tu n'es pas très douée à « cache-second » aujourd'hui.Elle se tourna vers la fille qui l'avait interpellé avec un sourire. Trois secondes années étaient assises à une table un peu plus loin. L'une d'elle lui faisait signe d'approcher.

L'adolescente s'avança jusqu'au bord de la table.

-Nous souhaitons que tu nous apportes à manger. Un paquet de chips.

L'une de ses camarades réagit soudainement :

-Oh ! Et des biscuits.

Hiloy répliqua d'une petite voix :

-Je vais pas avoir assez...

Elle ne termina pas. La première des filles fouillait déjà dans ses poches pour sortir un billet qu'elle lui tendit avec un sourire. Hiloy allait repartir quand celle qui n'avait pas parlé lui lança :

-Tu es de quel clan ?

Par réflexe, Hiloy ouvrit la bouche pour répondre, quand celle qui l'avait appelé leva la main pour la faire taire :

-Non, non, non. Pas de blason, pas de clan. Ne réponds jamais à ce genre de question lors d'un jeu sans blason.

La Cinquième ne put s’empêcher de glisser un regard vers la fille qui lui avait posé la question. Celle-ci dissimulait un sourire derrière un livre de cours. Son amie ajouta :

-Ne fait pas attention. Elle s'amuse à piéger les premières années comme ça.

Hiloy se contenta de se diriger vers un autre distributeur. Elle prit les en-cas et la monnaie et rendit le tout au trois filles qui la remercièrent. Bon, jus d'orange maintenant. De retour devant les boissons, la Cinquième hésita. Elle avait dit aux filles qu'elle n'avait pas assez d'argent, que penseraient-elles en la voyant sortir avec deux bouteilles de jus de fruit ? Son hésitation passa vite. Si elles m'emmerdent, je leur casse le nez et puis c'est tout. La jeune fille venait de se rendre compte que, sans son blason, elle se sentait moins à l'aise. L'adolescente n'était pas habituée à ce que l'on ne sache pas qui elle était et cela la rendait moins sûr d'elle.

Elle repartit en jetant un regard à la table des filles, mais celles-ci ne faisaient plus attention à elle. En route pour rejoindre les jumeaux, Hiloy aperçut par une fenêtre, le groupe d'Elférad et leurs poursuivants qui se faisaient face. Elle s'arrêta pour voir ce qui allait se passer. Les garçons des deux côtés étaient pliés en deux à essayer de reprendre leur souffle. Elférad finit par se redresser en prenant une profonde inspiration, fit un pas en avant et lança d'une voix forte avec un air aimable :

-Oui ? C'est à quel sujet ?

Les secondes années le dévisagèrent un instant, interdits, puis la réflexion finit par faire l'hilarité général. Hiloy sourit en les voyant rire et repartit. Lorsqu'elle retrouva les jumeaux, ils se préparaient à retourner à leur salle de classe.

-Ah bah quand même !

Hiloy leur donna les boissons en ajoutant :

-Je crois que vous exagérez un peu.

L'adolescent demanda tout en glissant la boisson dans son sac :

-A propos de quoi ?

-Je ne crois pas que tout le monde veuille se massacrer à la première occasion comme vous avez l'air de le penser.

Tefpiro ricana en se tournant vers sa sœur :

-Tu entends ça ?

Hiloy appuya ces dires avec les filles vues dans la cafétéria et la course-poursuite des garçons qui s'était, apparemment, bien terminée. Cela fut loin de convaincre les jumeaux et le garçon éclata même de rire :

-Continue à y croire, va. Mais, ce n'est que le début d'année. Quand les complots et les trahisons commenceront à germer de partout, tu repenseras à cet instant et tu te demanderas : « Comment ai-je pu être aussi... »

Un carillon sonna à cet instant.

-Fin de la pause pas d'embrouille tambouille.

Il partit tout sourire sous le regard de pitié de sa sœur

-Tu penses aussi que je devrais être plus méfiante ?

Oru s'empara d'un carnet et d'un crayon dans son sac, écrivit quelque chose, arracha la page pour lui donner et courut rejoindre son frère. Hiloy aperçut Elférad et ses amis qui rejoignaient leur classe en riant. Tout en les suivant, elle ouvrit le papier. Oru avait marqué :

Mène les choses comme tu veux, mais garde les poings serrés.

Hiloy glissa le papier dans la poche de sa jupe en rentrant dans la salle. Le message était clair. Personne ne pouvait lui dire ce qu'elle devait faire, mais elle ne devait pas laisser endormir sa méfiance. La Cinquième observa ses camarades de classe qui discutaient et riaient, insouciants. Elle n'arrivait toujours pas à croire que ce que prédisait Tefpiro pouvait être vrai. Tout le monde semblait s'entendre. Elle rejoignit sa place en soupirant. Même si l'adolescente avait pris un peu plus de temps pour observer chacun d'eux, elle n'aurait sûrement pas noté l'attitude d'Elférad.

Le garçon scrutait la classe avec un grand intérêt.


Texte publié par Astiacle, 18 janvier 2021 à 06h13
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