Les hommes qui sur cette terre vivaient,
Avaient les yeux blessés, le sommeil agité et gêné,
Par cet astre de feu dont ils se plaignaient, se lamentaient,
Tant et si bien que le dieu du soleil Bo en prit ombrage.
« Comment, les voici qui geignent ?!
Moi qui fais croître leurs cultures, les réchauffent,
Voilà qu’ils me maudissent et me dédaignent !
Ah, c’est ainsi ?! Eh bien soit !
Ma lumière j’éteindrai, ma chaleur retirerai ! »
Et s’étant retiré, sur la terre avait enlevé,
Toute vie, et les cultures s’étaient flétries,
Laissant ainsi les hommes dans un crépuscule rougeoyant.
Leurs pleurs alors s’étaient élevés jusqu’au firmament,
Là où la déesse Hjörda, sœur de Bo, repos avait pris.
S’étant réveillée, penchée vers les terres rougies,
Affolée son frère était allée trouver.
« Frère aîné, que se passe-t-il ?
Pourquoi ta lueur, à nos enfants as-tu retiré ? »
Et Bo, lui ayant expliqué, toute sa rancœur ayant libéré,
Dans son antre d’or et de pourpre était retourné.
« Que faire, que faire ? », s’interrogeait Hjörda
Qui de son frère connaissait le caractère ingrat.
« Ah, faut-il que tu sois si capricieux ! » s’agaçait-elle,
Tandis qu’elle ne parvenait à raisonner son aîné,
Et s’étant à nouveau penchée,
Elle s’était surprise à se lamenter.
« Ah que faire, que faire ?!
Je ne puis aider ces pauvres êtres,
Qui ne méritent point punition si cruelle !
Comment pourrions-nous arranger leurs affaires ? »
Bo, agacé, s’était levé.
« Qu’importe ces misérables !
Ils maudissaient cette lumière dont je suis si fier,
Qu’ils en soient privés, à présent. »
Hjörda était restée pensive un instant.
« Ne se plaignaient-ils pas seulement,
Que ta lumière ne cesse de les éblouir en tout temps,
Pourquoi ne point, cher frère, essayer de leur offrir quelques instants,
Une douce obscurité pendant laquelle ils pourraient se reposer ? »
Bo, vexé mais néanmoins raisonné,
Alla à la rencontre d’Ylva, la plus âgée,
Qui de l’obscurité était la maîtresse.
« Sœur aînée, qui de la côte de notre père est née,
Voici que le peuple de la terre désire, pour se reposer,
Que tu étendes sur eux tes ténèbres. »
Mais Ylva, hélas avait refusé,
Prétextant que ses ténèbres, elle ne pourrait ensuite plus retirer.
« Mais notre sœur cadette, qui de tout don est dépourvue,
Pourquoi donc ne se chargerait-elle pas de pareil ouvrage ?
Estelle, la tisserande d’étoiles saura sans doute,
Tisser pour elle un voile qui saurait atténuer ta lumière. »
Hjörda, à Estelle s’était adressée,
Et celle-ci, se mettant à l’ouvrage, avait réalisé,
Une toilette d’ombres et de brouillard dont Hjörda s’était vêtue avec félicité.
Alors Bo, épuisé par sa colère,
Dans sa couverture d’or et de pourpre s’était drapé,
Le crépuscule sur le monde s’était étendu,
Et Hjörda dans le ciel, sautant d’un nuage à l’autre,
Laissait sur son passage s’étaler sa traine d’ombre parsemée d’étoiles.
Les êtres de la terre, pour la première fois depuis longtemps,
À un sommeil doux goûtèrent sous les astres naissants.
Ce fut la nuit, leur toute première nuit.
Et tandis qu’elle s’était, sur un nuage assise,
Hjörga les contemplait, attendrie.
Il y aurait un hier, il y aurait un demain,
Comme il y aurait, à présent, un matin.
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