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Dix-neuvième nouvelle

Dans les maisons...

Les "Récits confinés" arrivent à leur fin. Plus qu'une nouvelle, on trouvera ici une sorte de petit bilan sur ce long confinement qui a inspiré ce recueil, comme un film conducteur....

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Dans les maisons de Chine, dans cette région, première touchée, ils se sont confinés en premier. De régionale, l'épidémie est devenue nationale, on était au tout début de l'année. Le virus n'a pas besoin de visa et il a franchi les frontières des états.

Dans les maisons d'Italie, qu'on imagine souvent reliées par le linge qui sèche d'une fenêtre à l'autre, comme dans ces rues napolitaines avec leur air de fête, l'épidémie virale a progressé et jusqu'à devenir mondiale. C'est "l'effet -papillon ", ici parfaitement démontré, d'un phénomène insignifiant, pense-t-on, et qui prend de gigantesques proportions...

Dans les maisons d'Espagne, de France puis des Etats-Unis et pourrait-on dire de partout, en ce début de printemps, à cette mi-mars, les humains peu à peu se sont confinés. Ils ont appris à vivre à l'intérieur.

La surface de la Terre s'est retrouvée dans le calme, dans l'immobilité. La qualité de l'air s'est nettement améliorée, l'eau des rivières, des canaux est redevenue plus claire, le boucan a cessé et les animaux, étonnés, après un temps d'hésitation, sont venus se promener dans le décor abandonné de notre civilisation. Vides les avenues, parquées les voitures, plus de bus, de trains, plus d'allées et venues, même dans le ciel, des avions, il n'y en avait plus... Etrange silence. Les oiseaux se sont entendus chanter tout à coup et nous, dans nos maisons, nous écoutions leurs chansons. Nous en avions le temps. Les couchers de soleil, magnifiques, si longtemps oubliés, pour cause de télé, ont à nouveau enchanté les hommes, dans leurs campagnes, confinés, qui prenait un moment pour admirer les belles fins de journée.

Dans la maison de Serge, Papa s'est trouvé un don pour raconter les histoires et se rapprocher de son fils, qui est tout content de ce changement et qui, depuis, fait bien moins de cauchemars.

Dans la maison d'Elodie, parents et enfants font de la pâtisserie. Ensemble. Dans la maison de Pierrette, on pleure car il est venu le malheur, la maladie a frappé.

Dans la maison de Lola, on arrive à faire tranquillement les devoirs. Dans celle d'Alexia, tout le monde est énervé quand il faut travailler, mathématiques, histoire, orthographe, quelle corvée !

Dans la maison de Louis, on a ressorti les toiles et les pinceaux, il reprend ce qui était un passe-temps, pour lequel il n'avait pas assez de temps...

Vincent, depuis sa maison, mixe des voix et des musiques, sur une console : il est venu le temps des " concerts confinés" ou des " balconcerts " quand deux artistes se rassemblent pour jouer, chanter, improviser. Dans la maison de Nicolas, on s'ennuie, on grignote, on ne s'y fait pas... A la maison, Antoine et Léa se sont regardés tous leurs films favoris.

Dans sa maison, Sophie coud un grand dessus de lit en patchwork, des heures de machine à coudre et le sentiment d'avoir le temps, enfin, de réaliser son projet. Dans la maison de Julien, bricolage à tous les étages, elle va enfin être finie la maison ! Dans la maison de Pierre, télé-travail, avec des envies de tout laisser tomber, difficile de se concentrer.

Dans la maison de Romain, bouquins, romans, science-fiction, policiers, aventure, lecture. Dans celle de Justine, petits plats, elle a le temps de tester toutes ses recettes. Dans la maison d'Inaya, jeux de société, rires et gaieté. Dans celle de Pauline, cris, fatigue, maman épuisée. Dans le jardin de sa maison, Julie fait des photographies. Dans la maison de Lisa, écriture, création, temps pour imaginer...

Et puis dans les maisons de retraite, dans les maisons de santé ou de convalescence et dans les maisons d'arrêt, la vie n'est pas facile.

Et dans toutes ces maisons de France et de Navarre, d'ici ou de là-bas, le temps prend une autre dimension. Cette grosse machine infernale s'est arrêtée. Prendrons-nous le temps de la réflexion ? En 2002, Jacques Chirac disait : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs...". Depuis ce constat, fait il y a tant d'années, avons-nous vraiment réfléchi, vraiment choisi, vraiment agi ? Car ne l'oublions-pas, notre toute première maison, bien sûr, c'est la Terre, si patiente, si intelligente et qui nous abrite.

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