Si le représentant ne dévi pas du chemin prévu et encaisse tant bien que mal, le jeu de Jason me surprend. Il fait plus que rendre les coups désormais. Au point que Harold voit sa domination du jeu compromise. J’ai déjà vu çà. Des types acculés auquel le désespoir apporte un second souffle.
Le plus dingue dans ce retournement demeurent les réactions des joueurs. C’est Harold qui s’en réjouit alors que son rival lui est songeur. Jason je le comprend. Il sait qu’une menace plane au-dessus de lui du fait de sa tricherie à présent découverte.
Harold lui est définitivement un taré. Ce connard s’amuse alors que tout ce fric est en jeu. Il me dégoutte. J’ai bien envie de laisser Sven reprendre sa combine avec Jason rien que pour le plaisir de le voir perdre. Seulement l’issue serait un peu trop prévisible. Alors je me tais.
Un autre se charge de parler.
« Bon moi j’ai eu mon compte. » Déclare le représentant en se levant de sa chaise.
Enfin une réaction normale ! Elle est immédiatement compensée.
« Vous êtes allé si loin. Autant rester jusqu’à la fin. »
Harold me dégoutte encore plus. Ne l’a-t-il pas suffisamment lessivé ?
« Je n’ai déjà plus assez pour l’hôtel. Il faut au moins que je puisse payer l’essence de ma tournée de demain. »
C’est bien un représentant. Je le savais ! Par contre il n’est pas aussi mauvais que je le pensais. J’ai déjà entendu dire qu’un bon joueur sait se retirer à temps. C’est presque son cas.
Suite à cette déclaration Harold extirpe quelques billets de sa propre pile.
« Pour votre essence. »
Le représentant réfléchit un court instant, puis hoche des épaules avant de se rassoir
Finalement Harold n’est pas comme Lefty. Lui s’il frappe c’est juste pour gagner sa vie. Tandis que Harold est une sorte de sadique, sauf qu’il tabasse avec des cartes.
Et c’est censé être nous les abrutis, les brutes, les décérébrés...
Jason défonce ce malade, et je la ferme sur son arnaque, promis. Tiens je l’ai oublié avec le numéro de Harold. Il est entrain de se masser les tempes.
La nuit touche à sa fin. Au stress s’ajoute la fatigue. Qu’est-ce qu’il va nous sortir ?
Je ne me contente plus d’observer le spectacle dont je suis à l’origine. A présent je guette la conclusion plein d’impatience.
« Un verre. » Dit finalement Jason sur un ton proche de la supplication.
Cette demande se révèle simple à satisfaire. Hope a mit à disposition une bouteille de whisky, du vrai de l’importé, pas du fabriqué. Il faut bien justifier le droit d’entrée à sa table.
Moi je sais que ce n’est pas si anodin. Car qui se charge du service ? Le plus bas dans la hiérarchie, Sven.
Cette demande cache forcément quelque chose. Je ne quitte pas mon confrère des yeux. Lui qui était si paumé, retrouve un peu sérénité en effectuant cette tâche. Il prend la bouteille sur la commode et commence à en verser le contenu dans le verre tendu par Jason. Aucune complicité ne transparait entre eux.
Ils sont doués ces enfoirés ! Je perçois tout de même l’intérêt de Jason envers son complice. Il semble chercher quelque chose. Son regard se fixe. Il a trouvé. Mais quoi ?
Malgré ma méfiance je me laisse surprendre par cette action si imprévisible. La main de Jason s’élance vers ce que son œil a décelé : le mauser sous la veste de Sven. Pas le temps de penser. Il faut agir. Mon arme se dévoile à son tour. C’est un révolver Smith et Wesson modèle 1926. Puissant, simple, robuste, et relativement discret je l’apprécie. Hélas il a un temps de retard.
Jason a déjà pointé le pistolet sur la tête de Sven lui servant à la fois d’otage et de rempart. Normalement je suis censé fixer mon alter-ego et attendre l’occasion de le descendre. Sauf que cette nuit je préfère profiter du spectacle.
Alors qu’avons-nous sur le devant de la scène ? Jason est en pleine improvisation. Son plan étant démasqué il aborde un nouveau domaine. Honnêtement il s’en sort pas si mal. Bien que je le sente nerveux, il garde le contrôle.
Même si Sven me tourne le dos, je trouve sa prestation convenable. Il tremble assez peu pour quelqu’un menacé par une personne le prenant pour un traitre. C’est à mon avis ainsi que Jason interprête la situation.
Le représentant s’écarte plus écœuré que terrifié. Litte Hope lui attend passivement que les autres employés fassent leur boulot. Quant à Harold en tant que joueur né, il ne laisse rien transparaître, et reste assis à sa place.
Pourquoi personne n’a peur ?
Hope est hors de mon champ de vision. Je pense qu’il doit faire comme son second et attendre que les hommes de main règlent le problème. Ce qui ne tarde pas.
« Lâches ton arme. » Dit Lefty avec dureté sur ma gauche.
Une répétition est nécessaire avant que je comprenne, qu’il s’adresse à moi et non à Jason.
Je tourne la tête vers mon confrère plus par réflexe que par doute. Il me braque bel et bien. Mon révolver fait plutôt rustique face à son si fin Walther modèle 8.
J’ai toujours été complexé par rapport à Lefty. Comment pourrait-il en être autrement ? Et voilà qu’il me poignarde dans le dos. Pourtant le « connard » qui s’échappe de ma bouche, s’adresse plus à ma propre personne qu’à lui.
Ainsi c’est Lefty le complice. J’étais si confiant envers mon expérience, et persuadé tout contrôler. Quelle foutue leçon !
Jason est bien plus doué. Il a compris le sens de mes œillades sans foncer tête baissée. Il a analysé la situation tout en continuant le plan prévu. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il s’est mis à gagner. Lefty en trainant autour de la table pouvait voir le jeu des autres participants et en transmettre le contenu à son complice par le biais de signes préalablement convenus. Ou alors il lui glissait des cartes. Ou alors.... je ne connais pas toutes les tricheries possibles.
Induit en erreur Jason a crut que je mettais Sven dans la confidence, et fomentais un piège avec. Alors il m’a prit à contre-pied en prenant les devants. C’est finement jouer.
Le pauvre Sven lui il doit plus trop savoir où il en est. Pourquoi n’a-t-il rien dit ou fait une fois détaché ? Sans doute voulait-il en savoir un peu plus avant d’agir. En quelque sorte il a joué la sécurité, et passé son tour.
J’entends Hope à coté de moi. Il est en colère. Je le comprend. Parmi ses trois recrues, il y a un traitre et deux bras cassés. A se demander à quoi il nous paye. Il décide alors de prendre les choses en main.
« Lefty ! Tu sais comment ça va finir. »
Ce n’est en rien une menace, juste une indication. Lefty ne réagit pas à cette remarque. Cet ancien boxeur sait s’entrainer et se préparer. Un plan de fuite l’attend certainement.
Et moi ? Je n’écris plus la pièce désormais, mais en suis un acteur. Justement il serait peut-être temps que j’y participe un peu.
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