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Les Contes d'Encyclopédie | Le Monstre de l'Hiver
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tome 1, Chapitre 1 « L'Etranger Marchant vers l'Observatoire » tome 1, Chapitre 1

Il était une fois une haute montagne, aussi grande que la distance séparant la Terre de sa petite Lune. Sur cette planète perdue, il y avait, comme nous, quatre saisons. Les quatre étaient partis en un claquement de doigt. Sûrement au fil de quelques années, où une brume était devenue seul et unique mirage.

Au-delà de cet interminable brouillard, là où la ravissante lueur de l’astre nocturne ne peut s’épanouir, était construit un vieil observatoire. Il ne caressait pas encore les cieux, encore moins les sommets. Disons qu’il était là, sans que nul ne sache vraiment pourquoi.

On supposait, d’après des cris de comptoir, qu’il gardait son grand œil ouvert pour surveiller les envols de la créature berçant les Hivers.

Un immense oiseau. Encore plus titanesque lorsque ses ailes sont révélées aux mondes. Aussi grand que pouvait l’être cette montagne aux mille et un sommets. Une créature dont les hurlements annonçaient d’une interminable saison des neiges. Chaque année était pire que la précédente. Spécialement dans l’absence des Printemps, Étés, et autres Automnes, qui lui laisse que plus de splendeur.

Hélas, ce côté interminable, avec les nombreuses années, avait brisé cette habitude devenue qu’une malchance réservée à toutes années semblables. Lorsque les températures atteignaient zéro, on fêtait son hésitation. Dommage qu’il hésitait au grand jamais. Particulièrement lorsqu’il était vêtu de son arme de prédilection.

Moment venu, il avait allumé ses deux yeux mirages nocturnes pour se fondre dans les décors formant l’interminable horizon. Ses yeux laissaient seulement deviner une vaine lueur endormante pour qui voulait le suivre. Il fallait dire que cela allait à merveille avec son visage fait que de brume étrange poison.

Ce poison s’étendait jusqu’à sa tenue légère ayant fait ses âges. Jugée misérable et piteuse, elle habillait cependant à la perfection ce vagabond venu de nulle part. Elle lui donnait, à enlever moindre défaut, son surnom devenu véritable prénom.

Les significations qui en sortaient, donnaient raison qui voulait les entendre. Tantôt il n'était rien qu’une ombre marchante d’autre fois comme le Bonhomme Sept-heures. Une rumeur qu’on raconte aux enfants pour qu’ils s’assagissent avant la venue de l’homme en rouge. Mais en ce moment on doute même que cela soit vrai, vue qu’il continuait de marcher vers les grandes hauteurs.

Même le fameux observatoire était bien loin de ces choses qu’on appelait encore Le Perchoir des Mondes.

Il faut dire que cette ombre marchante avait vite été remarqué par un œil braqué en contre-bas. Une jeune gardienne n’avait perdu sa petite passion en ce début décembre. En observant la lointaine ligne du crépuscule, elle était encore tombée sur ces deux lumières qui étaient maintenant familières. Avec l’habitude, elles lui rappelaient le temps de la neige et des chocolats.

Lui aussi n’avait perdu ses belles habitudes. Encore un essai ! Peut-être qu’il va y arriver, après mainte et mainte essaie. Aller au-delà du brouillard n’était pas si simple, ce chasseur pourrait vous le confirmer. Même elle, oubliée dans l’épaisse brume, avait laissé tomber cette idée stupide qu’était de le traverser.

« Encore une fois… »

Après un vain moment, le temps d’un souffle perdu, la jeune gardienne sauta de son siège et de sa courte échelle. Elle s’était hâtée, pour la première fois, de revêtir sa lourde veste laineuse. Boutons boutonnés, écharpe enfilée, elle mit tout sens dessus dessous pour allumer une vielle lanterne traînante sous des tonnes de papier.

Finalement éclairée et préparée, elle put claquer la porte et la fermer à double-tour. Son chez elle était derrière elle. Malheureusement, si les dernières fois s'avèrent de nouveau juste, l’histoire recommencera. Le vagabond va s’écouler peu avant la grande zone des aurores. Soit à quelques jours de marches d’ici, quatorze si le brouillard se laisse dompter.

Dehors, bien que la température ne changer point, une autre histoire était à raconter. On pouvait dire adieu à cette chaleur improvisée fournie par le bric-à-brac qu’était le vieil observatoire. Seul régnait la glace et le verglas rongeant les fenêtres brisées du bâtiment abandonné. Seul régnait le blizzard et ses tempêtes perdurant par les hurlements du titanesque volatile.

Mieux fallait ne pas s’attarder à préparer l’attelage, et les derniers vivres somnolant encore dans les froideurs de l’entrepôt. Consciente de cela, la gardienne n’y allait de ce fait que rarement. Une fois par mois, si ce n’est moins.

Un capharnaüm de souvenir… Avec les âges, elle avait pris l’habitude de tout conserver, même les vieux journaux et les vieilles annonces. Un rien qui lui remémorait quelques passages de son ancienne vie en aval. Avec les grands titres, rien ne pouvait lui échapper y compris l’histoire de cette légende chasseuse.

Néanmoins, elle n’avait plus la une exacte en tête. Le temps avait fait sa grande œuvre en faisant disparaître la plupart des mots de ce papier. Heureusement, la rencontre, elle, était restée intact. Tout était là, y compris les rires et autres odeurs d’alcools. Il revenait d’un énième lointain village, toujours habillé d’un collier rare croissant de Lune.

La première fois, elle n’avait pas eu le courage de lui parler. C’était à peine si elle l’avait trouvé pour l’écouter. Entre les ragots et les ouï-dire le concernant, on ne savait plus si ce n’était qu’un homme. Avouons que seul le tenancier de la taverne avait la réponse de cette question. Pour lui cela tenait que de l’évidence. Comme chacun de ses clients, il se montrait ravi lorsqu’il avait l’appétit comblé.

Sa commande, quitte en parler, était des plus simples à retenir. Si elle lui rappelait une de ses précédentes aventures, alors le plat était réussi. Le repas de ce jour particulier lui avait rappelé le colosse protégeant l’Automne.

Cette aventure saisonnière avait fixé son décor en un lieu bien au-delà de l’essence des océans. Adieu ancienne et future saison. Puisse la dernière subsistait grâce à la malédiction lancée sur le brouillard de notre haute montagne.

Hélas, le temps des souvenirs trouva trop vite sa fin. Les préparatifs n’avaient tardé à être faites et le fier attelage a être relié à sa vieille roulotte. Une roulotte qu’elle avait acheté une fortune pour qu’elle se fasse lentement dévorer par les froideurs hivernales infernales. Ce n’était pas le grand luxe, surtout avec la glace figeant rideaux.

« En avant. Puisse cette fois être la bonne ! »

L’expédition était lancée. Sa curiosité l’avait finalement emportée. Pauvre petite voix qui lui avait pourtant dicté de ne pas y aller. Le départ avait été donné par un hurlement suppliant provenant des lointaines hauteurs.

Quant aux sabots des chevaux, eux, avaient commencé à résonner dans tout le vaste horizon.


Texte publié par Eolidylle, 4 décembre 2020 à 18h56
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