L'histoire et les personnages sont issus de mon imagination et de ce fait m'appartiennent, tout plagiat est donc interdit conformément à l'article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Maori se pencha par-dessus la balustrade. Derrière elle, Théa sourit, ravie de l’effet que produisait la promenade sur sa petite amie. Pour le premier anniversaire de leur mise en couple, les deux jeunes femmes avaient décidé de s’offrir un séjour dans les terres natales de Théa. Cette dernière tenait depuis toujours à les lui faire visiter et jusque-là, elles n’en avaient jamais eu l’occasion – leur train de vie dans la grande mégapole, avec leurs études respectives, ne le leur avait pas permis. Comme leurs congés concordaient, cela avait été l’occasion parfaite.
Et pour débuter les joyeusetés, Théa avait tenu à lui offrir un panorama particulier de ce territoire qu’elle chérissait tant à bord d’un aéronef dans le style ancien, composé en grande partie de bois sculpté avec élégance et de tissu. Chose importante à noter car à leur époque, les appareils métalliques étaient bien plus nombreux.
Tandis que Théa ne disait rien, Maori contemplait avec délice le paysage qui se dessinait devant elle, ignorant les gloussements et les murmures des autres passagers. L’aéronef surplombait un large cours d’eau qui serpentait dans un paysage vallonné, dont les contours étaient estompés par la pénombre. Les étoiles créaient des reflets blancs sur les ridules à la surface du fleuve ; elle en trouva l’effet magnifique. La plus proche d’entre elles, Arthritis, une étoile jaune si proche qu’elle formait un disque dans le ciel, se dressait devant l’appareil mais était en grande partie masquée par une très large planète nuageuse, Bilirubine. Vers leur droite, une grande ville illuminée tranchait net dans le décor boisé et constituait le seul élément urbain visible.
Toute à sa contemplation, Maori sentit à peine une main se poser sur sa hanche, puis un bras l’enlacer par derrière.
— Alors, ça te plait ?
La jeune femme se retourna dans un petit bond ravi, obligeant Théa à reculer.
— Oh, Théa, c’est magnifique !
Théa la considéra, amusée, tandis que Maori s’étendait sur tout ce qui lui plaisait, sans prêter attention aux remarques parfois désobligeantes des personnes à proximité, agacées par l’enthousiasme un peu bruyant de la jeune femme. Elle s’interrompit soudain, son regard perdu au-delà de sa petite amie qui la fixa avec curiosité, surprise de son arrêt soudain. Ses lèvres s’ouvrirent en un O stupéfait avant d’émettre un couinement émerveillé. Elle pointa du doigt quelque chose derrière le dos de Théa.
— Oh, regarde ! Ce sont des phalainas, n’est-ce pas ? C’est ça ?
Théa se retourna pour apercevoir un banc de baleines célestes voguer avec indolence sur les flots aériens. Gigantesques, elles étaient impressionnantes par leurs dimensions, trois fois supérieures à celle de l’aéronef qui, elle-même, était pourtant d’une taille respectable. Les petits, collés à leurs mères, faisaient la longueur du pont. Leurs couleurs chatoyantes, dégradé de bleu et de mauve aux reflets dorés, les rendaient parfaitement reconnaissables, ainsi que la triple paire de nageoires pectorales qui brassaient l’air avec lenteur. Les nageoires caudales suivaient les ondulations des corps immenses qui viraient légèrement vers la droite, pour s’écarter peu à peu du vaisseau, bien qu’ils en fussent encore à une distance respectable. Théa nota avec retard que le reste des passagers s’était regroupé de ce côté du pont pour admirer les mastodontes, tout comme elles, et qu’ils y allaient de leurs commentaires. La plupart était aussi excité et enthousiaste que Maori, de sorte que le capitaine Nayaly dut rappeler certains d’entre eux à l’ordre. Quelques autres étaient plutôt effrayées par l’éventualité d’une collision future, même si elle s’éloignait avec le banc. Le regard de la jeune femme s’arrêta sur un duo original et hétéroclite, composé d’un homme à tête de corbeau vert et un autre emmitouflé dans un costume de super-Panda, qui contemplait les phalainas avec un mélange d’amusement et d’ennui… et peut-être d’un certain dédain en prime ? Sa curiosité attisée, elle lâcha Maori qui, concentrée sur les animaux, ne s’en aperçut pas, pour les considérer avec plus d’attention. Elle-même était habituée à voir ce phénomène depuis toute petite, alors elle estimait ne rien manquer. Elle fut surprise de voir l’homme au costume de panda éclater soudain de rire, jusqu’à en avoir les larmes aux yeux.
— … Mon pauvre Diogène, tu n’es pas sérieux, n’est-ce pas ?
— Et pourquoi pas ? La vanité de leur migration me fait pitié. Elle compose l’essentiel de leur existence et la rend tellement absurde !
— Ecoute, mon vieux –
Pandallyster n’eut pas le temps de terminer que, sous le regard intrigué des autres passagers attirés par leurs agitations, Diogène se transforma en volatile et prit la direction des baleines. Il se plaça en vol stationnaire à une faible distance d’une d’entre elles avant de se mettre à disserter sur l’absurdité de leur existence et à les inciter à réfléchir à y donner un certain sens. Les passagers l’observèrent sans un mot, éberlués, puis beaucoup se mirent à pouffer devant une situation qu’ils jugeaient ridicule pendant que Pandallyster soupirait, une main sur le visage. Lorsqu’elle s’aperçut de l’incident, le capitaine Nayaly pesta avant de se mettre à crier à l’encontre du volatile de ramener son fessier de corvidé illico presto. Qu’il allât pour y consentir ou non, nul ne le sut jamais ; car à cet instant précis, l’animal à qui il faisait face ouvrit les mâchoires. Ses fanons furent visibles quelques secondes avant qu’il ne les refermât, et tous constatèrent que Diogène avait tout simplement disparu. Un silence inconfortable pesa durant quelques secondes, le temps que tout le monde en déduisît ce qu’il venait de se passer. Pandallyster, le premier, hurla puis s’effondra sur le plancher avant de pleurer son ami disparu à chaudes larmes. Les autres passagers, eux, reculèrent, hébétés. Les regards de Théa et de Maori se croisèrent, mal à l’aise, tandis que le capitaine Nayaly secouait la tête, exaspérée. Elle haussa ensuite les épaules.
— Bah, peu importe, je ne suis pas habilitée à assurer la sécurité des piafs, moi !
Elle se détourna alors de la scène pour retourner en cabine. Sa marche fut ponctuée de jurons contre les multimorphes qu’elle maudissait copieusement car à cause de l’un de leurs représentants et de sa mort inattendue, les prochaines heures promettaient d’être remplies de paperasses après la fin du voyage.
Théa attrapa le coude de Maori avant de lui désigner une direction à l’opposé de celle de l’incident, dans l’espoir de la détourner de cette scène surprenante. Le voyage devait rester magique, pas virer au drame à cause d’un imbécile un peu trop philosophe !
L’apparition d’énormes libellules luminescentes lui facilita la tâche. Diogène venait de disparaitre de tous les esprits, sauf de ceux de son ami et du capitaine résigné.
— Oh ! Des liveloulas ! Comme elles sont jolis !
Théa sourit avant de l’enlacer par derrière, et Maori se laissa aller contre elle. Ensemble, elles admirèrent la nuée d’insectes et la virent se mêler bientôt au banc de phalainas. Maori soupira de bien-être.
Cette soirée était presque parfaite.
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