Moena 2000 (22 ans)
Je suis un peu déçue de ne pas avoir pris de livre pour m’occuper pendant mon voyage. D’habitude, c’est ainsi que je procède. C’est mon amoureux qui m’a donné le goût de la lecture. Lui dévore des tas de romans policiers. Moi, ce n’est pas le genre qui me tente. Par contre, je me plais à me plonger dans les mondes imaginaires. En général, Cliff dévore aussi les fictions que j’achète. Sa vitesse de lecture est beaucoup plus rapide que la mienne.
Deux types montent à l’arrêt suivant. Il se place en arrière dans le bus, mais je sens leurs regards insistants sur moi. À croire que je ne les laisse pas indifférents. Je souris. Cela fait un moment qu’on ne m’avait pas fixé ainsi. Il faut dire que la présence de Cliff peut se montrer dissuasive.
Heureusement, les nouveaux venus ne tentent pas leur chance. Bien vite, ils détournent leur attention de moi, et reprennent leur discussion. Cinq arrêts plus tard, je descends. Avec difficulté, je me remémore le chemin que m’a indiqué mon amie. Je me dirige vers la gauche. De toute façon, je connais l’adresse et je suis dans sa rue. Cela me laisse peu de chance de me tromper. Mon regard se pose sur les chiffres affichés sur les devantures des habitations ou sur le portail. Je cherche le vingt-trois et je suis devant le quarante-sept. Une fois trouvé la bonne direction, je la suis.
Les trottoirs sont larges. Ils ont dû être crée au moment où l’en a décidé de faire sortir de terre ce lotissement. Les maisons, semblables en tout point, tentent de se démarquer par leur décoration. Celle où vit Agathe est entourée d’un petit jardin. J’y découvre un parterre de fleurs coloré qui me fait sourire, ainsi que deux transats à côté d’une table en plastique vert bouteille. Cela doit être agréable de pouvoir se poser tranquillement dans ce coin, en rentrant du travail. Dommage que la haie ne soit pas assez haute pour cacher la vue aux curieux.
En bas, il y a un garage et un escalier qui conduit jusqu’à la porte en étage. Deux noms sont marqués sur le pilier sur lequel est fixé le portail en fer qui a été peint en bleu ciel. Je sonne. Après quelques minutes, le battant coulisse pour laisser apparaître la silhouette de mon amie. Instantanément, nous sourions toutes les deux.
– Viens, c’est ouvert.
Je pousse la grille pour rejoindre Agathe. Mes talons résonnent sur le béton de la descente de garage. Je ne passe pas inaperçu avec le bruit que je fais, heureusement personne ne s’en formalise.
– Tu es magnifique !
Agathe se précipite sur moi.
– Je suis jalouse. Comment tu fais pour avoir un corps aussi parfait ?
– Du sport.
Mon amie éclate de rire. Je ne mens pourtant pas. Elle m’entraîne à l’intérieur.
– Je suis contente que tu sois venue en avance. Tu vas pouvoir m’aider à choisir ma tenue.
Nous finissons dans une petite chambre au mobilier blanc. Sur le montant du lit, des motifs floraux roses se détachent alors que la coiffeuse est entourée d’une guirlande lumineuse. Je me demande si c’est Agathe qui s’est occupé de tout où si elle a acheté les meubles ainsi ? Sur les draps, j’aperçois une multitude de vêtements éparpillés. Il a vraiment du mal à prendre une décision. On va dire que c’est mon rôle d’intervenir pour lui rendre service.
– Ne t’en fais pas. Mes parents ne sont pas là.
Je ne vois pas pourquoi je devrais m’inquiéter de la présence de ses parents. D’ailleurs, j’ignorais même qu’elle vivait avec eux.
– Bon alors, j’ai une robe en velours rouge pour la séduction. Celle à sequin pour briller de mille feux. La mini-jupe noire basique et le top léopard ? Ou la combi avec dentelle ?
À mesure qu’elle énonce les vêtements, elle me les présente. Je les fixe, alors que je tente en même temps de me faire une idée de leur rendu sur elle.
– Tu préfères quoi ?
– J’aurais tendance à prendre la jupe avec le top. C’est ni trop tape-à-l’œil, ni trop passe-partout. Tu te fais remarquer, mais en subtilité.
Agathe me fixe avant de sourire.
– Je savais bien que tu étais la femme de la situation. Attends-moi là.
Elle quitta la pièce, sa tenue à la main. Une fois seule, j’en profite pour m’installer sur le lit. Mon regard erre dans la pièce, il se pose sur la bibliothèque encore pleine de livres de jeunesse ou sur les figurines en forme de chevaux. Des souvenirs d’enfance dans une chambre qu’elle occupe depuis des années… Des choses idiotes qui me manquent. Après tout que me reste-t-il de ma mère ? Rien, sinon la couleur de mes yeux.
J’espère que Valiana ne se retrouvera jamais dans cette situation. Après, j’ai toute confiance en Cliff pour lui parler de moi, si jamais je venais à disparaître. En plus, pour le moment, ma petite fille a tout ce qu’il faut pour la rendre heureuse : une famille, toujours à manger, un lieu chaud où vivre et des jouets.
Agathe revient, pleine d’énergie. Elle se présente avec de grands gestes, pour peu, on pourrait s’imaginer qu’elle vient d’arriver sur un plateau de télé.
– Bon, pause maquillage.
Dans sa main, elle balade une trousse de toilette rempli à craquer.
– Du vert ou du violet ? J’adore le violet.
J’en ai un aperçu lorsqu’elle sort un tas de crayon de cette couleur.
Son regard me scrute.
– Où as-tu eu ce rouge à lèvres ?
– C’est un cadeau.
Une surprise de Cliff. Il trouve toujours des choses qui me plaisent : le maquillage, la robe, les bottes. Ça se voit qu’il me connaît et sait ce que j’aime. Pas sûr que tous les hommes seraient aussi attentionnés.
– C’est quoi ton style de mecs ?
Je reviens au moment présent alors que mon amie passe une crème teintée sur son visage.
– Grand, musclé, avec de belles boucles brunes…
Je ne suis pas objective, je pense avant tout à Cliff. Physiquement, il m’a toujours plu, même si lui ne l’a pas compris. Il a une telle façon de se voir, sans doute à cause des cicatrices sur son corps.
À moins que ce ne soit son âge qui le dérange, mais en vérité, je crois que je suis contente de l’avoir connu alors qu’il avait plus de la trentaine. J’imagine sans peine qu’il est plus beau que pendant son adolescence. Le souci, c’est qu’en général les gens voient d’un mauvais œil le fait que je sois en couple avec un homme qui approche de la quarantaine. Qu’est-ce que ça sera lorsqu’il l’aura dépassé ?
– Ça donne envie.
– Avec des tatouages…
Agathe hoche la tête.
– Oui, trop bonne idée !
– Et des piercings !
Mon amie soupire.
– Non, ça fait crado.
Je repense à l’anneau à l’oreille de mon amoureux. On l’a fait faire en même temps lorsque je me suis fait percer une deuxième rangée de trou. C’était vraiment un message d’amour pour moi.
Je fronce les sourcils.
– J’ai un piercing à la lèvre, je te rappelle.
Du doigt, je désigne l’anneau argenté.
– Pour une fille, ce n’est pas pareil. Ça fait sexy.
Je reste sceptique sur ce jugement, mais je ne dis rien.
– Tu vas voir, y a plein de mecs trop beaux !
Oui, enfin, j’en ai déjà un à la maison. Je n’ai pas pour but de commencer une collection.
– Moi, je suis surtout venu pour danser et m’amuser.
Agathe me fait un clin d’œil.
– On peut joindre l’utile à l’agréable.
Il vaut peut-être mieux que j’avoue que j’ai déjà quelqu’un. En général, je ne le fais pas parce que les gens ont tendance à voir d’un mauvais œil, ma relation avec Cliff. Il est trop vieux. Il ne s’intéresse à toi que parce que tu es jeune. Et autres joyeusetés… Personne ne sait que ma relation avec mon amour est un bonheur de tous les instants. Nous partageons beaucoup de tendresse et de fou rire.
– En fait, j’ai déjà…
Mais je n’ai pas le temps de terminer que mon amie me coupe la parole.
– Aide-moi à choisir mon rouge à lèvres.
Face au grand nombre de tubes, je procède de façon méthodique. Je les ouvre pour connaître la couleur du raisin et laisse de côté ceux qui ne me plaisent pas. Ensuite, je teste les autres sur le dos de ma main pour me faire une idée. Un rose foncé avec des paillettes retient mon attention.
– Celui-ci, tu en penses quoi ?
Un regard appréciateur se pose sur le maquillage.
– Ouais, pas mal. Je ne savais même pas que je l’avais.
Elle retourne le tube pour en lire le nom.
– Belle rebelle.
L’espace d’un instant, Agathe me paraît pensive.
– C’est mon ex qui me l’a offert.
Face à ce constat, je ne sais pas trop quoi dire. Du coup, j’attends la suite de la réflexion.
– Après, si le rendu ait bien, je vais l’utiliser quand même. Il n’a pas de raison que je me restreigne pour lui.
Comme elle rit, je fais pareil.
– S’il te l’a offert, c’est qu’il voulait que tu t’en serves !
– Ouais ! Tu as raison. En plus, ça va m’amuser de draguer avec du maquillage qu’il m’a acheté.
Cette réflexion me laisse de glace. Mes ex n’étaient pas connus pour me faire des cadeaux. J’ai préféré les chasser de mon esprit pour me consacrer entièrement à l’amour de ma vie : Cliff.
– T’en penses quoi ?
Agathe se lève et fait un tour sur elle-même. La tenue met en valeur ses formes et ses longues jambes. Je suis jalouse, je me sens plutôt courte sur patte face à elle.
– C’est parfait ! On y va.
Il n’est que dix-neuf heures, la soirée commence-t-elle aussi tôt ? Cependant, je ne dis rien et je lui emboîte le pas. Dans l’entrée, elle récupère son sac à main posé sur une étagère sur laquelle sont rangées les chaussures de la famille.
– On retrouve des copines pour déjeuner avant de partir à la fête, est-ce que ça te dérange ?
Je secoue la tête. Pourquoi est-ce que ça serait le cas ?
Après avoir fermé la porte à clé, nous rejoignons la rue. Agathe se dirige vers sa voiture, garée un peu plus loin. Elle me fait signe de monter à la place du passager et met en marche le moteur. Le véhicule émet un ronronnement, signe que tout va bien, puis nous partons. La citadine traverse la ville pour gagner la zone industrielle où l’on retrouve de nombreux restaurants ainsi que des sites de loisirs tel que le cinéma, la patinoire et le bowling. Je ne suis jamais allée dans ce coin sauf pour aller voir un dessin animé avec Valiana. Après, je sors très peu sans mes deux amours et la moto n’est pas pratique pour se déplacer à trois.
Une musique résonne dans l’habitacle, faisant pousser un petit cri à mon amie. Aussitôt, elle tourne le bouton pour augmenter le son. Sa voix s’élève déjà pour couvrir celle du chanteur d’un air plus faux. Un sourire passe sur mon visage. À croire que je suis revenue à l’adolescence. Il faut avouer que je n’en ai jamais vraiment eu. Qu’importe, j’ai Cliff, c’est le principal.
Nous nous arrêtons devant un bâtiment à la façade toute en acier et en miroir. Des néons colorés permettent de savoir le nom de l’enseigne. Sur le toit de celle-ci, la brise estivale agite les drapeaux qu’on y a posés.
– C’est le meilleur endroit où manger des burgers, me souffle Agathe. J’espère que tu n’es pas au régime.
Cette évocation me fait rire.
– Ce n’est pas le cas.
Je ne peux m’empêcher de penser à mes amours et aux frites qu’ils vont chercher ce soir. À croire qu’on s’est concerté pour le menu.
Nous entrons et retrouvons deux autres filles déjà installées à table. La première se repère de loin du fait des mèches roses qu’elle a glissé dans sa chevelure brune. La seconde est une petite blonde à lunettes qui paraît avoir abusé du crayon noir pour les yeux. Sans doute pour qu’on le remarque malgré sa correction ophtalmique.
Mon amie me les présente comme Virginie et Angélique. Je les salue. Elles me posent quelques questions sur la façon dont j’ai rencontré Agathe avant de parler de la soirée à venir. J’apprends qu’il s’agit de l’anniversaire d’un certain Flavien. Aux dires des trois filles présentes, il est bardé de qualités. Sa beauté revient plusieurs fois dans la conversation et je comprends qu’elles ne diraient pas non s’il venait à leur demander de sortir avec lui. En plus, sa famille est assez riche. Virginie prend le temps de nous faire des confidences sur le comportement du garçon dans l’école qu’ils fréquentent tous les deux.
– Quand tu vas le voir, tu ne pourras qu’être d’accord, me lance Angélique.
– Je demande à voir.
J’ai déjà mon Cliff et lui, je suis certaine d’être la seule dans son cœur.
– Tu verras, me déclare Agathe avec un clin d’œil. Il vaut le détour.
– En fait, je suis déjà…
Mais je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un serveur nous interrompt pour prendre les commandes. Après avoir choisi des cocktails de fruit, sans alcool pour moi, nous continuons notre conversation. Depuis que je connais Cliff, je ne bois plus de boisson alcoolisée. Non pas qu’il me l’interdise, mais je sais que le sujet est sensible pour lui. En plus, cela ne manque pas du tout.
Les autres me charrient gentiment sur ce point, en disant que je devrais conduire à leur place. Sauf que je n’ai pas le permis. Un plan qui tombe à l’eau.
Peu après des verres hauts et évasés arrivent. Le liquide coloré qu’ils contiennent donne envie d’y plonger les lèvres. Je ne peux m’empêcher de sourire en y découvrant une brochette de bonbons. Valiana adorait l’idée.
La soirée se poursuit avec des rires, même si souvent les filles se mettent à parler de gens qui me sont inconnus. Bien sûr, elles m’expliquent tout, mais j’avoue que je finis par mélanger les prénoms entre la sœur de Flavien, son ex, une fille qu’elles n’aiment pas, le cousin, le meilleur ami et autre… Du coup, j’écoute plus que je ne parle. Parfois, certaines blagues me font rire et je ne me sens pas de trop. En plus, la nourriture est bonne.
Ça fait un moment que je n’ai pas eu de véritable amie. Depuis que je suis partie avec Cliff, je me lie peu avec les gens. Souvent, j’hésite à leur parler de ma vie. Mon adolescence était un bazar sans nom. Du coup, je pioche ce qui m’intéresse dedans et laisse le reste.
Je reviens au moment présent alors qu’on nous propose un dessert. Personnellement, j’aurais bien goûté aux coupes de glaces recouvertes de chantilly, mais mes compagnes préfèrent éviter pour danser sans se sentir lourde. Du coup, je les suis. De toute façon, je risque d’être de corvée de glace, demain. Valiana n’aura sûrement pas oublié.
Lorsque nous sortons, je constate que le soleil est en train de se coucher. Combien de temps avons-nous passé dans ce restaurant ? Au moins deux heures. Agathe reprend place derrière son volant alors que je m’installe à son côté.
– Prête ?
– Bien sûr.
Je ne peux me départir d’un sourire.
– Tu vas voir, Flavien est vraiment très beau, et gentil, s’empresse-t-elle de rajouter. Pour son anniversaire, sa sœur aînée a privatisé l’une des salles de la discothèque. Ça me permettra de te présenter à tout le monde.
– Super !
J’espère ne pas dénoter dans cette assemblée.
– Il paraît que Flavien est célibataire en ce moment. Sa sœur espère le voir trouver une copine pendant cette soirée.
– Vraiment ?
Ça me paraît bizarre, mais je n’ai jamais eu de sœur. Mon frère quant à lui, je préférerais l’oublier.
– Il pourrait tomber sous ton charme, tu sais…
Est-ce une pointe de tristesse que je perçois dans sa voix ? Comment lui expliquer que je me fiche bien de cet homme ?
Mais Agathe se reprend et enchaîne sur une autre discussion où elle me raconte un film qu’elle a vu au cinéma. Attentive, je l’écoute. Toujours en pleine conversation, nous nous garons sur parking devant le bâtiment géant. De forme arrondie, il possède un auvent fait de plaques métalliques qui renvoient la lumière des néons donnant l’impression qu’on est entrée dans une guirlande de Noël. Le goudron en devient violet ce qui accentue l’idée d’être dans un autre monde. Je le regarde. La couleur parvient à le sublimer pour en faire une œuvre d’art.
Nous nous avançons toutes les quatre. Il est encore tôt, et je me demande si la discothèque est ouverte. Agathe prend l’affaire en main. Après une courte discussion avec le videur, nous sommes autorisés à entrer. À l’intérieur, personne, mais de la musique est audible. Nous la suivons alors que nos talons claquent sur le sol.
Une porte poussée nous apprend que la fête a déjà commencé. Derrière une lumière tamisée et des projecteurs, des formes se déhanchent sur la piste. Dans les coins de la salle, du feu est projeté dans des vitrines transparentes. Je me demande comment elles gèrent la chaleur. Il ne manquerait plus que quelqu’un se brûle. Agathe coupe court à ma réflexion, en m’entraînant derrière elle. Ses pas la dirigent vers une jeune femme en combinaison noire. Celle-ci moule sa silhouette mince, tout en mettant en valeur ses atouts. Son maquillage sophistiqué me paraît des plus réussis. À croire qu’elle a fait appel à une maquilleuse professionnelle. Ses cheveux coiffés sur le côté forment des boucles élaborées. À côté d’elle, je me sens comme une adolescente qui vient de tester son premier rouge à lèvres. Je tente de me concentrer pour oublier mes mauvaises pensées. Cliff dirait que je suis magnifique et ne lui adresserait pas un regard.
– Tabitha !
Aussitôt qu’elles se reconnaissent, elles se sourient avant de faire claquer des bises sur la joue de l’autre.
– Je te présente Moéna ! On travaille ensemble et c’est une fille super.
Je n’irais pas jusque-là, mais l’attention me touche.
– Mo, voici Tabitha, la sœur de Flavien !
Après cette présentation, je salue la nouvelle venue. Nous échangeons quelques futilités avant que le sujet de la star de la soirée revienne sur le tapis. J’en apprends plus : il fête ses vingt-deux ans et c’est une surprise. Son meilleur ami va passer le chercher pour l’amener ici.
Tabitha nous passe un bracelet numéroté au poignet. Je ne peux que froncer les sourcils en me demandant la signification de tout ça.
– Un petit jeu, m’explique la sœur. Si Flavien refuse de choisir quelqu’un avec qui danser, je tirais un numéro au hasard pour lui trouver une cavalière.
L’idée me paraît aberrante. Si cela avait été moi, j’aurais tout de suite refusé ce jeu. Fort heureusement, on ne me demande pas mon avis. Agathe, elle, se contente de sourire d’un air mystérieux. Est-ce qu’elle rêve de pouvoir être choisie ? Tant que ce n’est pas moi, tout me va.
Après quelques mots, Virginie décide de nous rejoindre pour nous entrainer sur la piste de danse. Je l’accompagne volontiers. Alors que résonne la musique, je me laisse totalement porter et j’oublie tout le reste. Mon corps bouge de lui-même comme s’il était enfin libre de ses mouvements après avoir été trop longtemps contraint. Un sourire éclaire mon visage, j’adore ça. J’aime cette ambiance. J’aime danser. Je suis même déçue de ne pas pouvoir me donner à fond. En un sens, je suis contente que Cliff ne soit pas là. Il serait resté avec son jus d’orange dans un fauteuil à attendre que je termine ou qu’on nous mette à la porte parce que le jour se levait.
Des garçons se rapprochent de moi pour pouvoir me parler, mais je suis claire à chaque fois et leur fais part de ma situation. Ils renoncent sans faire d’histoire. Je m’amuse, mais le plaisir se tasse un peu à l’arrivée de la star. De loin, je contemple les deux jeunes hommes qui rentrent. L’un est blond et plutôt large d’épaules. L’autre ressemble à Tabitha avec ses traits fins et son grand sourire. Pas de doute, c’est lui qu’on attend !
La musique change pour que se mettent à résonner une mélodie d’anniversaire. Celle que tout le monde connaît. Une cacophonie emplie la pièce jusqu’à recouvrir la voix du chanteur.
– Joyeux anniversaire !
Tous tapent dans leur main pour accompagner en rythme le chant. Pour ne pas être en reste, j’imite leurs gestes. Le peu d’expression que j’arrive à apercevoir entre deux passages de spot m’indique que les gens sont vraiment souriants. Ce garçon a l’air d’être apprécié en ville.
Après qu’on le lui est réclamé, il prend la parole pour un petit discours. La lumière vient se coller sur lui et je peux l’examiner plus en détail. Ses yeux sont plutôt clairs et ses joues sont rasées de près alors que du gel recouvre ses cheveux coupés en brosse. Son air avenant le fait paraître attirant pour tous ceux qui le croisent. J’avoue que moi aussi, je le trouve joli garçon. Moins que Cliff, mais la question ne se pose même pas… Mon amoureux fait beaucoup plus « homme », plus adulte. Tout de suite, je m’imagine en sécurité avec lui.
– Il est beau, me souffle Agathe à l’oreille.
Je hoche poliment la tête.
Le temps des remerciements passe et nous arrivons à celui de l’amusement. La musique reprend : un tube à la mode qui est sur chaque radio. La foule se précipite vers la star du jour, alors que je continue à danser. Je ne me vois pas m’approcher. Après tout, je ne le connais pas et ça ferait très intrusif.
Le temps passe. Je m’agite en rythme avant de me décider à aller boire un verre d’eau pétillante pour apaiser ma gorge sèche. Angélique qui est au bar me fait un signe. Le garçon blond apparu avec Flavien se tient à ses côtés. Ils ont l’air proches. Serait-il possible qu’ils aient une relation ?
– Moéna, je te présente mon frère Justin.
Nous échangeons un salut.
– Moéna est une amie d’Agathe.
La discussion reprend et j’y suis incluse. Justin insiste pour payer nos verres. Sa sœur me fait un clin d’œil, en me disant qu’il a besoin de jouer les grands seigneurs pour vivre. J’accepte finalement, avec l’espoir qu’il ne s’imagine pas des choses. Heureusement, cela ne paraît pas être le cas. Il reste à une distance respectueuse et ne se montre pas trop intrusif.
À force de trop bavarder dans cette fournaise, car la température a augmenté depuis que les gens se sont mis à danser, j’ai encore soif. Je m’en retourne au bar et patiente tranquillement pendant que mon eau pétillante au citron se prépare.
Mon voisin de droite commence à me demander si je m’amuse bien. J’acquiesce avant de prendre conscience qu’il s’agit de Flavien lui-même. Surprise, je reste figer la bouche ouverte quelques secondes, le temps de me reprendre. C’est une personne normale après tout.
– C’est la première fois que je te vois. Du coup, je me présente : je suis Flavien et toi ?
Je souris avec douceur.
– Moéna. Je suis une amie d’Agathe. J’espère que ça ne dérange pas que je sois là…
– Du tout ! C’est même plaisant de rencontrer de nouvelles têtes.
La musique reprend et nous nous fixons sans un mot.
– J’aime beaucoup cette chanson. Tu viens danser ?
– Désolée, j’attends ma boisson.
Je ne veux pas lui dire tout de suite que je suis avec quelqu’un. J’aurais peur qu’il le prenne mal. Après tout, il voulait juste une danse, pas m’épouser.
– Parfait, on peut s’installer au calme pour discuter, si tu veux ?
Derrière lui, je perçois une femme qui me fixe. Nos yeux se rencontrent. Elle me paraît bien en colère. En vitesse, elle s’approche et contrairement à ce que j’aurais cru, se contente de rester à proximité de Flavien en le couvant du regard.
– Je ne veux pas t’ennuyer.
Par contre, j’aimerais m’éloigner de celle qui me lance des éclairs avec les yeux. Du coup, je lui emboîte le pas. Une fois seuls, à une table, l’inconnue doit rebrousser chemin. Je la chasse de mon esprit. Pour elle, je ne suis rien.
La discussion reprend et nous échangeons beaucoup. Contrairement à ce que j’aurais pu penser au premier abord, Flavien n’est pas le genre de beaux gosses indifférents. Non, il est d’agréable compagnie, avec beaucoup d’humour et sait se tenir à l’écoute.
Un nouveau changement de musique nous ramène au temps présent. C’est le retour de la chanson d’anniversaire.
– C’est sûrement le gâteau, soupire Flavien en se levant. Ils en font beaucoup trop.
Cependant, nous nous approchons pour découvrir la pâtisserie. Je suis surprise en apercevant la taille du dessert. Composé de plusieurs étages de génoises au chocolat, il est garni d’une mousse de lait et glacé par une ganache. Une couronne à déguster a été posée sur celui-ci. Je contemple le magnifique travail en regrettant de ne pas avoir d’appareil photo. C’est peut-être mieux finalement, si Valiana voyait ça, elle voudrait le même.
Quelques minutes plus tard, j’ai une assiette dans les mains remplies d’une grosse part de gâteau. Il me paraît délicieux. D’ailleurs, certains ne se sont pas gênés pour commencer à manger. Agathe me rejoint.
– Tu t’amuses bien ?
Je lui souris avant de hocher la tête.
– J’avais peur que tu sois fatiguée.
Je me demande d’où peut lui venir cette idée.
– J’ai encore assez d’énergie pour danser jusqu’au bout de la nuit.
La réponse semble satisfaire mon amie.
– C’est le bon état d’esprit ! En plus, je dois avouer que tu n’as pas laissé indifférents certains hommes présents ici…
Elle n’en dit pas plus, mais garde un petit sourire en coin.
– Je ne cherche personne.
– C’est comme ça qu’on trouve parfois, souffle-t-elle.
La discussion me met mal à l’aise. Je sais bien qu’elle n’a personne et que la situation ne lui plaît pas.
– Je t’assure que je n’ai besoin de personne.
Elle soupire en prenant un morceau de gâteau. Je l’imite. C’est un délice, le goût du chocolat noir est bien présent et la génoise fond en bouche.
Est-ce que je dois lui dire pour Cliff ? Je réfléchis tout en dégustant le dessert. Lorsque j’arrive à la fin, je prends la décision de dire la vérité sur Cliff et sur ma petite fille.
– Écoute, Agathe, je voulais te parler de quelque chose…
Mais je suis interrompu par Flavien qui me propose une danse. Comme si c’était le moment… J’ai une forte envie de refuser, mais je lis dans le regard de mon amie qu’elle ne me le pardonnerait jamais. J’accepte donc. Il sera toujours temps de parler plus tard.
Le jeune homme m’entraîne vers la piste de danse. Finalement, j’oublie tout en me laissant porter par le rythme. Les musiques s’enchaînent, alors que je me déhanche. Mon partenaire n’est pas en reste et nous rions de temps à autre.
Au bout d’un moment, en nage, je décide d’aller boire un peu d’eau pour me remettre de mes émotions. Flavien en profite pour le suivre. Lui aussi doit être déshydraté. Je ne me méfie pas.
Avec nos boissons à la main, nous nous asseyons dans un coin. Il me fixe alors que je fronce les sourcils. Avant qu’il n’ouvre la bouche, Justin est de retour avec une fille que je n’ai jamais vue de ma vie. Ils s’installent et nous rejoignent dans la discussion suivie de Virginie et d’inconnus. Cela dit comme ils sont d’agréable compagnie, cela ne me dérange pas.
Le temps passe, j’en prends conscience lorsque des gens se lèvent pour nous quitter ou viennent à notre table pour saluer la star de la soirée. Certains se pressent l’un contre l’autre. Difficile pour eux de cacher leurs attirances. Je ne fais qu’en sourire.
Flavien et moi terminons seuls. Il reste silencieux. J’ai l’impression qu’il est brusquement devenu hésitant. Au fond de moi, je crois que je crains le pire. Que puis-je dire pour lui couper l’herbe sous le pied ?
– J’ai une petite fille.
Flavien me fixe surpris. J’espère que de cette manière, il arrêtera de s’intéresser à moi.
– Vraiment ? Attends, tu veux dire que tu es maman ?
– Oui.
On y est.
– Mais tu as quel âge ?
– Vingt-deux ans.
– C’est aussi, mon âge.
À nouveau, il me contemple. J’ai l’impression qu’il réfléchit à quoi dire. Je me sens mal à l’aise. Mon souhait était de le faire abandonner. Je devrais parler de Cliff pour être sûr qu’il me laisse tranquille. Avant que je ne puisse me décider, Agathe vient s’installer à notre table. Elle me sourit puis se tourne vers Flavien.
– Je ne vais pas tarder à rentrer.
Il cligne des yeux.
– J’en fais de même. C’est Agathe, mon chauffeur.
Le jeune homme se lève.
– Bien sûr, je comprends.
Il paraît reprendre contenance.
– J’espère qu’on pourra se revoir, Moéna.
– Oui, moi aussi.
Je m’en voudrais d’être cruel avec lui. Après tout, ce n’est pas une mauvaise personne. En plus, je n’ai pas passé une soirée déplaisante en sa compagnie. Il ne faut pas qu’il se fasse d’idée, c’est tout.
Nous nous saluons. Les bises claquent sur les joues puis nous quittons la discothèque. L’air frais me provoque un frisson. C’est ça d’avoir passé la soirée dans un endroit surchauffé. La température des corps fait vite monter celle de l’extérieur.
Mon regard se lève vers les étoiles dans le ciel. Elles sont magnifiques et particulièrement visibles. Sans doute parce qu’il n’y a pas de nuage.
– Tu t’es bien amusée ? me demande mon amie.
– Génial !
Agathe déverrouille la voiture et nous y prenons place.
– Qu’est-ce que tu penses de Flavien ? Sympa, non ?
Je hoche la tête, peu désireuse d’approfondir cette conversation.
– Tu habites où ?
– Tu vois où est le camping ?
Elle acquiesce.
– Tu peux me laisser devant.
Je n’ose pas dire que c’est là que je vis. Mon amie met le contact. La voiture s’engage vers la sortie. De nuit, les lampadaires sont allumés sur la grande avenue nous donnant l’impression que nous sommes autorisés à emprunter un chemin de lumière. À cette heure, tout est calme, c’est un peu comme si la route n’existait que pour nous.
– Mais tu habites où ? Je ne vais pas t’abandonner au milieu de la rue. Je te dépose devant chez toi.
– Ce n’est pas nécessaire…
– J’insiste.
Je crois que je n’y couperais pas. C’est ça de vouloir rester trop secrète, arrive un moment où l’on doit parler de sa vie pour garder ses amitiés.
– J’habite au camping.
– Ah bon ? Je ne savais pas que ta famille y vivait. Vous gérez tout le complexe ?
Mes dents mordillent ma lèvre inférieure. Il y a méprise.
– Non, je suis une des résidentes. J’habite dans un camping-car.
Après cette révélation, je baisse les yeux.
– Ah… D’accord. Ce n’est pas trop chiant ?
Je hausse les épaules.
– J’ai l’habitude.
Je ne me plains pas. Je sais que Cliff n’aime pas rester trop longtemps au même endroit. Sinon j’aurais déjà fait une demande pour un appartement. Mais mon amoureux me paraît anxieux à l’idée de se fixer quelque part. Du coup, je cède pour ne pas lui causer des tracas. En plus, nous pouvons découvrir de nouvelles villes et leurs paysages.
Valiana n’en souffre pas alors pourquoi se prendre la tête. On a de quoi à vivre. Nous ne sommes pas tristes. Ai-je besoin d’une villa avec piscine ? Je repense à la maison dans laquelle j’ai grandi. Elle possédait ce genre d’aménagement.
Avec ma mère, nous avions pris l’habitude de nous baigner dès que revenaient les beaux jours. J’aurais pu passer ma journée dans l’eau pendant l’été.
– Tu ne m’en as jamais parlé… Pourquoi ?
– J’ai déjà été jugé à cause de ça. Les gens pensent que je suis le genre qui ne veut pas travailler ou qui n’a pas d’éducation. Enfin, ils ont des a priori négatifs envers moi.
Agathe paraît digérer la nouvelle.
– Mais non, t’es une fille géniale !
Cette remarque me tire un sourire. Nous continuons à traverser des rues vides. La voiture fonce sur le bitume alors que nous nous rapprochons du camping. Une fois devant, mon amie hésite.
– Je peux rentrer en voiture ?
La barrière de sécurité est ouverte. En règle général, elle l’est depuis le début de l’été pour faciliter le passage des touristes. Comme pas besoin de faire trente-six cartes ou d’avoir quelqu’un pour jouer les portiers en permanence.
– Oui. Mais si tu me déposes là…
Sans m’écouter, la voiture s’engage dans le camping.
– Guide-moi.
Aussitôt, je me mets à lui expliquer où elle doit tourner. Nous nous arrêtons à proximité de mon foyer. Agathe en profite pour me faire les recommandations d’usage alors que j’ai à peine trois pas à faire pour être chez moi. Mon regard avise une silhouette qui bouge dans la lumière des phares. Cliff se redresse. Il était sans doute assis en train de lire, tout en guettant mon retour. Ses mouvements attirent l’attention de mon amie.
– Attends, y a un type louche. Ne descends pas !
– Ce n’est rien.
– T’es sûr ? Ce mec, je ne le sens pas. Tu le connais ?
Je lève les yeux au ciel, mal à l’aise.
– C’est mon compagnon.
Moment de silence dans l’habitacle.
– Hein ? Ne me dis pas que tu es en couple avec lui !
– Bah si…
Sur le coup, je ne vois pas trop quoi répondre.
– T’as un mec ? Il a l’air vieux. Il a quel âge ?
Ma gorge se serre. Cliff n’est pas qu’un vieux type. Cliff est l’homme que j’aime. Celui qui sait prendre soin de moi, qui me donne tout son amour et toute sa tendresse, le père de ma fille.
– Trente-neuf ans.
– Il fait plus vieux ! J’ai dû mal à t’imaginer avec un homme comme lui.
– C’est quelqu’un de bien.
Une forte envie de couper court à la conversation me prend. Si je pouvais, je m’enfuirais en courant pour ne pas discuter plus en détail. Réaction puérile quand tu nous tiens…
– Mais tes parents disent quoi ?
– Rien.
Pour le coup, vu qu’ils sont morts, ça serait étrange que j’aie de leurs nouvelles. Je n’ai plus aucune famille, comme Cliff, je suis libre comme l’air.
– Même si tu vis dans une caravane ?
Elle a dit ça dans un murmure comme si elle se sentait mal de mettre en avant cette vérité. Ma main se pose sur la poignée de la portière. Je suis prête à m’échapper au moindre problème.
– C’est pour ça que je parle très peu de ma vie. Les gens trouvent notre relation étrange. Pourtant je peux t’assurer que c’est l’homme le plus gentil que j’ai jamais rencontré. Avant lui, je sortis avec beaucoup de connards. Mais Cliff n’est pas comme ça. Il a attendu toute la nuit que je rentre parce qu’il s’inquiétait pour moi. Malgré cela, il savait l’importance qu’avait cette soirée pour moi alors il m’a incité à y aller.
– T’es sûr que ce n’est pas de la possessivité ? Genre, il attend pour te fliquer.
Je secoue la tête.
– Cliff a une totale confiance en moi. Ne t’en fais pas pour moi.
Je lui fais un clin d’œil.
– On se voit lundi.
Agathe me marmonne une réponse inintelligible.
– J’ai passé une super soirée et je t’en remercie.
Après un dernier salut, je quitte le véhicule. Mon compagnon m’attend, bras croisé sur son torse. En le voyant, je me rends compte qu’il a l’air aussi agréable qu’une porte de prison. Pas étonnant qu’Agathe se pose des questions. Pourtant dès l’instant où son regard se pose sur moi, son visage s’éclaire. Il était sûrement inquiet sans oser le dire. Cliff voit toujours le pire partout.
La voiture fait demi-tour et après un signe de la main, je la vois s’éloigner dans la nuit. Mon attention se reporte vers mon amoureux. Le cœur léger, je cours me blottir contre lui. Avec une facilité déconcertante, il me soulève du sol alors que je m’accroche à son cou.
– Coucou, beau gosse. Je suis rentrée !
Après un baiser tendre, il me repose par terre.
– J’ai vu ça.
Son bras musclé passe autour de mes épaules. J’en profite pour poser la tête sur son torse. Sa présence m’ôte toujours un poids. Mon stress diminue à ses côtés. C’est un peu comme si rien ne pouvait m’arrêter. Je sais qu’avec lui, Valiana est en sécurité.
– Alors cette soirée ?
– Il faut que je te raconte. Mais avant… Tu veux boire un chocolat chaud ?
Il secoue la tête en me regardant.
– Tu sais qu’en général, c’est pour l’hiver ou pour les gosses, le chocolat chaud ?
– Laisse-moi retomber en enfance tranquillement.
– Ne perds pas trop d’années, après ça sera obscène !
Je lui tire la langue.
– Je te les refilerai. Comme ça, je resterai jeune et belle alors que tu deviendras vieux.
Il me sourit.
– Ce n’est pas déjà le cas ?
Une ombre passe sur mon visage. Je me retourne vers lui.
– Pour moi, dans mon cœur, tu es le plus beau.
– Ouais. Ça se voit que c’est dans ton cœur et pas dans la réalité, plaisante-t-il.
Pourtant c’est la vérité. Je le fixe et je me rends compte que j’aime chacun des petits détails chez lui. J’aime ses cheveux qui forment des boucles brunes dans son cou, sa peau qui brunit au soleil, ses grands yeux noirs, ses sourcils broussailleux, sa barbe sombre et même la cicatrice qui orne sa joue. Jamais, il ne m’a dit comment il l’avait obtenu, mais j’imagine que la responsable est la même que pour les autres.
– Je t’aime Cliff. Vraiment…
Devant mon air désorienté, il se penche sur moi pour embrasser mon front.
– Je sais. C’est le cas pour moi aussi.
En cet instant, je me laisse aller contre lui, profitant de sa chaleur malgré la température clémente du moment. Il me permet toujours de me sentir bien.
– Tu le veux où ton chocolat chaud ? Tu peux t’installer sur le transat pendant que je vais le préparer.
– Je vais venir avec toi.
Il hausse les épaules.
– Ensuite on s’installera tous les deux dans le transat et je te raconterai tout.
– Avec ton chocolat à la main ?
Je lui fais un clin d’œil.
– Je peux le boire avant.
Mon compagnon secoue la tête, avant d’ouvrir la porte du camping-car. Aussitôt, nous baissons d’un ton pour ne pas réveiller Valiana. Au moins, elle dort. J’espère que ça n’a pas été trop difficile avec la petite, ce soir.
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