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Des mots ! De la nature du mot ! De l’espèce peut-être.

Il paraît qu’ils sont de toutes sortes : gros, soutenu, vulgaire, beau, bon, juste, dernier, maître, vain, dur, gentil, cru, propre, usité, vide, obscène, poli, assassin, équivoque, étranger, bizarre, affectueux, flatteur, bref, badin captieux, malencontreux, gracieux.

Voyez-vous bonnes gens ! Je suis marchand de mots. À la pesée, à la criée, à la hurlée, les mots vous sont toujours chers, quand ils ne sont pas rares. Il… Il paraît même, oui, oui, que l’on peut guérir des maux avec des mots. Tenez ! Voyez ! Là-bas ! Cet endimanché enturbanné ! L’an dernier, alors qu’il s’en allait fêter la fin de l'année, il s’est payé de mots ; de ceux qui vous assurent, brisures, fêlures, blessures, fracture, facture.

Pourquoi me direz-vous ?

L’avait-il bien cherché ?

Il faut croire ! Il a confondu les aux avec les os ; une histoire d’o quoi. Ainsi donc, pensant leur tondre sur le dos, le voici qui dut répondre de ces maux.

— Ah mes saigneurs ! Quel malheur m’a conduit ici, devant vous, devant cette chambre d’infamie. Car oui, d’infamie il est question. C’est grande injustice que vous me faites là ! Je désirais seulement leur rendre la laine fraîche.

— Avec des os ! s’était alors exclamé le juge de paix.

— Mais oui ! Avec des aux ! Enfin ! Voyez ces belles têtes comme elles sont bien formées, blanches, fermes et rebondies. Elles soignent tous les maux, même de ceux qui vous font le plus grand mal.

— Alors, pourquoi avoir profané toutes ces tombes ?

— Ah mon bon saigneur. Il s’agit là d’une histoire de mots, de faux jumeaux. Quand j’ai demandé au ministère, un homme honnête en tout point, de beaux aux, il m’assuré tout de go de son concours. Comment aurais-je pu deviner que de la nature du mot dépendrait ainsi ma vie ? Ah ! Miséricorde ! Que de mots pour de simples aux.