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— Qu’ouïe-je ?

Je ne sais pas. Je regarde. Je ne vois que le vide, le dehors, le grand dedans, le néant.

— Qu’ouïe-je ?

Je l’ignore. J’observe. Je me perd;, labyrinthe d’une vie sans début ni fin ; de la main je caresse l’abîme.

— Qu’ouïe-je ?

Le bruit, le son, la voix, le murmure, le soupir glacé de l’abysse ; mon regard se fige.

— Qu’ouï-je ?

Ce ne sont que sensations, perception, impression ; taches colorées au fond de la rétine, écho de quelque chose.

— Qu’ouï-je ?

Imperceptible, indéfinie, indénombrable, indicible ; formes indescriptibles, silhouettes floues.

— Qu’ouï-je ?

Des choses, des mots, des noms ; le bras tendu, elles s’échappent, vandales, barbares, scélérates.

— Qu’ouï-je ?

Un frottement, un feulement, un ripement, un grattement. Je pense. Je songe.

— Qu’ouï-je ?

Ce n’est que désert, sécheresse. Au creux file une rivière assoiffée ; au fond un squelette édenté.

— Qu’ouï-je ?

Une ombre, une fiction, une illusion. Les coups s’enchaînent sans transition, sans à-coup.

— Qu’ouï-je ?

Le cri du fléau, le hurlement du bourreau, le rugissement de la foule, les vociférations de l’hôte.

— Qu’ouï-je ?

L’œil sanglant qui fixe la tombe. Le regard des dieux par-dessus mon épaule. La vision de la fin d’un monde.

— Qu’ouï-je ?

Le nom d’un fourreau, le sceau d’un suppôt, la tête d’un démon.

À genoux, je contemplais, j’ouïs, de mille voix, s’époumonent des millions de poitrines, un cri, un soupir, un répit ; ma lame enfoncée dans le vice.