Pourquoi vous inscrire ?
«
»
Lecture

Il ouvrit un œil, le referma puis il ouvrit les deux yeux et bondit sur sa chaise, quel heure était-il ? Jetant un coup d’œil à la fenêtre il constata que le soleil était déjà bien levé et même presque au zénith. Il ébouriffa ses cheveux d’où tombèrent une foultitude de petites feuilles vertes, ses recherches n’avaient donc rien donné mise à part une drôle de coiffure, parfait. Après avoir allumé le feu sous la marmite il s’étira et alla chercher son courrier. Sur la boîte au lettre s’étirait en lettres vertes Mr Hubert Grain, Botaniste. Son regard se posa sur l’enseigne qui grinçait de désespoir en attente d’une éventuelle maintenance et comme d’habitude il lui répondit un « Jemenoccuperaisplutard ».

Il prit une bolée de soupe et s’installa à table. Des notes de frais en majorité, tiens le teinturier, l’Acidia Sirupeuse devait avoir diablement taché sa chemise vu le prix du service ! Lorsqu’il tomba sur une lettre dont le cachet lui était inconnu, le parchemin était d’un blanc crème élégant, ça c’est sur, ça ne venait pas de Gardanville, les villageois étaient bien trop pauvres pour s’offrir un tel papelard. Il était néanmoins impossible que ce soit une erreur, l’adresse du destinataire était clairement la sienne, il l’ouvrit et déplia le parchemin avec soin.

Aucune missive, uniquement le schéma très détaillé et documenté d’une plante. Celui qui lui avait envoyé ça savait pertinemment qu’il piquerait sa curiosité. Il alla s’asseoir à sa table de travail, chaussa ses lunettes à loupes et prit son propre carnet de note :

- Voyons voir, feuilles simples, bord de limbe dentées, petites fleurs tubulées, une astéracée donc, dicta t-il en gribouillant. Il s’intéressa aux observations annotées sur le schéma, la plante vivait en environnement montagneux, pas dans les sommets mais à flanc de montagne et plus rarement aux pieds de celles-ci. De sa fenêtre, il pouvait très clairement apercevoir le Mont Khalud qui le toisait de toute sa hauteur. Il lut enfin : propriétés magiques inconnues, le parchemin n’indiquait rien de plus, mais c’était bien suffisant pour Hubert, cette plante devait sans doute valoir une petite fortune.

C’était décidé, il fouilla dans sa malle à la recherche de sa pelisse et de ses outils de récolte. Il fourra dans sa besace quelques fiole et il s’empara de son herbier. Il éteignit le feu sous la marmite et quitta la petite chaumière. Dans le village, il récupéra quelques vivres à l’épicerie et puisa plusieurs outres d’eau dans le puits qui décorait la place. Les villageois le regardaient s’agiter, soupirant et hochant la tête d’un air de dire : « Qu’est-ce qu’il va encore aller nous chercher qui va nous mettre dans la panade ? ». Comme d’habitude, il ne s’en formalisa pas.

Le chemin était facile jusqu’au pied du Khalud, la montée elle, semblait être un peu plus sportive. Plusieurs fois il avait glissé sur le chemin recouvert de petits cailloux qui s’enfuyaient sous ses pas, se raccrochant de justesse aux rocs qui l’entouraient, perdant parfois quelques mètres dans la glissade. Refusant d’abandonner, il grimpa jusqu’à trouver un endroit où dormir. Il trouva une petite grotte qui ferait l’affaire, le soleil commençai déjà à se coucher. Il déposa ses affaires contre la roche et poussa un soupir en extirpant une outre de sa besace, il prit quelques gorgées d’eau.

- Y a quelqu’un ? Fit une voix dans les ténèbres, Hubert en cracha sa boisson :

- O… Oui, je suis à l’entrée, dit-il timidement. Je suis désolé je ne savait pas que cette grotte était habitée.

- J’aurais dû vous accueillir comme il se doit, fit la voix qui approchait. Le botaniste s’apprêtait à partir quand la voix le retint :

- Je vous en prie faites comme chez vous, Je m’appelle Archibald ! l’inconnu tendit la main, enfin la patte… LA PATTE ! Une énorme patte d’ours était sortie de l’ombre et Hubert leva la tête pour apercevoir le visage de la bête qui semblait lui sourire de toutes ses dents, ou bien lui faire comprendre qu’il allait finir dans son estomac. Il enfila sa besace et prit les jambes à son cou en hurlant comme un dératé. Venait il vraiment de rencontrer, un ours qui parle ? Il dégringola dans la montagne et atterri en lisière de foret, il ne pouvait pas remonter au risque de recroiser Archibald. Il trouverait bien un endroit où dormir, une petite clairière ferait très bien l’affaire. C’est justement quelques mètres plus loin qu’il trouva une petite zone plane et sans racine et il décida d’en faire son lit pour la nuit, il s’endormit à la lueur rassurante des lucioles.

Hubert avait bien dormi mais il avait été réveillé par des chuchotements intempestifs. Il découvrit un peu plus tard que ses chuchotements venaient d’une ruche d’abeilles qui se trouvait à proximité. Il devenait fou, il ne voyait pas d’autre explication, il entendait très distinctement les animaux parler. Il décida de suivre les abeilles qui continuaient de jacasser, se demandant comment elles réussissaient à se comprendre dans une telle cacophonie. Les plantes vers lesquelles elles se dirigeaient lui rappelaient celle qui se trouvait sur le parchemin. Il se frotta les mains, c’était bien la plante, il se demandait si la substance fonctionnait dans l’autre sens et approcha les étamines de sa langue, le pollen était un peu sucré et très parfumé :

- Je m’appelle Hubert ! Dit-il.

- Bonjour Hubert ! Firent les abeilles en cœur.

Il bondit d’enthousiasme et commença à embarquer soigneusement quelques pieds de la plante, puis il eut une idée. La grotte semblait vide, il se risqua à y entrer de nouveau :

- Archibald ? Je suis venu m’excuser, je peux entrer ? Il entendit l’ours s’avancer et se retint de reculer.

- Je vous comprend, vous parlez ours ?

- Occasionnellement on va dire, il tendit la main pour lui serrer la patte. Je suis vraiment désolé, j’ai été très malpoli avec vous, venez donc boire le thé à la maison, pour me faire pardonner.

-Eh bien, je ne peux pas vraiment refuser, je crois.

C’est ainsi qu’ils se mirent en route, inutile de vous parler de la réaction des villageois en voyant le botaniste arriver au village avec son nouvel ami. Inutile également de vous dire que notre cher Hubert n’a plus jamais eu à s’inquiéter de ses notes de teinturier. Mais un mystère demeure, qui l’avait donc envoyé sur la piste de la désormais célèbre Hubertia Blablatinus ?


Texte publié par Valkyria_Myklebust, 30 avril 2020 à 17h15
© tous droits réservés.
«
»
Lecture
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2836 histoires publiées
1285 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Fred37
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés