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tome 1, Chapitre 3 « Dans la salle de bain... » tome 1, Chapitre 3

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Troisième nouvelle

Dans la salle de bain ...

Nascana a choisi la "salle de bain", pour ce récit confiné, merci ! Voici les dix mots de sa liste :

salle de bain, discrètement, rire, mental, horloge, cornichon, cours, goudron, cabane, verdure.

*****

- " Tu connais pas les joies des familles recomposées ? Ben, tu sais pas ton bonheur ! Attends, je vais te raconter ...

Tout a commencé quand ma mère a décidé de prendre des cours pour perfectionner son italien et qu'elle est partie vivre avec son prof, à Turin. Mes deux frères et moi - moi c'est Zic, enfin Soizic - , on est restés au Vésinet, avec mon père et j'ai vu venir le cauchemar : comme seule meuf dans la piaule, j'allais écoper du meilleur rôle !

Coup de chance, malgré l'épisode de Turin, mon père n'a pas eu trop de chagrin et il s'est vite trouvé une Elodie avec ses deux gamins, Maëlys et Julien ! Tu vois le tableau ! Je suis pas douée en calcul mental, mais on était bien sept à table tous les soirs, un autre cauchemar...

Coup de bol, la maison est grande et il y a trois salles de bain, dont une qui est grandiose ! Discrètement, je l'ai annexée, sans bataille, sans ultimatum, sans traité ! J'ai juste laissé traîner mon sèche-cheveux, mon peignoir, puis ma trousse de maquillage, mes produits de beauté et mon territoire était marqué !

Au début, derrière la porte fermée au verrou, j'entendais :

- " Tu en as encore pour longtemps ?"

Puis, c'était :

- " Tu me diras quand la salle de bain sera libre..."

Et enfin :

- " Je suppose que tu en as pour un moment, je vais dans l'autre salle de bain ".

Et le tour était joué ! Bravo, Zic !

Alors je me suis installée, tranquille. Ma salle de bain est tout en longueur. Ma baignoire occupe une largeur, carrelée de gris perle, légèrement veiné. Tout là-bas, il y a la fenêtre qui donne sur le jardin et entre les deux, le large lavabo sous mon grand miroir rectangulaire éclairé par quatre projecteurs, comme dans les loges des acteurs ! Tu me connais, je peux passer des heures, à étaler mon fond de teint, à me faire des cils noir-goudron, à tester six tons de gloss avant d'en choisir un, j'te dis pas les séances de maquillage !

Ensuite j'ai ramené ma chaise et les aiguilles faisaient trois fois le tour de l'horloge, que j'en étais encore à mettre du vernis pailleté sur les ongles de mes pieds. J'entendais, en sourdine, tous les bruits de la maison, mon père qui gueulait contre les garçons : ils malmenaient la télécommande et Elodie qui s'énervait parce qu'elle retrouvait le lave- vaisselle comme la veille, personne ne l'avait fait tourner ! Moi, j'étais pénarde, loin de tout ce bazar !

C'est un jour où j'épilais mes sourcils, que je les ai entendus ! Maëlys et Julien parlaient dans le jardin, sous la fenêtre de ma salle de bain. Elle était légèrement entrouverte et ce qu'ils disaient m'a bien fait rire !

- " J'en ai marre, Maman est toujours en train de crier ! Elle veut même pas que je fasse de cabane, regarde, elle a défait celle que j'avais commencé !

- T'en fais pas Julien, ça va s'arranger, disait gentiment Maëlys.

- J'ai même pas un coin à moi ! Regarde les grands, ils ont chacun leur chambre, Soizic, elle a sa salle de bain et nous, on est dans la même chambre ! C'est pas juste ! Moi aussi je vais squatter une salle de bain !

Le pauvre ! Mais, il m'a bien fait rigoler ! Annexer une salle de bain, c'est cool, mais squatter une cuisine ce serait pas mal non plus ! C'était un peu la galère ! Il fallait que je passe dans le frigo, en mode fantôme invisible, piquer un yaourt, une salade avec trois tomates et deux cornichons ou un oeuf dur -mayo! Je revenais manger, en posant les emballages sur le coin du lavabo, pendant que j'entendais Papa râler :

- " Elodie, où il est passé le pot de mayonnaise ? "

Tout ce cirque a pris fin un beau matin, quand j'ai rencontré un beau marocain et que j'ai pris mes cliques et mes claques pour aller vivre dans son studio. La salle de bain était horriblement petite mais son balcon était trop top ! Une oasis de verdure ! Et sur son transat, au soleil, quel bonheur, de se limer les ongles, dans le calme et la bonne humeur !

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Texte publié par Lisa D., 3 avril 2020 à 17h35
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