La semaine est passée plus vite que je le pensais. Trop vite même. Je n’ai pas fais grand chose à part ce que j’avais prévu, au grand désespoir de ma mère, qui insistait pour que je sorte un peu découvrir cette nouvelle ville. Mais après tout elle était comme toutes les autres dans lesquelles on a vécu.
Ce jour-ci était donc celui de la rentrée. Après avoir éteint mon réveil je suis restée quelques minutes allongée, d’une part pour prendre le temps de me réveiller et d’autre part parce que je n’avais pas du tout envie de me lever. Mais comme j’entendais ma mère m’appeler pour la troisième fois, voulant s’assurer que j’étais bien réveillée, j’ai fini par trouver le courage de sortir de ma couette. J’ai enfilé les premiers vêtements qui me tombaient sous la main, c’est-à-dire un jean bleu foncé et un tee-shirt blanc. J’ai arrangé mes cheveux comme je le pouvais et une fois prête j’ai descendu les marches bruyantes pour me rendre dans la cuisine.
Le petit-déjeuner se passe en silence. Une fois terminé j’enfile ma veste en cuir noir et entre dans la voiture en compagnie de mon père, qui avait déjà trouvé un travail avant d’arriver à Cleveland et commençait aujourd’hui. Il remplaçait un médecin dans un cabinet assez proche de mon nouveau lycée. Être médecin est très pratique car même si on voyage beaucoup, il trouve toujours un moyen de travailler, que ce soit dans un cabinet ou encore dans un hôpital. Le trajet se passa tout autant dans le silence, que j’avais comblé en écoutant de la musique, écouteurs aux oreilles. Décidément mes parents avaient décidé de rester presque muet aujourd’hui.
Après avoir rapidement salué mon père, me voilà seule devant cet immense lycée nommé “Cuyahoga Heights High School”, un nom à rallonge difficilement prononçable. Mais je ne m’attarde pas trop sur la structure et tout ça, je veux juste que cette année se termine vite donc je vais me contenter de me repérer pour le strict nécessaire, c’est-à-dire pour mes salles de cours.
L’intérieur est très blanc, tout se ressemble. Après avoir complété quelques papiers pour confirmer mon inscription, j’arpente les couloirs à la recherche de ma salle de classe. Lorsque j’entre enfin dans la salle après l’avoir trouvée, la plupart des gens me dévisage. J’y suis habituée depuis le temps, mais c’est toujours un peu gênant. Je garde cependant un visage stoïque et m’assoie à une table au fond de la salle, près de la fenêtre. Regardant l’extérieur et ayant gardé mes écouteurs, je ne pouvais pas mieux faire pour indiquer aux autres que je ne voulais avoir affaire à personne.
Cette technique avait fonctionné encore plus que je ne l’avait prévu. Personne ne m'avait approché de toute la matinée. Mais lors d’un creu entre deux cours, un petit groupe de trois filles sont venues vers moi, tentant d’en savoir un peu sur moi en plus de mon nom et prénom que les professeurs avait prononcés lors de l’appel. En les observant, j’ai tout de suite compris. Elles sont le cliché du petit groupes de pimbêches populaires du lycée, trop maquillées et s'esclaffant beaucoup trop. Elles tentent de m’ajouter à leur petite communauté d’hypocrites. Car tout le monde le sait, ce genre de filles sont les pires en terme d’honnêteté. Par exemple, elles me parlent actuellement de mes mèches “stylisées” et de ma “beauté”, mais elles ne se privent pas ensuite de cracher leur venin entre elles me concernant, peut-être sur mon style vestimentaire trop fade ou autre. J’ai déjà connu ça et depuis je déteste ce genre de fausse relation d’amitié. Alors ce ne sont pas ces filles qui me feront changer d’avis concernant la décision que j’ai prise, à savoir n’avoir aucune relation que ce soit, avec qui que ce soit dans ce lycée. Voyant que je me fiche de ce qu’elles racontent, me contentant de les regarder tour à tour d’un air à moitié blasé, elles finissent par lâcher l’affaire et partir. Elles auront mis du temps à comprendre, mais au moins maintenant je suis tranquille.
Le reste de la journée s’est terminé calmement, malgré les regards insistants que me lançait les trois présomptueuses. À mon avis comme j’ai refusé de leur parler elles doivent certainement me détester, blessées dans leur égo, mais qu’importe.
Une fois chez moi, je salue ma mère puis monte dans ma chambre pour poser mes affaires. Mais à peine ais-je posé mon sac sur mon lit que ma mère m’appelle soudainement, me demandant de la rejoindre. Je redescend alors directement.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- J’aurais besoin d’un petit service. Cette maison est assez ancienne et l’installation électrique aussi, et donc les plombs ont sautée et on est dans électricité depuis midi.
- Je suppose donc que tu veux que j’aille y jeter un œil, voir si je peux le relancer avec un petit coup de pouce ?
- S’il-te-plais, merci ma chérie.
- Pas de soucis, il faut bien que mon don sert à quelque chose.
En effet mon don étant l’électrokinésie, il s’avère utile dans un cas comme celui-ci. Ce don que je possède, je le sens grandir en moi depuis ma naissance. Je ressent toute cette électricité parcourir mon corps et s’intensifier de jours en jours. Au début, je ne provoquait que de petites décharges quand j’entrait en contact avec quelqu’un. Mais plus je grandissais, plus le taux d’électricité en moi faisait de même. De simples petites décharges je suis devenue un taser humain. J’ai appris peu à peu à maîtriser mon don, à force d’entraînement. Je le contrôle donc parfaitement maintenant. Enfin je sais manier mon électricité, mais l’intensité utilisé est un peu difficile à contenir.
Arrivée devant le panneau électrique dans le garage, guidée par ma mère, j’ouvre ce dernier. Je n’y connais vraiment pas grand chose, alors je me contente de relever les petits disjoncteurs après avoir lâché quelques volts dans l’appareil. Étrangement, ça à l’air d’avoir fonctionné. Ma mère, partie vérifier cela, me le confirme puis me remercie à haute voix depuis ce que je devine être la cuisine.
Satisfaite d’avoir été utile grâce à mon don, je remonte dans ma chambre après avoir rapidement répondu à ma mère concernant ce premier jour de cours. Je me suis allongée sur mon lit et pour ensuite continuer de lire mon bouquin de science-fiction. Cette nouvelle année à Cleveland ne commence pas si mal, la solitude me plais plus que je ne l'aurais pensé.
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