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Première nouvelle

Dans une cave..

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Avec les sept mots aimablement choisis par Symphonie, grand merci ! que voici : cave, téléphone, prudemment, chrysanthème, calmar, magazine, calendrier.

*****

Si vous allez au 11, boulevard Rochechouart

Dans le hall, au fond du couloir

Vous verrez une porte violette :

C'est là qu'habite, Dame Scribouillette !

Nous sommes en des temps reculés

Depuis longtemps, on a perdu le calendrier....

A cette porte, beaucoup de gens viennent frapper

Chargés de quiches, de cakes ou de gâteaux marbrés.

Dame Scribouillette les reçoit gentiment

Vive, toujours parlant, toujours dansant.

On ne saurait dire son âge

Mais elle s'habille comme au Moyen-Age .

Longue robe de velours noir

Colliers et foulards mauves en accessoires.

Une fois entré,

il faut descendre le grand escalier.

Car c'est dans une cave que vit Dame Scribouillette.

C'est une unique pièce, modeste mais proprette !

Les murs et le sol sont gris, couleur béton

Un canapé et un tapis lui donnent des airs de salon.

Quatre soupiraux y amènent la lumière

Le soir, six ou sept belles lampes l'éclairent.

Il y a aussi un bon fauteuil

Qui vous fait toujours bon accueil.

Une fois assis,

Au milieu des caisses qui font le décor, aussi

Toute ouïe, Dame Scribouillette

Ecoute votre demande ou votre requête.

Aujourd'hui, une jeune femme en effervescence

Voudrait des cartes de naissance.

L'enfant s'appelle Camille

C'est une fille.

Dame Scribouillette propose

Des cartes blanches, lilas ou rose.

On se décide pour quatre lignes en prose

Joliment calligraphiées sur un rectangle rose :

"Nous avons grand plaisir à vous annoncer

Qu'en notre maison, une petite fille est née.

Cheveux blonds et grands cils, douce et gentille

Nous l'avons appelée : Camille ".

"J'en écrirai une douzaine !" promit Dame Scribouillette

Prenant en échange une belle tarte sur une assiette,

Car elle ne fait pas partie de ces charlatans

Qui vous prennent tout votre argent !

Ainsi, elle n'a nul besoin de cuisine

C'est grâce à ses écrits, qu'elle déjeune, qu'elle dine !

Le lendemain, un brave homme veut écrire au maire

Rapport au robinet du cimetière...

Lettre administrative ? Pour cette missive

Elle sort sa machine à écrire portative :

" Monsieur le Maire,

Comme il n'y a plus d'eau au cimetière

Je vous prie de faire le nécessaire.

Pas moyen de remplir un arrosoir

Pour que mes chrysanthèmes aient à boire !

Si vous trouvez une solution

Je m'en souviendrai aux élections

Recevez toutes mes salutations

Signé Augustin Tartempion "

Tout content, le client offrit à Dame Scribouillette

Des beignets de calmar au piment d'Espelette.

Le jour d'après, c'est une femme en pleurs

Qui descendit dans la cave, vers dix heures.

La pauvre n'avait plus d'argent

Et voulait solliciter de lointains parents.

Elle n'avait apporté qu'un croissant

Que lui avait offert le marchand.

Dame Scribouillette l'a reçu chaleureusement

Et lui dit de manger son croissant

Puis elle lui donna des magazines :

" Lisez pendant que je fais ma petite cuisine".

Elle prit un beau papier bleuté

Et réfléchit... il n'était pas facile ce courrier :

" Cher oncle, chère tante

Vous me savez honnête et méritante

Mais les temps sont difficiles

Et je n'aurai bientôt plus de domicile.

La fabrique où je travaillais a fermé

Et je peine à payer mon loyer.

Quelque soit l'aide que vous m'apporterez

Vous en serez éternellement remerciés.

N'importe quel travail me sortirait de l'ennui

J'espère trouver, en vous, un appui

Bien à vous

Et Dame Scribouillette signa : Marie-Lou."

Prudemment, elle soumit son texte à la pauvrette...

" Vous êtes magicienne, Dame Scribouillette !"

La jeune fille était radieuse

Elle repartit avec la lettre précieuse.

Dame Scribouillette était contente

Toujours prête pour une bonne action réconfortante.

En ces temps , sans téléphone,

Le seul recours sont ces mots qu'on griffonne

Et Dame Scribouillette était assurée

De toujours remplir son garde-manger...

"Qui a dit que le métier d'écrivain,

Ne nourrissait pas, jusqu'à plus faim ? !!"

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