Clifford 1973 (12 ans)
Mes narines me piquent. Je tente de faire abstraction de l’odeur désagréable d’alcool dans la bassine quand je la rince sous un léger filet d’eau. Il faut que je fasse au plus vite. Avant qu’elle ne vomisse à nouveau. Sinon, il va falloir que je la lave ainsi que les draps.
– Clifford !
– J’arrive, maman !
– Arrête d’utiliser l’eau ! C’est pas toi qui payes, connard !
Non sûrement, mais je ne vois pas comment nettoyer la cuvette sinon. Je me presse. Quand je juge la propreté acceptable, je lui ramène. Au moment d’entrer dans la chambre de ma mère, j’avance à petits pas sans faire de bruit. Je ne veux pas l’énerver.
– J’ai soif, grogne-t-elle.
Sans un mot, je dépose le bac en plastique sur le sol. Mes pieds prennent le sens inverse. Je traverse le salon encombré pour gagner la cuisine. Je sors un verre du meuble, actionne le robinet et le remplis à moitié. Ça évitera qu’elle me le jette à la figure. Enfin, c’est que de l’eau alors ça va.
Je contrôle le niveau dans le saladier qui récupère ce qui fuit. Quand il y en aura assez, je l’utiliserais pour me laver les cheveux. Comme ça, rien ne sera perdu. Je n’aurais pas dépensé d’argent pour rien. En retournant voir ma mère, mon estomac se serre d’appréhension. Ce n’est pas que j’ai peur. Seulement, je n’ai pas envie qu’elle me fasse mal.
– J’ai ton verre d’eau, maman.
Avec des gestes délicats, je m’approche. Elle se redresse, mais ne prend pas le verre. Alors, je l’aide à boire. Quand elle a fini, je recule.
– Repose-toi un peu, maman !
– Me dit pas ce que je dois faire, pauvre merde ! Et arrête de me regarder avec ton air con ! Tu es tellement moche ! Tu l’étais déjà avant ! Mais maintenant avec ce que tu as sur la joue, c’est pire que tout !
Elle s’énerve. Je fais quelques pas en arrière.
– D’accord, maman. Appelle-moi si ça ne va pas.
Je crains qu’elle se lève pour me frapper. Du coup, je la fixe alors que je m’éloigne.
– Tu as peur ?
Je ne réponds pas. Elle me fait un sourire qui me glace de l’intérieur.
– C’est ça ! Casse-toi ! Va crever quelque part ! Tu arrêteras de me pourrir la vie !
Le cœur battant, je retourne dans le débarras qui me sert de chambre. J’attends de voir si elle va bouger ou non. Elle ne le fait pas. Sans doute est-elle trop mal. Dans un sens, ça me rassure. Je bâille. La fatigue me prend, ainsi qu’une grimace de dégoût. Mes mains sentent le vomi. Enfin, ça aurait pu être pire. Ça l’a déjà été.
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