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Chapitre 3

" Louis Landret tapotait du bout des doigts sur son bureau, ce geste semblait favoriser sa réflexion. Il essayait de cerner le caractère complexe de ce Stéphane : la trentaine mais il a des allures et des comportements d'adolescent. Il s'exprime tout à fait correctement mais s'attache à un tas de détails quand il parle, ce qui a pour effet de perdre son interlocuteur. Dans ce flot de petits faits insignifiants, on ne trouve plus l'essentiel de la réponse. Le fait-il exprès ou ce n'est pas voulu ? Difficile à dire. Et puis cet emploi du temps de la journée de ce 28 juin.... Landret sentait que quelque chose clochait. La vraisemblance non, on avait vérifié bien sûr, tout était possible et s'enchainait parfaitement. Pourtant Louis Landret aurait parié gros, qu'il manquait une pièce dans ce puzzle.

- Lucas !

De l'autre bureau, juste à côté, on entendit la réponse claironnée de son adjoint :

- Oui ! Juste une petite minute... voilà, j'arrive

- Lucas, combien de temps on met pour aller du Vigan à Vallerauque ?

- Une demie-heure, je pense...

- Et il venait d'où, avant d'arriver au garage du Vigan, pour son plein ...

- Euh... ben de St Jean du Bruel, il a dit qu'il avait déjeuner dans un bar, le patron a confirmé.

- Mais il n'a pas vraiment donné d'horaire précis ?

- Euh... attends , je vais te dire ça, je vérifie.

Lucas disparut un moment, Landret avait toujours ce petit mouvement des doigts sur le plateau de son bureau, pas vraiment nerveux, régulier, patient...

- Non, en effet, c'est évasif, cria Lucas, à travers la paroi.

- On n'a pas vérifié un ticket de caisse ou quelque chose comme ça... demanda Landret, en poussant sa voix.

- Ben non, je pense pas...

Landret se leva pour aller rejoindre son collègue et tous deux penchés, sur la déclaration du patron du " Café des Sports ", relisaient l'ensemble du rapport.

- Il faut absolument éclaircir ce point-là, Lucas. La victime habite à Trèves, il aurait très bien pu avoir te temps d'y aller puis repartir pour Le Vigan...

Les deux policiers se séparèrent, chacun savait ce qu'il avait à faire..."

Lya appose un vigoureux point final, souriante, enthousiaste.

Et voilà, chapitre treize rondement mené. Je sens que ça roule ! Je l'ai bien, la suite, le déroulement qui va mener vers la conclusion. C'est pas mal, tout ça ! Lya ne cesse de se dire à elle-même tous ces petits encouragements, elle a appris à prendre soin d'elle et à toujours soigner sa bonne humeur et son moral. Elle casse un petit carré de chocolat, la récompense, ça aussi ça fait partie du programme ! Ce bouquin, elle l'aura écrit à la sueur et au chocolat !

Midi déjà. Elle file prendre une douche, puis elle vide le panier de linge à laver dans la machine. Quand même, on ne peut pas toujours vivre dans les Cévennes, le quotidien est là qui la rappelle à l'ordre de temps en temps. Tandis que tourne la machine, elle zigzague entre la cuisine et la salle de bain, enfourne la belle part de quiche qu'elle a achetée, hier, chez le traiteur et arrose au passage son aréka, qui n'a pas dû voir une goutte d'eau depuis le début de la semaine, bien que son feuillage soit toujours joliment vert. Cette énergie lui vient de quelques lignes dont elle est contente ! Elle est comme ça, Lya ! C'est pas si compliqué !

Elle finit de s'habiller, tout en retournant vérifier un passage de son manuscrit, repart pour se laver un verre et une assiette, l'odeur de la cuisson emplit joyeusement l'espace, elle dégage un peu de place sur sa table pour caser son ordinateur portable. Elle va s'organiser un petit repas devant son écran. Scrabble avec l'ordinateur. Il a beau avoir avalé le dictionnaire, elle aime bien jouer contre l'ordi. Elle a réglé les capacités de la machine à quatre-vingt pour cent, et à ce compte là, elle gagne de temps en temps. Et c'est ainsi qu'alternant une bouchée et un mot casé, Lya se détend un bon moment, tranquille, puisque "Double-feu " a bien avancé.

Il n'y a pas de date-butoir pour l'inquiéter, d'ailleurs. Mais Lya sait qu'elle doit restée plongée dans son histoire. Il lui serait impossible de la mettre dans un tiroir, pour la finir après. Non, cela ne correspondrait pas à son caractère. Une fois commencé, elle écrira tout, parfois elle pourra s'accorder un temps de pause. Et une fois fini, le manuscrit ne sera plus ouvert. Ce n'est qu'un mois après, qu'elle relira l'ensemble, l'oeil neuf, parfois comme " nouvelle au texte ", comme s'il n'était pas d'elle, pour mieux l'apprécier, le corriger, reprendre quelques passages maladroits, le redécouvrir et le terminer, cette fois, tout à fait. D'ailleurs, ce travail passe par la recopie. En effet, elle a tout écrit au stylo et dans l'étape finale, quand elle retape tous les chapitres, c'est là qu'elle traque sans pitié, les défauts, les maladresses, les lourdeurs, les répétitions. Mais on n'en est pas encore là, Lya vient de perdre sa partie de scrabble, mais ce n'est pas bien grave, elle demande une revanche que la machine, bien sûr, ne lui refuse pas. Et partant se chercher deux petits-suisses et une pomme, elle énumère dans sa tête, les mots qui pourraient aller avec la série de lettres qu'elle vient d'apercevoir. Postule... souple... couplets... et s'asseyant à nouveau, elle tape le mot qui lui fera le plus de points.

Car Lya baigne dans les mots ! Elle aime les imaginer, les écrire, les lire, jouer avec les lettres, sa vie est dans les mots, source inépuisable et de fait, cela n'a rien d'étonnant, elle aime les dictionnaires... Elle en a de tous les formats, des beaux, des tout rapiécés, des dicos à la couverture souple, d'autres lourds et rigides et puis des atlas, pas surprenant que ses étagères débordent des ouvrages qu'elle accumule. Cette fois, elle a gagné, le score est nettement en sa faveur ! Décidément c'est une bonne journée ! Elle casse un morceau de chocolat, allez un petit dernier, pour fêter ça !

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