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tome 1, Chapitre 2 « Le sanctuaire de Phoenix » tome 1, Chapitre 2

Une aurore boréale planait au-dessus de la plaine islandaise. Cela semblait être un spectacle idéal à regarder avant de rentrer au pays.

On entendait au loin le grondement sourd et pesant du klaxon du paquebot. L'embarquement était imminent, et il ne restait plus qu'à lâcher les cordes avant le grand départ.

Entre le village de Mégarde et les côtes islandaises, il y avait bien deux jours de trajet.

Une fois le bateau arrivé à bon port, les passagers retrouvaient le paysage gris et pluvieux de leur village disgracieux. Les personnes s'arrêtèrent à la gare maritime dans l'espoir de prendre un dernier café, avant que tout le monde ne regagne sa demeure. Au bout d'une heure, il ne restait plus grand monde sur le quai. Seul un jeune homme au teint pâle était assis sur un banc décoloré, regardant les flots agités s'écraser contre la coque du grand paquebot.

Son regard était vide, ses mains semblaient froides, et son long manteau noir, recouvrant son corps du cou aux genoux, justifiait la faible température environnante. Il attendait ici, comme à chaque fois qu'un navire débarque. D'après les habitants du coin, il attendait éperdument le retour de sa mère, cette femme angélique et aimée de tous, avec qui sa relation était des plus exemplaires. Mais pour la énième fois, point de figure maternelle à l'horizon.

Une nouvelle fois déçu par cette quête infructueuse, il regagnait sa demeure, alors qu'un épais brouillard commençait à grignoter les allées de Mégarde.

Il s’appelait Steeve. Son quotidien ne se résumait pas à grand chose. Le matin, il partait au travail pour subvenir aux besoins de son père dépressif. Le soir, il s'adossait au rebord de sa fenêtre, à l'étage, regardant le ciel étoilé. Mégarde avait la particularité de connaître des nuits claires et paisibles.

Steeve était passionné par les étoiles. Il en avait fait son passe-temps favori, connaissant les constellations par coeur, s'intéressant même aux composantes chimiques des planètes de notre système solaire.

Au sein d'une société poussant l'individu à travailler pour gagner sa vie, son rêve était de s'engager dans des études d'astronomie, et de peut-être, un jour, partir dans l'espace, à la conquête de nouvelles lunes...

Un autre paquebot arrive le weekend prochain, Steeve s'est promis d'être au rendez-vous, pour accueillir sa mère...

Lorsque le matin, le silence des arbres et la fraîcheur de la brise effleuraient ses sens, Steeve se sentit d'attaque pour entamer une nouvelle journée de travail. Il n'y a que deux kilomètres entre chez lui et l'entreprise où il se rend. Il travaillait en tant que magasinier dans une épicerie. Cela ne lui faisait pas un revenu de roi, mais il pouvait au moins apporter de quoi vivre, pour son père et lui.

En marchant, il s'aperçut qu'il n'y avait personne sur la route. Les lieux étaient déserts. Cela ne l’embarrassait guère ; il était plutôt misanthrope.

Tout en continuant de marcher, le brouillard pénétrait dans les ruelles, venant gratter ses semelles, et s'épaississant de plus en plus. Ce matin-là, le brouillard était particulièrement épais, au point de contenir une arrière-odeur de charbon.

Steeve s'avançait péniblement dans la brume. Un véritable voile s'installait devant ses yeux. Une odeur de brûlé titillait les cellules sensorielles de son odorat. Malgré la confusion et l'incompréhension devant ce spectacle inconnu, Steeve continuait de marcher.

Soudain, tout s'éclaircit, le brouillard disparut. Seule une légère nappe de fumée persistait. Steeve s'arrêta, paniqué devant cette vision mêlant la frayeur à l'incongru.

Une silhouette se tenait là, debout, à quelques mètres devant lui. Son corps agressif et sa carrure inquiétante se mirent à se propulser lentement en avant. Ses yeux devinrent lumineux tandis qu'elle s'approchait de Steeve, lentement, en lévitation. Le corps possédé de la chose qui s'avançait se mit à s'embraser, comme si un torrent de feu coulait depuis son vertex. Tendant son bras droit en avant, le monstre recroquevillait ses doigts en mimant un geste peu compréhensible.

Steeve, pétrifié, la sueur perlant sur son front, balbutiait des phrases inaudibles.

Tandis que Steeve et l'être de flammes se tenaient l'un devant l'autre, un bruit assourdissant se fit entendre dans toute la vallée. Cela ressemblait fortement au son d'un klaxon de paquebot, mais d'une intensité accrue. Du sang commençait à perler des oreilles de Steeve, alors qu'il se mit peu à peu à disparaître, ses membres volant en éclat. Son corps décomposé s'éparpillait, en tournoyant autour du monstre de feu, à une vitesse fulgurante. Des centaines de bouts de chair agressaient inlassablement l'entité volcanique.

Prise dans cette tornade de peau et d'os, la bête enflammée s'effondra par terre.

Elle s'éclipsa aussitôt.

Les membres de Steeve rejoignirent le ciel, au-dessus des nuages ; son corps, disséminé aux quatre vents, se reconstitua. Alors que son visage se reformait, l'on pouvait entendre ses cris de douleur stridents. Dans un état de mort physique, son être fut guidé à travers les limbes du cosmos, et puis, plus rien...

Le néant, le vide absolu se dessinaient autour de lui. Ses yeux s'ouvrirent ; il était en vie, là où tout n’était plus que rien, là où ne résidait aucune existence.

Au loin, à une distance non mesurable, se dessinait un halo blanc.

Et, alors qu'il flottait dans le néant, ce halo se rapprochait de lui, lui montrant ses contours étincelants. Plus le halo se rapprochait, plus il se dévoilait : une immense ouverture sur un monde inconnu se présentait à Steeve.

Le sanctuaire de Phoenix avait des allures de paradis. Le Créateur, c'est lui.

Steeve, ébloui par la clarté des lieux, s’avançait en direction d'une immense colonne métallique.

En arrivant aux pieds de cette colonne, il s'assit, récupérant de l'aventure qu'il venait de subir. L'incompréhension et la peur avaient pris part de son esprit, tant ce qu'il venait de vivre était irrationnel.

Côtoyer le démon, se décomposer, s'envoler, traverser le néant lui-même, tout ceci était bien trop dur à supporter pour un homme qui n'avait jamais voyagé au-delà de sa terre natale.

Il découvrit un vieux parchemin, rongé par le temps, accolé à son pied gauche. En le dépliant, il lut un message des plus surprenants :

" Aux abîmes j'offrirai le chaos. Aux cieux je créerai l'écho.

De mon doigt impur, j'insuffle une atmosphère nauséabonde à cette Terre féconde.

Et, en créant l'erreur, je laisse entrer la peur. Il est donc là, mon Protecteur.

En m'adressant à toi, je te couronne de mon choix.

Puisses-tu guérir l'oubli, et panser l'anarchie.

Cette Dimension, à jamais, demeurera ton attention.

Car dans l'intention, tu devras défier ton imagination.

Je te livre mon pouvoir, pour que subsiste l'espoir.

De croire en toi, tel est mon devoir.

Par les trois sceaux du sacrifice,

Spiritus, Pactum, Borealis."

Dans la luminosité aveuglante du sanctuaire se fit entrevoir une ombre de splendeur, avançant de profil.

Steeve l'aperçut, tentant de se protéger de la trop forte luminosité en plaquant son bras droit sur son front. L'ombre majestueuse avançait, déployant ses ailes dorées, et se parait d'une aura d'un pourpre écarlate.

Des chuchotements se firent entendre, comme si les parois invisibles du sanctuaire reflétaient les sons.

Le Créateur maintenait ses ailes déployées, puis s'envolait dans la direction opposée, disparaissant sous les feux des projecteurs.

Le sanctuaire s'éteignait alors peu à peu. Sous ses pieds, Steeve ne sentait plus le sol éclatant. Et, dans un bruit de klaxon insupportable, son corps se décomposa...

Il nageait dans les limbes cosmiques, endormi, presque mort...

Et, sans crier gare, il se posa lentement dans l'allée brumeuse de Mégarde, à l'endroit même où il avait rencontré l'esprit de feu.

Les événements ayant bouleversé le paisible village de Mégarde ont conduit la population à fuir les lieux.

Steeve errait seul dans les ruelles, subvenant aux besoins de son père malade la journée, attendant sur le quai à ses heures perdues.

Mais le souvenir de ce jour où il avait rencontré l'inimaginable, et pénétré dans le sanctuaire de Phoenix, le hantait jour et nuit. Que cela pouvait-il bien signifier pour lui ?

En fouillant dans sa poche gauche, il retrouva le vieux parchemin...


Texte publié par Symbiose, 27 février 2014 à 05h26
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