Florence 1985 (28 ans)
Lorsque je rentre dans le bâtiment, Denise me fait un sourire complice qui me fait craindre le pire. Aussitôt, je baisse les yeux. Mais je sais bien que cela ne la fera pas renoncer. Elle a l’âme d’une entremetteuse. Dès l’instant où je m’assieds sur ma chaise, elle me lance l’air de rien :
– Qui est ce beau jeune homme ?
J’ai la quasi-certitude qu’elle va me charrier avec ça, jusqu’à l’année prochaine.
– C’est juste mon voisin.
– Il a un nom ce voisin ?
Je reste évasive.
– Comme tout le monde.
Ma collègue lève les yeux au ciel.
– Et que fait-il là, ton beau voisin dont tu me caches le prénom ?
Un soupir m’échappe. Je sais déjà que je ne louperais l’interrogatoire.
– Il change la batterie de ma voiture. Je t’ai dit que j’avais eu des problèmes ce matin et il a proposé de m’aider. Il est mécanicien.
J’ajoute la dernière phrase pour faire comprendre que c’est son rôle de gérer ce genre de soucis. Apparemment, ce point passe au-dessus de la tête de Denise, parce qu’elle reprend.
– C’est souvent qu’il vient à domicile pour réparer des voitures ?
L’ironie dans son ton est perceptible, mais je fais exprès de ne rien relever. Je préfère relire les notes que j’ai prises et que je vais devoir remettre au propre. Ma collègue ne me laisse pas lire plus de trois phrases avant de continuer.
– Tu l’as connu comment ce beau voisin ?
Le fait qu’elle use et abuse de cet adjectif me met mal à l’aise. J’ai remarqué qu’il était bien fait de sa personne, mais ce n’est pas vraiment mon type d’homme. Pour couper court aux élans romantiques de ma collègue, j’avoue la vérité.
– Ce matin, il a vu que j’étais en difficulté et il est venu m’aider.
Malheureusement, j’ai sous-estimé sa capacité fleur-bleu.
– Tu en as de la chance. Un bel homme qui vient te sauver…
– Je n’étais pas non plus en danger.
Mais Denise ne m’écoute pas.
– Tu vas faire quoi pour le remercier ?
Je hausse les épaules.
– Lui dire « merci ».
D’un geste de la main, ma collègue me fait comprendre que je suis dans le faux.
– Tu devrais lui faire un signe. Comme ça, il pourra t’inviter au restaurant.
Mais où est-ce qu’elle est partie ? Depuis quand ai-je envie d’aller au restaurant avec mon voisin ? Déjà, je me sens bien seule et en plus, je ne suis pas sûr que choisir son voisin, aussi serviable soit-il, soit une bonne idée.
– Je sais ! Fais-lui un gâteau et va lui porter directement à la maison. Il ne pourra que craquer !
En relevant la tête, j’ai le plaisir de voir le mécanicien s’approcher. Je vais pouvoir échapper à cette discussion lourde. D’ailleurs, je ne suis pas la seule à l’avoir remarqué.
– Voilà, ton prince charmant qui arrive.
Il faudrait qu’elle arrête de lire des romans à l’eau de rose.
Je me lève et décide de sortir pour éviter toute conversation devant elle.
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