L'histoire et les personnages sont issus de mon imagination et de ce fait m'appartiennent, tout plagiat est donc interdit conformément à l'article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cela faisait bien longtemps qu’Athanase n’avait pas connu de réveillon de Noël aussi réussi. Il n’était pourtant pas très sociable et la salle des fêtes, immense, était bondée ; les conversations bruissaient autour de lui, des rires éclataient sans qu’il ne fût en mesure de les ignorer mais pour une fois, il arrivait assez bien à passer outre cet inconfort. Les petits fours étaient des plus délicieux, ainsi que les verrines et les bouchées, et la boisson abondante l’était tout autant – leurs hôtes savaient si bien recevoir ! La décoration sylvestre, faite de bois, de branches de houx et de résineux, aux parfums capiteux ou fruités, associés à de petites boules colorées et brillantes, égayait chaque morceau du plafond et des murs et ceinturait chaque ouverture. Même les tables dressées n’étaient pas épargnées, et les trainées sanguinolentes qui trainaient çà et là, de part et d’autre de la pièce, ne gâchait en rien la beauté des lieux, bien au contraire. Cette dominante naturelle et ces odeurs boisées mêlées à celles entêtantes du sang répandu, dans cet endroit pourtant civilisé et artificiel, apaisait le jeune vampire. Cette soirée constituait une bonne suite aux saturnales qu’ils avaient fêtées quelques jours plus tôt avant le solstice d’hiver. Il avait oublié à quel point c’était une période faste à ne pas manquer. Son isolement avait duré trop longtemps, peut-être…
– Aaaaah, cet apéritif est des plus réussis ! soupira une femme près de lui, et il ne put qu’acquiescer en silence.
Il préféra ne pas prononcer un mot, de peur qu’elle le prît comme une façon d’entamer la conversation avec elle – et il tenait à rester seul.
– Je suis totalement d’accord avec vous, ma chère ! Ces humains savent y faire quand ils le veulent !
Parfait, un autre lui donnait la réplique et aucun ne le considérait, lui. C’était tant mieux. Il n’était plus habitué au contact des gens depuis trop longtemps et cela ne lui manquait pas. Son chat, Adélite, lui suffisait amplement. Cependant, il ne regrettait pas que Léoclide l’eût arraché à sa solitude et l’eût poussé à se joindre à eux à cette chasse. Il aurait été tant dommage de rater un tel festin. Son cousin au dix-huitième degré était des plus agaçants mais pouvait, parfois, se révéler utile et d’une perspicacité assez étonnante pour sa personne. Jamais il ne le remercierait assez mais à vrai dire, jamais il ne le remercierait tout court. Ce dernier restait imbuvable et le confronter plus de quelques secondes était une torture.
Il devait bien y avoir un peu plus de cents convives, sans compter leurs hôtes couchés au sol que des serviteurs continuaient d’entasser dans un coin pour dégager l’espace, sans prendre la peine de nettoyer ce que les corps laissaient sur leur sillage. La salle, la bâtisse et le village par la même occasion appartenaient initialement aux humains ; à présent, plus aucun d’entre eux n’était en mesure de revendiquer leur propriété. L’ambiance des fêtes avait joué contre eux ; imprudents, ils avaient négligé leur défense, nécessaire contre leurs ennemis séculaires car tous avaient désiré profiter de la soirée et s’enfermer dans une bulle illusoire de bonheur et de partage. Après tout, pourquoi des buveurs de sang les auraient-ils attaqués ce jour en particulier quand aucun d’eux n’avait été aperçu depuis des années dans ce coin perdu du royaume ?
Cela avait été un pari risqué et ils avaient perdu.
Athanase tourna son attention vers leurs cadavres saignés à blanc qui reposaient désormais dans un coin sombre. Il leva un verre rempli d’un liquide rouge et épais à leur intention, comme pour les remercier de cette fabuleuse soirée. A présent, ses homologues et lui jouissaient des biens qu’ils avaient laissés, en particulier de cette salle et de ses banquets, ainsi que du nectar qu’ils avaient extrait de leurs personnes. Près de quatre cents, enfants compris ; autant dire que le sang coulait à profusion ! Un véritable festin comme il en avait rarement connu depuis sa transformation ! Il ne cessait de songer qu’il avait bien fait de venir.
Un courant d’air froid et un claquement de porte attirèrent son attention vers l’entrée, et d’autres en firent de même. Il haussa un sourcil, surpris. Dans l’ouverture se détachait la silhouette d’un homme grand et svelte, vêtu d’une longue veste croisée et d’un chapeau haut-de-forme. L’une de ses mains gantées tenait une mallette bleue rigide. Un voyageur égaré, peut-être ?
La raison de sa venue n’avait pas d’importance, cependant. Il était seul et, même si son visage plongé dans l’ombre rendait peu aisé l’identification de son espèce, son odeur le trahissait. C’était un humain, un simple humain – même pas un mage. La vue d’un humain vivant stimula l’assemblée de créatures hématophages qui le fixa avec envie, chacun salivant d’avance de plonger leurs crocs dans la carotide palpitante de l’individu. Cependant, malgré sa faiblesse évidente, quelque chose d’indicible les retenait, quelque chose qui interloquait Athanase comme chacun de ses semblables.
L’humain ne se montrait pas du tout effrayé, alors même que le tas de cadavres visible dans un coin, les longues trainées de sang sur le sol et les liquides trop écarlates dans les coupes translucides auraient dû l’alerter et le faire fuir à toutes jambes. Non, celui-là paraissait juste surpris mais pas le moins du monde troublé par la vue. Quel était donc cet énergumène ? Tous se le demandaient ; aussi, personne ne parlait, dans l’attente que l’humain le fît le premier. Ce dernier ne tarda pas à attraper son haut-de-forme pour faire une courbette, la main posée sur l’épaule, avant de la redresser pour déclamer :
– Ô que la nuit fait rage et que l’obscurité demeure,
L’humilité d’une goutte doit faire son bonheur,
Et pour se parer de toutes ses couleurs,
User donc de la plus belle fleur
Serait pour elle la plus charmante des faveurs.
Athanase haussa un sourcil et il ne fut pas le seul. Un original, assurément. Comme tout le monde restait silencieux ou s’entreregardait, perplexe devant ces vers sibyllins, l’humain prit la peine d’expliciter sa présentation et refit une courbette.
– Mesdames et messieurs, je suis Phédélème de la maison d’Oléus, pour vous servir.
Athanase songea que cela devait être la devise de sa maison et la trouva aussitôt ridicule. Aussi ridicule que leur représentant qui allait mourir aussi bêtement qu’il était venu, le sourire aux lèvres. Un silence suivit ses paroles quelques secondes mais fut vite abrégé.
– C’est ça ton slogan ?
– Mais c’est pourri !
Plusieurs vampires éclatèrent de rire. L’humain resta imperturbable, tout sourire, alors que les moqueries et les critiques fusaient. Athanase n’y prit pas part, se contentant de le fixer, lui. Quelque chose chez lui l’intriguait. Son attitude était tant idiote qu’il cherchait une explication pour la rationaliser. Peut-être était-ce là une sorte de technique de défense ? Car outre leur cynisme, ses pairs se regardaient, comme s’ils se questionnaient de sa possible comestibilité. L’un d’eux avait-il déjà eu des problèmes à vider un fou de son sang ?
– Et que fais-tu ici ? Es-tu venu pour recevoir le même sort de tes semblables ? A moins que tu ne veuilles te joindre à nous ?
Les rires se firent lugubres et ironiques. Athanase croisa les bras, songeur, toujours concentré sur l’inconnu qui n’avait pas cillé à la menace sous-jacente.
– La proposition est plaisante mais je me dois de la décliner.
Des soupirs faussement déçus ponctuèrent sa réponse. Avait-il conscience du danger qu’il encourait à rester planté là comme un benêt ? Le manque d’empressement de ses semblables, en plus de leur flegme, n’était en aucun cas un facteur rassurant ; leur large supériorité numérique et physique leur assurerait une victoire facile en cas de lutte. Ainsi, l’on continuait à grignoter les petits fours et à siroter son breuvage. L’issue était inéluctable mais l’homme leur offrait une distraction.
L’homme hocha la tête avant de replacer son chapeau sur sa tête.
– J’étais venu dans l’optique de livrer une commande un peu spéciale, avec un peu de retard, je dois l’admettre avec un peu de honte… mais j’imagine que, vu l’état de mon commanditaire, elle n’est plus d’actualité.
– Une commande ? souffla Athanase, curieux.
Hormis ce dernier, peu se révélèrent intéressés par l’information. L’insensibilité du voyageur devant la mort manifestement atroce de son employeur les amusa davantage.
– Et n’as-tu pas peur de finir comme lui ?
Après un tel constat, la suite logique aurait été de faire demi-tour et de se précipiter vers la sortie, non d’entamer la causette avec les assassins des locaux. Cependant, tout cela n’intéressait plus Athanase, qui fixait la mallette avec curiosité. Collectionneur et antiquaire, ces derniers propos avaient titillé sa curiosité.
– Quelle était cette commande ? insista-t-il.
– Quoi, tu comptes la lui racheter ? ricana Léoclide qui rejoignait son cousin, ignorant son visage s’assombrissant à mesure de son approche.
Athanase se contenta de lui jeter un regard glacial alors qu’il se permettait de poser sa main sur son épaule, qu’il considéra avec mépris. Devant eux, l’homme venait de joindre ses mains, enthousiasmé par la question, sa mallette près de son pied.
– Pas grand-chose, juste un œuf de dragivre !
Les respirations se bloquèrent. Tous connaissaient le nom de l’animal, connu pour être l’espèce la plus petite de dragon. Des plus discrètes, rarement visibles et uniquement en hiver, il était dit qu’ils préféraient les pins et autres conifères mais rien n’était moins sûr. En effet, peu étaient en mesure d’affirmer – et de prouver – qu’ils en avaient vu un au cours de leur vie, et les sites de nidification n’étaient pas connus – personne n’était réellement sûr qu’ils pondissent des œufs, d’ailleurs. Certains prétendaient même qu’ils ne se reproduisaient que pendant la fête de Yule, selon un intervalle de temps en années bien précis, ce qui expliquerait leur rareté ! Au fond, tout ce qui se disait sur cette espèce n’était que de l’ordre des suppositions… Un tel bien, s’il était authentique, se vendrait à prix d’or !
– De dragivre ? Tu veux vraiment nous faire croire cela ? ricana une vampire brune et plantureuse avec ironie avant de boire une gorgée de sang.
Phédélème inclina la tête.
– Vous voulez le voir ?
L’individu n’attendit pas pour se baisser vers sa mallette. De nouveau, il fut le centre de l’attention et pas un bruit ne perça, si ce n’était quelques cliquetis distraits de verre ou de métal. Aucun d’eux ne bougea non plus, attentif. Seul Athanase amorça un mouvement ; poussé par la curiosité, il repoussa la main de Léoclide d’un geste sec et sans aucun regret avant de s’approcher de Phédélème. Face à lui, il eut le loisir de contempler son visage. Il nota alors son teint pâle, ses pommettes hautes et ses traits fins, presque efféminés, de sorte qu’il eût un doute, mais quelque chose l’assurait que c’était bien un mâle. Son attitude maniérée trahissait ses origines nobles, et Athanase se demanda un instant pourquoi un tel homme perdait son temps dans un village perdu et s’occupait en courant après des légendes et des rumeurs. Athanase vivait reclus depuis longtemps alors il n’était pas au fait des choses mais les nobles avaient de l’argent – la plupart d’entre eux. Phédélème en avait, en tout cas, à en juger la qualité de ses habits. Il avait de quoi vivre tranquille toute sa vie grâce aux rentes léguées par sa famille. Alors quoi ? Quelle était sa motivation ? Et pourquoi se balader sans protection, surtout s’il se baladait avec un objet aussi précieux ? Athanase partageait l’assurance de ses pairs mais malgré cela, il en craignait la réponse, surtout par peur d’être déçu. Il était triste de dire que ce n’était que de la stupidité et Athanase se plaisait à imaginer qu’une autre raison se cachait derrière. C’était plus intéressant comme cela.
Du fait de sa nouvelle proximité, lorsque la mallette fut ouverte, Athanase sentit l’effluve de cannelle qui s’échappa de l’interstice. Cela ne fit que l’intriguer davantage ; il n’avait jamais entendu de rumeurs associant l’odeur à la présence du dragon miniature mais ce pouvait n’être que celle de son contenant. Le cœur battant, il vit la main de l’homme plonger à l’intérieur pour en extraire une sorte de petite pierre bleue. Lisse et de forme ovoïde, elle pouvait être un œuf mais Athanase ne parierait pas non plus là-dessus. Phédélème la dressa bien en évidence devant tous. Si quelques regards restaient perplexes, la plupart s’était couvert d’un voile d’intérêt. Athanase le sentit dans son dos et se hérissa. Cela ne lui plaisait pas.
– Pourquoi cette démonstration ? C’est un coup à te faire détrousser, que cette pierre soit réellement un œuf de dragivre ou juste une pierre précieuse. Tu en as parfaitement conscience, n’est-ce pas ? Comme tu as conscience de ce que nous sommes, souffla-t-il à l’adresse de l’homme.
Celui-ci lui adressa un léger sourire, aérien et étrange.
– Bien sûr.
Il se baissa pour ranger l’œuf dans la mallette avec précaution. Il se redressa et replaça correctement son haut-de-forme.
– A vrai dire, peu importe cette commande. Je l’aime bien alors je pense le garder. Je suis juste à la recherche d’un partenaire – un compagnon de route, je veux dire.
– Pardon ?
L’humain ne développa pas et se mit à le fixer, calme, tandis qu’un demi-cercle se formait dans le dos d’Athanase. Certains vampires se rapprochaient dangereusement, l’impatience pointant finalement son nez. Malgré cela, Phédélème ne bougea pas d’un cil et Athanase continuait de le jauger, perplexe. Lui proposait-il de se joindre à lui ?
Un vampire frappa dans ses mains, attirant l’attention de l’essentiel des convives.
– Bon, c’est bien beau tout ça, mais la soirée avance ! Je ne comprends pas tellement le rapport entre cette commande et la recherche d’un partenaire, mais soit ! Alors, humain ? Que comptes-tu faire ? Espères-tu réellement recruter l’un d’entre nous ? Comme si nous nous associerions avec un membre d’une espèce inférieure !
Des gloussements fusèrent, une fois encore, qu’il fut difficile à calmer. Athanase, lui, ne les écoutait même plus. De toute façon, ils l’ennuyaient.
– Pourquoi ? souffla-t-il à l’intention de Phédélème, le seul qui l’intéressât à l’instant.
Lui-même ne savait pas ce qu’il demandait ; si la proposition lui était adressée à lui en particulier ou la raison pour laquelle l’humain émettait cette demande absurde. Peut-être un peu des deux. Mais pourquoi lui ? Plus le temps s’écoulait, plus il avait l’impression que l’humain avait agi depuis le début avec escient – c’était plus excitant de le penser, aussi. C’était terriblement tentant d’accepter, malgré le mépris que les humains lui inspiraient et l’absence de désir d’une compagnie, hormis féline. L’ennui de son existence actuelle et son dédain envers ses pairs étaient si forts. L’humain l’avait-il deviné ? Athanase en venait même à douter que l’un de ces cadavres fût réellement son commanditaire.
Il hésita. Et s’il avait tort ? Peut-être s’amusait-il juste à les rendre confus et à se moquer d’eux ? Et son chat, dans l’affaire ? Il devait aller le récupérer avant de partir à l’aventure, il n’avait personne à qui le confier !
Phédélème adressa à tous une courbette, sans se formaliser de la proximité des vampires qui lorgnaient sur lui comme s’il n’était qu’une pièce de viande particulièrement appétissante.
– Sur ce, je vais devoir vous quitter. Les affaires m’appellent et je me dois de respecter la veillée.
Seul Athanase s’interrogea sur cette veillée.
– Oh, mais restez ! Il serait tellement dommage que vous partiez maintenant…
Athanase savait comment cela allait se terminer. Il prit alors sa décision. Au pire, il se ferait duper et se planquerait dans son domaine, une fois ceci réalisé, en évitant ses semblables qui riraient de lui pendant des mois voire des années. Cela ne le changerait pas de d’habitude, en somme.
Mais la perspective d’autre chose l’attirait.
Phédélème attrapa sa mallette et se détourna pour partir. Léoclide, le vampire le plus proche, posa sa main sur son épaule pour le retenir, mais Athanase lui attrapa le poignet pour l’en détacher d’un geste sec. Lui comme l’humain se tournèrent vers lui, tandis que l’assemblée le jaugeait, surprise ou hautaine. Athanase se sentit gêné par le regard scrutateur de l’humain mais l’oublia vite au sifflement de colère de son cousin.
– Je peux savoir ce que tu fiches ?
Athanase soupira. Seigneur Dieu, qu’il le détestait. Peut-être était-ce l’occasion de le lui signifier ?
Il se tourna d’abord vers l’homme.
– Il faut d’abord que j’aille récupérer Adélite. C’est mon chat.
Phédélème parut surpris mais hocha la tête. Léoclide tenta de se dégager de sa poigne, attirant de nouveau son attention sur lui.
– Lâche-moi, idiot ! Et puis, qu’est-ce que tu racontes ?
Il soupira.
– Prends cela comme des vacances. Pour moi surtout.
– Quoi ?
– Je te hais. Ta seule présence m’insupporte.
Athanase ne laissa pas le temps à son cousin d’écarquiller les yeux et lui donna un coup dans la nuque qui l’envoya direct sur le plancher. Sans attendre la réaction de ses homologues, il bondit, attrapa l’humain sous le bras – il n’était pas si léger mais plus qu’il ne l’escomptait – et s’empressa de courir vers la sortie sans que Phédélème ne protestât. Les autres mirent quelques secondes avant de se rendre compte qu’il avait pris la poudre d’escampette. Alors qu’Athanase claquait la porte derrière lui, il entendit des murmures ennuyés derrière le battant. Il lâcha l’humain sans ménagement et ignora son couinement à sa rencontre avec le sol battu et les mottes de cheveux d’ange pour coller son oreille contre le battant de bois. L’inaction des vampires l’intriguait, même s’il en suspectait déjà la raison.
– … Après tout, c’est leur problème.
– Je suis curieuse de voir comment Léoclide va réagir à son réveil !
– Ooooh, j’ai tellement hâte ! Sa tête sera impayable !
Des rires ponctuèrent la remarque.
– D’ailleurs, je n’aurais jamais cru Athanase capable d’une telle audace ! Il parait tellement retiré et mou !
– Oui, c’est vrai !
Athanase fut passablement vexé puis ennuyé par la remarque. De toute façon, il n’avait pas de pensées plus aimables à leur égard. Il soupira. Au moins, il était fixé : ils ne se mettraient pas à leur poursuite. Après tout, avec tout le sang qu’ils avaient déjà à disposition, ils n’avaient certes pas besoin de celui de l’énergumène qui se redressait sur ses jambes. Même le pseudo-œuf de dragivre ne suffisait pas à les motiver. Trop d’efforts à consentir. Avec la chasse des habitants, ils avaient fait leur sport pour la journée.
Une belle brochette de paresseux qu’il n’était pas mécontent de quitter.
– Bon, et cet apéritif alors ? Il ne va pas se manger tout seul !
– En même temps, il ne vaut mieux pas, nous ne pourrions pas en profiter, sinon !
– Aaah, vous avez bien raison !
De nouvelles clameurs, plus joyeuses, lui parvinrent. Il entendit toussoter près de lui et se détacha du support de la porte pour fixer son nouveau compagnon. Ce dernier finissait de brosser ses vêtements et son haut-de-forme qu’il replaça correctement sur sa tête.
– Pouvons-nous y aller ?
Athanase faillit soupirer. Dans quoi avait-il mis les pieds ?
– Pour aller où ?
– D’abord, chercher votre chat.
– Oui, c’est vrai.
Mais ensuite ? Phédélème sourit avant de pointer quelque chose du doigt. Athanase écarquilla les yeux à la vue d’un traîneau en bois précédé de six griffons vautrés par terre. Des sifflements et des ronflements le confortèrent dans l’idée qu’ils s’étaient assoupis.
– Vous voulez voyager avec ça ?
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