Extrait de Boston : an Alternative and most Secret History, anonyme, date inconnue.

« En 1630, John Winthrop, fondateur de la Massachusetts Bay en Amérique, disait de sa colonie qu'elle était perchée sur la colline du monde. The City upon a Hill, l'appelait-il, scrutée et admirée, selon lui, par la Terre entière. Il était fier de sa jeune colonie et prêt à en faire un exemple pour tous les peuples, à travers tous les âges. Il fondait la Nouvelle-Angleterre et ses racines puritaines strictes, fortement préoccupées par la moralité. Boston, qui deviendrait une des principales villes du Massachusetts, ne formait alors qu'un petit camp. Elle était destinée par la force des choses à devenir le berceau de ces rêves et idéologies. Le paysage des colonies voisines était loin d'être semblable : quakers dans le Maryland, catholiques ayant fui la vieille Europe en Pennsylvanie.

Les temps d'intolérance religieuse en Massachusetts firent plusieurs retours plus ou moins notables dans l'Histoire, mais celui qui nous intéresse eut lieu à la fin du XXe siècle. Le processus fut accéléré par la guerre en Irak, lancée en 1991 par les dirigeants des Etats-Unis à la recherche des Armes de Destruction Massive que l'Irak cacherait. Pur produit de la paranoïa ? Simple prétexte pour assurer une présence américaine dans la région et s'approprier ses nombreuses sources de pétrole ? Nul ne le sait. La guerre fait toujours rage, et l'impact psychologique s’en fit lourdement ressentir dans le Massachusetts. Le fantôme de Winthrop veillait. En cette période trouble où l'appât du gain transparaissait sous les mensonges de paix et de justice, en ces temps de peur et de xénophobie protectrice, il était plus que jamais nécessaire de redevenir cette City upon a Hill légendaire et de donner un exemple moral au reste de la nation.

Le Quatrième Grand Eveil religieux était en marche.

Il n’était plus question de liberté de culte ; la Constitution américaine subit des affronts répétés dans plusieurs Etats et nombre de ses articles ne furent pour ainsi dire jamais respectés. A Boston et alentours, le retour à la moralité impliquait entre autres de partir en croisade contre les hérétiques. Il faut savoir que depuis le schisme instauré par Henry VIII en Angleterre, au XVIe siècle, catholicisme et protestantisme ont rarement fait bon ménage, et ce malgré les similarités que l’on peut constater avec l’ancienne religion selon les courants protestants.

Ce fut plus qu'une chasse aux sorcières. Ce fut une guerre urbaine menée pendant près de vingt ans, alors que la grande guerre continuait en Irak. A Boston, on entrait dans les églises catholiques l'arme au poing. On traquait les pratiquants. On fouillait de fond en comble leurs quartiers de prédilection : Roxbury, Mattapan, Dorchester... jusqu'à l'interdiction pure et simple du culte catholique, prononcée par le gouvernement du Massachusetts en mars 2010. »