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Chapitre 1

- " Alors, t'en es où ?

- Plus que cent !

- Génial, ça y est, tu n'en a plus pour longtemps..

- Attends, je te dis pas comme je rame ! Plus que cent pages, mais elles s'écrivent trois fois moins vite que le début...

- Allez courage Lya, c'est peut-être un passage et la fin du bouquin va défiler super-vite...

- Merci Marion, des amies comme toi, on n'en trouve pas des tas...

- En tout cas, tu passes ce soir ! T'écris encore un chapitre ou deux et on se fait une soirée crêpes, il y aura aussi, Alex.

- ...ça marche, à plus tard ! "

Lya pose son portable et casse deux carrés de chocolat noir de la tablette restée sur la table. Un chapitre ou deux, comme elle y va ! Elle croque un petit éclat qu'elle laisse fondre dans sa bouche et elle jette un coup d'oeil sur ce qu'elle a écrit tout à l'heure.

OK. C'est pas mal. Alors, à nous deux, Paul Mangin :

" L' inspecteur Landret avait vidé son gobelet d'un trait et s'adressa au garagiste assis face à lui, en relisant le document que Lucas venait de lui passer : ( - Lya se lève pour éteindre la radio, ce bruit de fond la dérange et l'empêche de se concentrer. -)

- " Vous avez indiqué dans votre déposition, que vous n'aviez jamais vu Stéphane Marlande auparavant. Vous avez néanmoins mémorisé cette chemise à carreaux et le fait qu'il a acheté plusieurs paquets de chewing-gum. C'est bien vous qui teniez la caisse de votre boutique ?

- Oui, oui, vers quinze heures c'est souvent moi qui m'occupe, à la fois de l'atelier et des pompes. Mon employé ne vient qu'à seize heures trente, ( non, on va dire dix-sept heures. Non ça fait redite avec les dix-sept heures/ feu signalé. - et Lya écrit à nouveau seize heures trente) quand il y a plus de monde. Il avait l'air nerveux, il mâchouillait déjà, il n' arrivait pas à ramasser ses trois paquets, un moment je me suis demandé s'il était net. Enfin, vous voyez ce que je veux dire...

- S'il était sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool ?

- Oui, quelque chose comme ça. Et puis il est reparti dans sa camionnette blanche.

- Une Kangoo.

- Il me semble, mais je peux pas être affirmatif. Je les connais les modèles, pensez donc ! Mais j'ai juste veillé à ce qu'il reparte sans faire de problème, la voiture je l'ai pas trop détaillée.

- Et le gars il portait un sac à dos, une pochette ?

- Non, je ne pense pas. Il est reparti avec tous ses chewing-gum empilés dans une main... "( oh la la ! C'est pas un peu lassant tout ça ! Tous ces détails... se demande Lya, où je vais là ? ! )

Elle casse encore un carré de chocolat et va planquer la tablette dans le placard de la cuisine, à ce rythme là, elle va y passer... D'un geste vague , elle rature les dernières lignes et relit à voix haute :

" ... mais j'ai juste veillé à ce qu'il reparte sans faire de problème, la voiture je l'ai pas trop détaillée."

Puis elle modifie la suite :

- " Et apparemment il n'y avait personne d'autre dans sa camionnette ?

- Oui, elle était garée de face et franchement je voyais par le pare-brise, je pense que je m'en rappellerais s'il y avait eu quelqu'un...

- Vous ne voyez rien d'autre qui pourrait nous faire avancer ? questionna Lucas, cette fois.

- Ben non, vous avez relevé les infos du paiement avec la carte bancaire, j'ai tout raconté, alors je vois pas autre chose..

- Merci Monsieur Mangin, termina Lucas.

- ...et merci pour le café," ajouta Lancret, en lui serrant la main.

Une fois sur le parking, Lucas regarda son supérieur :

- " On était bien partis, mais maintenant cette foutue enquête n'avance pas trop ! "

C'est exactement ce que je pense, se dit Lya ! Elle jette son stylo sur le papier. Par où le prendre ce foutu chapitre douze ?! ...ça tourne en rond et elle n'aime pas ça... Finalement, elle remanie encore un peu son texte et ses deux personnages retournent avec le break, vers le Mont de l'Espérou, par cette jolie route qui gagne le coeur des Cévennes et cette balade que Lya connaît bien, en compagnie de Louis et Lucas, lui fait du bien. Elle écrit sans s'interrompre. Ils tournent vers Valleraugue , elle voit bien la forêt, mais les deux policiers de son imaginaire ne voient qu'un désolant spectacle. L'incendie a ravagé une bonne partie du bois de Raudavel et c'est une désolation. Heureusement, qu'on a été prévenu assez tôt et que le feu n'a duré que quelques heures ! Elle raconte encore une inspection de la zone signalée par le matériel habituel et met au point le dialogue entre les deux policiers. On s'achemine, mine de rien, vers la fin du chapitre douze et c'est malgré tout, pas trop mécontente de son manuscrit que Lya décide de s'arrêter un peu, pour grignoter.

Trois oeufs sont battus dans un saladier, un peu de fromage est ajouté. La radio est rebranchée et c'est sur le rythme d'un tango, que Lya navigue dans l'espace de sa cuisine. Poêle, assiette, tout cela est déballé sur le tempo à trois temps, le sel, ne pas l'oublier le sel. Elle réchauffe le contenu d'une boîte de petits pois, s'installe dans la salle et se relève pour encore quelques allées et venues. Et si Louis trouvait un indice, un truc qui les mettait un peu plus sur le chemin de la victime. Bien sûr, Lya est là, devant son omelette, mais son esprit est ailleurs, quelque part dans la forêt de Raudavel... Un peu facile. Et cette Lucie, je n'en ai pas tellement parlé finalement. Elle se coupe un morceau de baguette et se verse un peu d'eau pétillante. Il faudra que je trouve un moyen d'évoquer à nouveau, le passé de Lucie. C'est ce que le lecteur voudrait peut-être mieux comprendre. C'était qui, vraiment, cette jeune femme ? Une écervelée, une fille superficielle, ou quelqu'un d'un peu sensé, un peu cultivé... Elle essuie son assiette et mange les dernières bouchées de son repas. Je ne l'ai pas assez présentée... où alors, il faut que j'étoffe le chapitre quatre.. ou trois... quand j'ai fait son portrait, plus physique que psychologique d'ailleurs. Un yaourt quitte le frigo, nature, chocolat, elle n'a pas hésité longtemps et repart dans la salle, en penchant plutôt pour que Lucie soit fine et intelligente...

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