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Chapitre 6

" Let it be, speaking words of wisdom, let it be, let it be..."

Lya chante avec la radio, ce titre des Beatles qu'elle sait par coeur. Elle a mis la musique un peu fort, tant pis pour les voisins, le temps d'un titre ça ira bien... Elle est de bonne humeur aujourd'hui, "Double-feu" avance très bien et ce soir, elle va au ciné avec Marion et Alex. La météo est agréable, le frigo est plein, tout va bien !

Elle esquisse trois pas de danse pour aller baisser le son, maintenant que sa chanson est passée et en profite pour se verser un jus d'ananas.

- "A ta santé, Louis Landret !" déclame-t-elle au milieu de sa cuisine, sans peur du ridicule !

Elle a déjà une petite idée de la façon dont elle va commencer son seizième chapitre. Sans doute l'intervention de son supérieur, donnera à Landret, l'occasion d'un petit bilan sur les avancées de son enquête. Elle passe son verre sous l'eau, se lave les mains en prenant l'habitude de garder sa bague (- c'est aussi pratique finalement-) et repart s'asseoir dans le canapé cette fois, avec un album de B.D en guise de support pour poser ses feuillets. Position un peu inconfortable, il faut bien le dire, mais qui semble lui convenir pour le moment. Prenant une respiration, comme si elle comptait écrire tout ce chapitre en apnée, elle note en haut de page: " Chapitre seize".

" Louis Landret était de bonne humeur ce matin. Ce Bruno n'était pas très solide, il avait raconté sa version des faits, sans faire d'histoire... Grâce à la combine d'un certain Nicolas, ils avaient récupéré une cinquantaine de portables qu'ils écoulaient pour pas trop cher, pour eux l'affaire étant tout bénéfice, puisqu'ils ne les avaient pas payés. Ce petit groupe, c'étaient Nicolas, Bruno et Stéphane.

Après avoir gratté un peu, le Nicolas s'avérait avoir disparu le 24 juin, sans doute avait-il préféré se faire oublier après cette petite magouille... Mais selon Bruno, ils n'avaient revendu qu'une dizaine de portables et leur petit business était donc en cours... L'hypothèse ne tenait pas du tout....

Lucas arriva dans le bureau de Landret, avec des infos sur ce Nicolas :

- ...ça va pas nous aider beaucoup, je crains. Ecoute (- je me rappelle plus s'ils se tutoient ou pas ? je vérifierai après...-) Ecoute : Nicolas Redain, vingt huit ans, à peu près comme les autres, vit seul dans un studio à Aguessac , travaille en intérim de temps en temps. Sa mère habite dans la région, ( du bout des doigts, Lya attrape la carte routière sur les étagères près de son canapé pour trouver un nom de ville, voyons, vers... Le Rozier, euh non... Peyreléau !) vers Peyreléau , elle ne le voit pas souvent et n'a aucune idée, sur ce qu'il fait, ni de pourquoi il ne donne pas de nouvelles. Aux différents messages qu'elle a laissé sur son téléphone, il n'a jamais répondu depuis ce 24 juin. Il n'a ni frère, ni soeur et pour l'instant, je ne lui connais pas d'autres copains que Bruno. Ils avaient monté pas mal de petites combines ensemble alors que Stéphane est nouveau. Ah oui, Nicolas joue au poker d'après sa mère, mais il faut que je retrouve la salle de jeux...

Les deux hommes se regardèrent, un temps perplexes et Lucas ajouta :

- Et ce Bruno, si on le secouait un peu, il parle gentiment... on pourrait en savoir un peu plus long, sur l'absence de son collège, comme ça, au beau milieu de leurs petites affaires ! "

Waaah, Lya a le dos en compote, vautrée sur le canapé. De plus, elle écrit comme un cochon. Elle se relève en se massant les reins, comme une grand-mère qui a du mal à se bouger. Elle pose sa prose sur la table et commence quelques mouvements de relaxation. Le refrain des Beatles, qui avait quitté son esprit tandis qu'elle écrivait, lui revient et c'est en fredonnant, qu'elle trottine jusqu'à la salle bain. Sur fond de cascade de chasse d'eau, elle chantonne toujours et gardant toujours le fil de son récit, dans un coin de son cerveau, elle se repenche sur ses pages, comme si de rien n'était, après cette pause. C'est alors que son idée première lui revient :

- Mais je devais faire un bilan, à l'occasion d'un appel du supérieur de Landret !! Bon, ce n'est pas grave, ça viendra après.

On le sait, Lya n'est pas très rigoureuse sur les plans, mais bon an, mal an, son histoire se tient et elle avance. Elle imagine l'interrogatoire de Bruno, raconte les déplacements de Lucas, sur le terrain, pour avoir des indices sur d'éventuels copains de poker et il finit par dégoter, rue Benjamin Franklin, un petit restaurant avec salle de billard et dans un recoin, une table de jeu.

Lya s'amuse à détailler les quatre gars qui étaient là et comme, en tant que joueurs de poker, il était difficile de lire le moindre sentiment sur leurs visages.... Pas d'effet de surprise devant son insigne de policier, ils étaient restés de marbre. Aucun sourcillement, quand Lucas avait dit le nom de : Nicolas Redain. Impassibles, face à ses questions. Sentant qu'il avait peu de chance de ce côté là, Lucas les laissa et se posa au comptoir pour commander une bière. Ce mois de juillet ne trahissait pas sa renommée d'être un des plus chauds de l'année et le policier sentait sa chemise se coller à son dos. Il faisait plus frais dans ce petit restau, grâce à l'air climatisé et il n'avait plus trop envie de bouger.

Et il avait bien fait, car un quart d'heure après, il avait vu trois des joueurs repartir et se séparer sur le trottoir baigné de soleil. Et le quatrième ? Et bien, il avait débarqué à peine plus tard ; il était venu s'asseoir au bar, sur le tabouret haut, à côté de celui de Lucas. "

- Ouf, quelle heure il est ? Et bien ce chapitre-là, c'est dans la poche. Reste plus qu'à réfléchir aux révélations que va lui faire, ce gars-là au sujet de Nicolas et c'est bouclé !

N'en doutez pas, pour fêter cela, un carré de chocolat fut croqué ! Il était en fait dix-huit heures. Il était temps pour Lya de se préparer pour rejoindre ses amis. C'était quoi déjà le film ? Ah oui, je voulais voir : " Au revoir là- haut" et Alex préférait un film de Lelouch, je crois.. on verra bien !

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