J’ai oublié quelque chose.
On connait tous cette sensation, comme une idée qui démange de l’intérieur du crâne. Un visage, une parole, un mot nous échappe et son absence trop présente à l’esprit se mue en obsession. Je me trouve devant une porte close. Derrière, il y a ce que je cherche. Mais je n’ai pas la clé. Pire, je n’ai pas la plus infime partie de l’ombre d’une idée de ce que je cherche. Bientôt, j’oublie pourquoi je le cherche. Ça n’a plus d’importance. Bientôt, ce que je cherche même perd son importance. Ne reste que la recherche. Elle seule est importance. Elle seule est sens.
Le sens. N’est-ce pas, au fond, ce que je cherche ? Mais si la recherche est sens et que le sens est ce que je cherche, tout ce que je cherche se résume à le rechercher. Si la recherche de sens est le sens que je cherche, quel sens y a-t-il à ce cercle ? Il y a du sens, oui, puisque si je m’arrête, le sens de la recherche sera perdu, emportant avec lui tout sens, que je cherche. Le sens perdu, je reprendrai alors mes recherches et le sens, parce que je le cherche à nouveau, sera retrouvé. Ou, le sera-t-il ? Puisque je le cherche…
En attendant, cette quête paradoxale ne m’aide pas à retrouver ce que j’ai oublié. Cette recherche n’a de sens que celui que je lui donne. Ce vide à combler ne l’est que parce que je le regarde, le remplissant de mes yeux. Pourquoi ? Il y a un vide, un seul ! Parmi tout ce trop-plein, ce trop-plein de vides, sans doute, aussi… Pourquoi celui-ci mériterait mon attention plus qu’un autre ? Pourquoi, dans un trop-plein, s’inquiéter d’un si petit vide ? Crois-je y discerner une signification —ou plutôt une absence de signification— métaphysique ? Ai-je peur de plonger dans ce vide, d’y jeter mon regard pour découvrir la vanité de mon existence ? Tous ces vides que je cherche à combler ne masqueraient-ils pas un vide plus profond, une infinie vanité, un trop-plein de vide caché sous un trop-plein de plein ? La recherche de sens n’a de sens que parce qu’elle comble ce vide-là, ce vide profond, ce vide de sens.
Et si… et si je plongeais dans ce vide ? J’enverrais valser tous ces trop-pleins qui m’encombrent ! Un petit vide de rien du tout cessera de m’effrayer, car mon trop-plein ne sera plus que cela : le vide ! Je ne devrais pas avoir peur du vide. C’est du plein qu’il faut se méfier : ce perfide, hypocrite, manipulateur ! Adieu le sens ! Je te renie ! Tu n’étais qu’un leurre pour détourner mon attention de… de…. d…
Je me souviens maintenant. Ce que j’ai oublié… J’ai oublié mes clés.
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