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La guérison et la miséricorde devraient être accordées à tous.

Je m'appelle Lise. Je suis une initiée de Shallya. Je sais qu'en tant que telle, je ne dois pas parler de moi, ou peu. Je me dois d'être tournée entièrement vers les autres. Mais je me permets un instant d'égoïsme afin de partager un bout de mon histoire avec vous. Peut-être permettra-t-il d'inspirer quelques jeunes gens. Je ne me considère pas comme une personne réellement importante mais je connais la sensation de se sentir perdu et d'avoir besoin d'une lumière à suivre.

Je suis née dans la ville de Marienburg. Je n'ai pas connu ma mère, morte en couche, et j'ai très peu côtoyé mon père. Nous venons d'un quartier très pauvre où la maladie et la mort sont monnaie courante, près d'un pont mouvant qui a fait de mes nuits d'enfant des instants de cauchemar lorsqu'il se déclenchait alors que je dormais. J'ai vécu très seule. Je ne voyais que peu mon père qui ne semblait pas trop s'intéresser à moi. Très petite, j'aidais déjà les gens autour de moi. À l'âge de 8 ans, je me suis investie plus que jamais dans la vie de mon quartier en aidant les personnes âgées et les plus démunies. Grâce à ma gentillesse, j'étais protégée par les taverniers et quelques miliciens. J'étais très appréciée.

À dix ans, je suis entrée pour la première fois dans le temple de Shallya de Marienburg. Cela fut comme une évidence pour moi et je me suis impliquée non seulement dans mon quartier mais dans le temple et toute la ville par la suite. Je ne voyais toujours pas mon père mais je finissais par me dire qu'il viendrait me voir en cas de soucis. Ce fut la seule personne envers laquelle je me comportais de manière égoïste. Parce qu'égoïstement, je me disais que c'était à lui de prendre soin de moi. C'était son rôle. Qu'il n'a jamais joué d'ailleurs. Je suis devenue une initiée de la déesse de la compassion après avoir aidé une jeune femme à mettre au monde son enfant entre deux montagnes de détritus de mon quartier.

Mon père est mort alors que je prends aujourd'hui la route. Mais je ne prends pas la route pour ma formation. Pas uniquement. Mon père, avant de rendre l'âme, a subi un rituel hérétique et son esprit me hante désormais. Il peut prendre possession de mon corps et souhaite m'entraîner sur la route de Nurgle, la divinité qu'il vénère depuis quelques années maintenant sans que je n'en ai rien su. Il se cachait bien. Il tente de faire de mon corps le sien, il souhaite le modeler à sa manière, mais je continuerai à suivre les préceptes de Shallya, refusant que le Seigneur des Mouches ne me corrompe. Et si jamais je devais réellement sentir que je perds le contrôle, je préfère me tuer plutôt que de laisser un corrompu en ce monde.

Mon but est simple : faire en sorte de devenir une bonne prêtresse de Shallya. Je ne supporte pas la violence, je ne supporte pas de blesser quelqu'un. Mais si j'en suis réellement obligée, lever mon bâton contre le mal ne me fait pas peur.

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Chacun ses choix. Chacun sa route. Chacun ses armes et chacun ses faiblesses. Le jugement n'a pas lieu d'être lors d'une quête identitaire.

Dans la vie, il faut savoir changer. Évoluer. Se poser les bonnes questions. Se demander ce qui est bien et ce qui est mal. Qui peut nous dire cela ? Qui a le droit de nous imposer ces notions si subjectives ? Je me suis souvent demandée cela. Je me suis souvent assise, alors que ma journée était terminée, pour tenter de savoir si ce que je faisais était bien ou non. Mon père me poussait toujours plus vers les bras de Nurgle et je me plongeais toujours plus dans ceux de Shallya pour combler cette corruption de mon esprit. Il s'agissait d'un culte interdit mais également de mon père. Je devais vivre avec lui, je mourrais sans doute avec lui. Je ne pouvais pas le renier. Je n'avais pas le droit.

Du moins c'était ce que je pensais. Mais la vie nous apprend toujours à changer notre manière de voir les choses. Je les ai rencontré. Lacy et sa discrétion et sa gentillesse. Yverrielle, qui finalement est une femme exceptionnelle malgré un amour un peu trop prononcé pour l'argent. Ryn, et sa colère enfouie qu'elle tente de me cacher. Et Grundi. Un nain, garde du corps dans un premier temps puis père d'adoption qui m'a tant appris. C'est en partie grâce à lui que j'ai commencé à changer.

Le monde n'a pas besoin uniquement de guerriers mais il n'a pas non plus besoin que nous soyons tous portés sur la miséricorde et le pardon. Ces valeurs sont importantes, et je les défendrai toujours. Je reste ancrée dans les préceptes de Shallya, qui demande que tous nous nous pardonnons et qui souhaite accorder de nouvelles chances à chaque personne. Je sais que tout cela est capital. Mais tous n'ont pas le droit à la rédemption. Tout le monde n'a pas le droit au pardon. Une fois, oui. Deux fois, non.

Suite au mal que j'ai vu, aux blessures que j'ai guéries et aux armes qui ont osées trancher les chairs de mes camarades, je sais désormais où se trouve ma voie. Je ne veux pas abandonner les préceptes de Shallya, qui restent le fondement de mon être et qui font de moi une personne altruiste et miséricordieuse. Mais je ne peux pas non plus tous les regarder se battre pour moi, panser leurs plaies et attendre de les voir mourir. Je me suis appuyée plusieurs fois sur son don. Si je peux appeler cela un don. Sur ses compétences plutôt. Mais aujourd'hui, je refuse d'utiliser plus le pouvoir du Seigneur des Mouches.

Ils sont deux à croire en moi. Grundi tout d'abord, celui qui a le premier tiré sa lame pour moi. Qui me protège, qui m'aime et qui me conseille comme mon père aurait dû le faire bien plus tôt dans ma jeune vie. Une rencontre que je n'oublierai jamais. Celui qui m'entraîne maintenant. Qui refuse de voir mes mains tâchées de sang mais qui, pourtant, à renoncer à me faire changer d'avis pour mieux m'aider à m'en sortir. Je sais qu'avec lui comme professeur, je deviendrai quelqu'un de fort.

Puis Thomas. Le voir en sang, au bord de la mort, m'a retourné le cœur. Je savais que je n'avais pas le droit de freiner une âme qui n'a plus sa place en notre monde, mais j'ai fais une exception pour lui. Je ne sais pas s'il était destiné à mourir ou vivre, mais j'ai décidé à cet instant que son heure n'était pas encore venue. Me suis-je prise pour Morr alors que je n'aurais pas dû ? Je ne connais pas la réponse à cette question. Mais tout ce que je sais, c'est que je ne voulais pas le laisser partir.

Pour eux deux, pour tous ceux avec qui je voyage, je dois devenir plus forte. Ne plus utiliser un pouvoir corrompu et me forger ma propre puissance. Prier les Dieux pour leurs bienfaits et non pas leurs pouvoirs destructeurs. Lise ne serait plus Lise. Lise va changer. Je vais toujours prier Shallya et tenter de répandre lumière, soin et miséricorde. Mais plus comme une prêtresse vêtue d'une robe et armée d'un bâton. Ma main gauche guérira, la droite, couverte d'une armure blanche, tranchera la corruption. Pour éliminer le mal, à la racine.


Texte publié par Loune, 14 septembre 2020 à 10h08
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