Il s'appelle donc Alexandre. Enfin, je pense. Il est difficile de se comprendre quand vraiment aucun son ne traverse un mur. Je me demande quel type de verre peut insonoriser ainsi. C'était à mon tour de me présenter et cela ne sera pas aussi facile de se faire comprendre en vu des syllabes qui composent mon prénom. J'essaie sa méthode, en vain. La situation nous fait beaucoup rire et cela me fait beaucoup de bien après tous ces événements. Malgré mes nombreux essais, Alexandre ne semble toujours pas me comprendre. Une idée me vient alors à l'esprit. Je me mets à souffler de l'air sur la vitre pour créer de la buée. Il fronce les sourcils, perplexe, avant de deviner où je veux en venir. Le verre doit vraiment être spécial car la buée ne reste pas très longtemps mais ce sera assez efficace le temps d'écrire chaque lettre de mon prénom une par une: «E-L-E-A-N-O-R-E». Il suit chacun de mes mouvements et hoche de la tête en le répétant en entier. Alors, il pose sa main sur la vitre en disant un « enchanté » que je n'ai pas trop de mal à lire sur ses lèvres. Je fais de même. C'est un peu comme si on venait de se serrer la main. Nous restons quelques instants dans cette position, à se regarder. La couleur de ses yeux est vraiment indescriptible. La partie poétique de mon être à envie de l'appeler «ciel orageux» et l'autre tout simplement «gris bleuté». Je suis fascinée par la lueur qu'ils dégagent. Son sourire a quelque chose d'apaisant même si je pense que cette sensation vient du fait que c'est la première personne « normale » que je vois depuis que je suis ici. Il n'est que légèrement plus grand que moi et les petites ondulations dans sa chevelure noire lui donne vraiment un air mignon.
Mes pensées s'envolent aussitôt que je sens mon ventre gargouiller. Je lui fais donc signe que je vais aller finir de manger et il fait de même. Pendant notre repas, nous jetons quelques regards l'un à l'autre. C'est agréable de savoir qu'il est là, de l'autre côté. Ce vide devenait vraiment pesant. Moi qui ai l'habitude de tout faire en musique, je n'ai pas l'habitude de ce silence incessant. Je me mets à penser à mes amis qui sont aussi les membres du groupe de rock que nous avons crée. Ont-ils remarqués mon absence? S'inquiètent-ils pour moi ? Et les répétitions du vendredi soir? Et mes parents? L'angoisse s'empare de moi à nouveau à la pensée de leur inquiétude pour moi. Je les imagine déjà prévenir la police de ma disparition, organiser des recherches, imprimer des affiches... Il faudrait que je les contacte pour leur dire que je vais bien mais je doute que le docteur Sinclair m'en donne la permission. Regard dans le vide, yaourt à la main, Alexandre remarque ma mélancolie. Quand je finis par relever la tête, je le vois me demander si je vais bien. Je lui fais signe que oui. Je souries. Je ne le connais pas mais il est là et c'est amplement suffisant. Alexandre est là.
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