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Pierrick 1978 (15 ans)

Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je déteste pourtant les hôpitaux. L’odeur de désinfectant me prend aux tripes pour me pousser à rendre mon repas. Comme font les gens qui vivent là ? Une évidence se fait jour dans mon esprit : ils sont habitués.

Je presse le pas. Plus vite je l’aurais vu, plus vite je pourrais sortir. Je n’ai aucune envie de m’appesantir ici.

Mon regard erre sur les chiffres accrochés aux portes. Quand je trouve le bon, je frappe puis entre sans avoir été invité. La femme sur le lit se redresse. En m’apercevant, elle se met à sourire. Qu’elle se calme, je ne suis pas son sauveur. Je suis juste curieux.

– Pierrick, tu es venu !

Je ne dis rien. Je m’approche.

Délicatement, elle se laisse glisser au sol avant de prendre un bébé dans ses bras. Mon regard la fixe, je surveille chacun de ses mouvements alors qu’elle s’avance pour me présenter la petite chose agitée entre ses bras. Les grands yeux bleus glacés du bébé m’ébranlent. Pendant l’espace d’un instant, j’ai l’impression qu’elle sonde mon âme. Je m’en trouve déboussolé.

– Voici Moéna, ta petite sœur. S’il te plaît, veille toujours sur elle, elle aura besoin de quelqu’un de confiance pour la protéger.

Je ne réponds pas. À la place, je préfère poser une question.

– Je peux la prendre dans mes bras ?

Elle hoche la tête. Aussitôt, elle me fait asseoir sur le tabouret, et m’aide à la caler correctement contre mon torse. Je me retrouve avec le petit être dans les bras. Elle est si belle. Je jette un regard à sa mère, avec son nez tordu et ses yeux globuleux, elle n’a rien de transcendant. Après maquillée, elle sait s’arranger. Enfin, je ne vois pas ce que mon père lui trouve.

Mon attention se reporte sur le bébé qui me regarde en souriant. Ma petite sœur… Ma jolie petite sœur… Je ne laisserai personne lui faire du mal.

– Elle t’aime déjà, déclare sa mère dans une vague tentative pour s’attirer ma protection.

– Moi aussi.

Je prendrais soin d’elle.