Chèvrefeuille — azur-anxiété.
Inquiète, Griselle fixait l’horizon, pensant à son pays. Son royaume, dans la neige et le froid, était plus original que celui où elle se trouvait. Il y avait ici un vent plus doux. L’astre de midi brûlait la peau aussi sûrement que le faisait le gel, mais sa morsure s’en différenciait cependant par ses effets secondaires. Chez elle point de coup de soleil ni de teint hâlé par la brise. L’azur du ciel rejoignait celui de la mer en une ligne parfaitement droite. Seuls quelques dragons marins brisaient l’instant en sautant dans les rouleaux du ressac. La Princesse soupira. Qu’allait-elle faire ? Le Prince Xavier lui plaisait. Du moins, la flamme qui dansait au fond de ses iris turquoise l’envoûtait. Pour le reste, son visage se dissimulait sous sa chéchia et ne permettait aucun regard.
Elle fit quelques pas le long de la grande terrasse abritée d’un auvent de tuiles bleues, s’arrêta non loin du dernier pilier et huma l’air. Une merveilleuse odeur de chèvrefeuille envahit son espace. Elle tourna avec lenteur la tête sur sa droite pour découvrir que les fleurs grimpaient au poteau carré pour se répandre, anarchiques, sur le toit. Jaunes et blanches, elles s’entremêlaient dans un chaos organisé qui ravit Griselle. La nature avait un esthétisme que jamais l’homme ne lui ravirait, se dit-elle.
Son regard glissa en douceur de l’arbuste à la plage. Au loin, pieds nus, un inconnu jouait avec les vagues. Son attitude mélancolique contrastait avec son pantalon retroussé jusqu’aux genoux et son torse nu. Une chose surprit la Princesse de Grubens, malgré son habillement décontracté, adapté à son activité, l’intrus gardait son turban. Se baignaient-ils donc voilés ? Devrait-elle en faire de même ? Cette tradition lui convenait parfaitement. En effet, la jeune fille ne se trouvant pas jolie, masquer son visage ne lui semblait pas être une mauvaise idée.
Soudain, son anxiété monta d’un cran. Arriverait-elle à s’intégrer à son nouveau foyer ? Son acte de témérité l’éloignerait-il de la couronne de Xipés ? La colère envahit aussi brusquement son être. Quel crétin, ce Prince ? La prendre pour une idiote pour avoir souhaité être libre. Libre de se faufiler dans le marché. D’en sentir les parfums sucrés de pâtisseries étranges aux saveurs encore jamais goûtées. D’en admirer la couleur des pétales d’étoiles de mer. Elle avait vibré de la folie semée par les bébés dragons, avait ri de leurs facéties. Xavier désirait l’enfermer dans un palais certes beau, mais clos.
Ses pas la menèrent jusqu’au rivage. Ses pieds se délectaient d’être en contact avec le sable chaud autant que fin. Ses orteils s’enfonçaient avec délice entre les grains. Cette sensation apaisante la ravit. Elle continua d’avancer en direction du grand jeune homme qui venait en sa direction. Les voiles de sa tenue se soulevaient au grès du vent. Ils léchaient ses jambes nues et la distrayaient de leur caresse indolente.
Un rouleau, plus téméraire que les autres, la surprit. Elle sursauta et poussa un petit cri. Pourtant, l’eau n’était pas froide. Griselle rit de sa bêtise, elle remonta ses jupes jusqu’à mi-cuisses, et elle recommença l’expérience. Délicieusement délicieux. La fraîcheur des éclaboussures picotait sa peau. Le mouvement imprévisible des vagues attisait son envie de jouer.
– Vous n’êtes vraiment pas une Princesse conventionnelle, se moqua dans son dos une voix douce.
Griselle sursauta. D’un bond, elle fit volte-face et se retrouva devant Xavier.
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