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Dix-septième nouvelle

Dans une cage...

Une cage, c'est à mon sens, l'endroit confiné qui fait le plus froid dans le dos. Pas de liste pour ce texte sans trop de gaieté, évidemment.

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Qu'elle est lasse, la démarche lente et sans but, de cet animal enfermé. Qu'il est triste ce regard qui n'a rien à voir, qu'un décor trop connu. Qu'elles sont vidées de leur énergie, ces bêtes éternellement recluses. Et ces oiseaux qui regardent le ciel, sans jamais pouvoir le rejoindre, qui rêvent peut-être de battre largement de toute leur envergure l'air infini, d'espaces sans limites.

Et encore cette solitude, cette pauvre vie engluée dans l'immobilité n 'est rien à côté de l'enfer d'une pénible promiscuité. Plus qu'à certains zoos que j'ai décrit jusqu'ici, je pense à ses animaux d'élevage, qui vivent dans des cages. A ces poules sans plumes, couvertes de plaies, de parasites, qui n'ont même pas la place de respirer, de vivre. A ces cochons, à ces veaux, boeufs, lapins, visons, cailles, saumons et j'en oublie sans doute, la liste est longue de ces animaux que nous confinons, à vie, dans des prisons, coupables pourtant d'aucun crime.

Ouvrirons-nous, un jour, les cages de ces animaux prisonniers ? Redonnerons nous une part de liberté à ce peuple condamné à vivre derrière les barreaux ? Offrirons nous un peu d'humanité à ce monde sordide ? Les animaux sauvages eux, même si l'espace qu'on leur réserve, est de plus en plus réduit à quelques hectares entourés de barrières, peuvent encore avoir l'illusion de la liberté. N'est-ce pas ce que simplement, on souhaite à chaque bête, à chacun d'entre nous ? Savoir qu'il possède les clés de sa cage. Qu'il peut sortir. Offrez leur une prairie à ces poules sans espoir, offrez leur un carré de terre à gratter, le vent dans leur beau plumage retrouvé, offrez leur l'espace pour marcher et courir et vous les sauvez de la misère de l'enfermement.

Beaucoup de zoos ont progressé et au train où vont les choses, c'est dans un zoo qu'on trouvera bientôt le dernier couple de rhinocéros blanc, le dernier spécimen d'ours brun. Saurons-nous sauver le dernier ours polaire ? Le problème se posera sans doute bien plus tôt que nous le pensons...

J'ai, néanmoins, dans la tête de belles images de zoos, où les grillages se font oublier, où les barreaux délimitent de vastes enclos. J'y ai vu des jeux, des galops, des sauts, des attitudes de bien-être. J'ai remarqué un oeil vif qui me dévisage autant que je l'observe. J'ai regardé le jeu des félins posant leurs grosses pattes sur la vitre, s'amusant à surprendre un visiteur assis juste là. Bien sûr, les loutres, si vous leur donnez un grand bassin d'eau vive, feront leurs pirouettes, heureuses d'être ensemble et dans leur élément. Les manchots feront de même, symbole de joie dans leur aisance à nager et dans leurs connivences. Les singes continueront leurs bêtises et leurs cris, accrochés d'un air désinvolte, par un bras interminable à la poutre bien prévue pour leurs acrobaties.

Bien des animaux, avec quelques attentions et la compagnie du groupe s'adaptent bien à la vie dans un zoo. Est-il malheureux ce crocodile, immergé béatement dans un mètre d'eau ? Sa vie contemplative est-elle changée par ces barreaux ? Il a gardé tous ses instincts, car au milieu de cette belle immobilité, j'ai été étonnée du claquement sec et si vif de son énorme mâchoire qui à failli coûter la vie à un petit passereau bien imprudent...

Mais il est des bêtes qui auront toujours du mal à vivre en cage. Même ce perroquet, dont seule la patte est enchainée à son perchoir souffre du manque de stimulation. Son intelligence ne peut pas restée inutilisée. Et il essaie de déchiqueter le bois de son perchoir, supportant mal l'inactivité. Barreaux rongés, ronger son frein, mouvement de balancement sans fin, allées et venues de ces cent pas incessants, qu'ils sont nombreux ces empêchements à vivre, ces signes de la difficulté à être éternellement confinés...

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