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Une fois les bougies éteintes, seul le feu de la cheminée éclaire la pièce. Cela me permet de distinguer le visage d'Eléanore dépasser des couvertures. Je ne pense pas qu'elle dort mais ses yeux sont fermés. Elle n'est pas totalement apaisée, je le sens. Je l'imagine sûrement en train de se poser un tas de questions et à imaginer tous les scénarios possibles pour la suite.

Moi-même, je n'arrive pas à fermer l'œil. Je finis par détourner le regard d'Eléanore pour le diriger vers la cheminée. Hypnotisé, je me perds dans les flammes dansantes. Je pense alors à l'incendie dans lequel a péri ma mère biologique. Cette mère que je n'ai jamais vraiment connu a du endurer tellement de souffrance. Cela fait alors remonter en moi des souvenirs que je ne pensais pas avoir. Le contact des mains douces de ma mère sur ma peu de bébé. Je la ressens à travers le courant électrique qui parcours tout mon corps, ce même courant qui l'animait elle. Et qui a causé sa perte... Une profonde tristesse m'envahit en imaginant que cela aurait pu se passer autrement. Que cette mère aurait pu être un mentor, qu'elle aurait pu m'enseigner, m'apprendre à contrôler ce pouvoir. Or, rien de tout cela n'est possible. Je suis livré à moi même, aux mêmes dangers auxquels elle avait dû faire face à l'époque et qu'elle n'a pas réussi à braver.

-Alexandre ?

Je sursaute lorsqu'une douce voix me sort de mes pensées. Eléanore s'est redressée sur son coude et me regarde avec ses jolis yeux fatigués.

-Oui ?Tu n'arrives pas à dormir toi non plus ?

-Non...je... enfin... ça me rassurait un peu plus si... tu venais prêt de moi.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. J'essaie de rester le plus neutre possible face à sa demande mais j'ai l'impression que mon corps entier est sur le point d'exploser. Eléanore vient de me demander de dormir à ses côtés. Comment refuser une telle offre ?

-Euh...oui, bien sûr.

Doucement, je me lève. Elle se décale pour me laisser une place derrière elle. Je me glisse délicatement sous la couverture et Eléanore blottie son dos contre mon torse. Timidement, je l'entoure de mon bras. Il fait tout de suite beaucoup plus chaud. Il fait même tendrement chaud je dirais. C'est agréable. Je peux alors observer un sourire furtif sur les lèvres d'Eléanore.

- « Il n'y a que cette nuit pour être toute seule avec lui. Oublier le temps et de n'être qu'à lui ».

J'hausse les sourcils, très surpris. Tout à l'heure, je m'étais dit que la voix d'Eléanore était la plus belle chose que j'avais entendu. J'avais tort. C'est sa voix chantée que je préfère.

-On est assez proche maintenant.

Elle sourit. Je ne peux m'empêcher de faire de même. En guise de réponse, je resserre mon étreinte. Je pense que je suis prêt à passer la plus belle nuit de toute ma vie.