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Deuxième nouvelle

Dans la véranda ...

C'est avec les dix mots que Ploum a choisis, cette fois, que s'écrira cette histoire, triste, puisque Ploum en donne le ton avec l'adverbe " tristement ". Voici sa liste :

véranda, tristement, lucarne, paradis, solitude, funeste, chardon, poussin, iris, mélodie.

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Maison à vendre :

Dans la jolie bourgade de Diane-Capelle (Moselle) maison de ville, comprenant un rez de chaussée et un étage avec deux chambres, soit 90 m2, agrandie par une véranda avec une agréable vue champêtre. Quelques travaux à prévoir. Chaudière neuve. Petit terrain, devant et derrière, la maison.

Nous contacter pour toute information.

Tristement, Yvonne lit le prospectus immobilier, qui décrit curieusement sa maison. Diane-Capelle n'est pas jolie et on y meurt d'ennui. Et le petit jardin est en bord de nationale, un bruit infernal ! En plus, ils n'ont pas noté la lucarne, "le velux" comme ils disent, qui avait été ajouté dans la chambre pour donner un peu plus de lumière. C'était en soixante-seize, je crois. La même année que la véranda...

Ah ! en temps-là, c'était presque le paradis, ici ! Son Paul était toujours là. C'est sûr, elle vivait un peu trop dans l'ombre de son mari, mais la maison était quand même plus gaie, avec les fêtes de famille, les noëls, les mois de juillet. C'était encore un temps où s'invitait la musique, on fredonnait des mélodies, entendues à la radio.

Paul s'occupait de la boutique de chemises et costumes en prêt à porter à Sarrebourg et elle faisait les retouches, les ourlets de pantalon, le repassage. Bien sûr, ce n'était pas tout à fait comme dans ses rêves de couturière ... elle aurait bien fait des robes à volants et des hauts en dentelles. Mais la vie est ainsi. Elle n'avait jamais porté d'enfant. Paul aurait-il voulu en avoir ? Elle n'en était pas sûre... Et puis, était venu le jour funeste, où Paul était mort brutalement de cette maladie du cerveau. Yvonne s'était débrouillée pour arranger l'enterrement, faire tous les papiers et organiser un buffet dans sa petite salle à manger. Et après, le silence dans la maison. Doucement la pendule monotone a commencé à égrainer les heures de la solitude. Alors, Yvonne, petit à petit, s'en sans rendre compte, a déserté le salon, la salle à manger, le petit bureau, pour se réfugier dans la véranda. Elle a fui les meubles immobiles, les pesants souvenirs, les photos sur le guéridon et elle est venue s'asseoir à la petite table de la véranda, face aux pâturages où il ne se passe pas grand chose mais qui font voir dehors et qui prennent différentes couleurs de l'aurore jusqu'au soir. Parfois, le voisin y met quelques ânes, elle les regarde manger les chardons. Parfois ce sont des corneilles ou des corbeaux qui viennent se poser sur les poteaux. Elle voit fleurir les iris puis murir les cerises sur l'arbre, dans le pré. Puis les feuilles du cerisier tombent et les ciels deviennent gris. Les jours de pluie sont venus en larmes glissantes sur les vitres de la véranda, le silence à peine brisé par les gouttes cognant les carreaux.

Elle ne rentre dans la cuisine que pour se bricoler de quoi manger et elle ne monte à l'étage, que pour aller dormir dans des draps rose pâle ou jaune poussin et dès les premières lueurs du jour, elle retourne s'asseoir dans la véranda. Et puis un jour, elle ne pouvait plus monter les escaliers, elle a bien faillit tomber. Et puis, un jour, elle n'a plus eu la force d'aller s'acheter à manger. Une semaine presque est passée et puis, ils sont arrivés, elle les a vus derrière la vitre de la véranda. Et puis, ils sont entrés, l'épicier avait alerté. Ils l'ont trouvée assise là, pâle.

Maison à vendre

Affaire à saisir. Disponible de suite pour emménager.

Prix à débattre pouvant être reconsidéré.

N'hésitez pas à nous contacter.

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