Stellae ressemblait à une étoile, avec ses rues qui rayonnaient depuis sa place centrale. Plus les bâtiments s’éloignaient de son cœur, plus ils gagnaient en hauteur. Le balcon sur lequel le garçon était accoudé dominait ce petit monde où il avait passé toute sa vie. Durant la nuit, parée de toutes ses lumières, la ville devenait plus que jamais fidèle à son nom. Un joyau déposé à la surface de la planète, dans son écrin protecteur.
Il leva les yeux, à la recherche des véritables astres de la nuit. Des nuages avaient dû envahir le ciel ; seuls quelques points scintillants apparaissaient timidement. En les contemplant, il éprouvait un étrange sentiment de solitude, mêlé de fascination. Des humains avaient traversé cette immensité, sans réellement savoir où leur voyage les mènerait. Quelle mesure de folie ou de désespoir fallait-il pour laisser derrière soi tout ce que l’on connaissait ?
— Lukas ?
La voix dominait à peine la rumeur de conversations et de rires qui résonnaient à l’intérieur de l’appartement. Le garçon se retourna et aperçut son ami Piet, debout dans l’embrasure de la porte qui menait à la terrasse.
— Qu’est-ce que tu fabriques ? Je t’ai cherché partout !
À regret, le garçon se détacha de la rambarde et se dirigea vers l’intérieur de l’appartement où une quinzaine de jeunes gens discutaient par petits groupes. La plupart d’entre eux s’étaient rendus chez Piet dès la fin des cours, et arboraient encore l’uniforme de l’académie scolaire d’AltaRea : veste bleue à col droit, pantalon ou jupe gris foncé. Lukas avait retroussé ses manches au-dessus du coude. En dehors de l’école, il quittait rarement ses gants de conduite et ses lourdes bottes montantes, qui témoignaient de sa jeune carrière dans les courses de motoglisseurs.
À peine avait-il posé le pied dans l’appartement que Piet et un autre garçon de son âge le saisirent chacun par une épaule. Il tenta de se dégager en protestant :
— Laissez-moi tranquille ! Qu’est-ce qui vous prend ?
Avec un éclat de rire, son ami Enri, aussi brun que Pier était blond, lui asséna un léger coup sur le haut du crâne :
— Tu négliges tes devoirs ! Il y a une demoiselle qui t’attend. Tu n’as pas honte de la laisser seule ?
— Aïe ! C’est pas la peine d’être violent ! grommela Lukas en se frottant le crâne.
Ses amis l’entraînèrent vers le fond du salon. Comme la plupart des appartements en bordure de la ville, le lieu était vaste et meublé avec goût. Des meubles de bois terrien et un tapis moelleux d’un brun profond lui conféraient un luxe chaleureux. Une jeune fille aux longs cheveux roux, installée à l’écart des autres dans un canapé beige, arborait une mine boudeuse.
Piet et Enri lâchèrent ses épaules et s’écartèrent, mais Lukas sentait toujours leur regard peser sur lui. Il s’avança vers la jeune fille et se frotta la nuque pour tenter de dissiper sa gêne :
— Eylin… Je suis vraiment désolé… Je…
La jolie rousse leva vers lui un regard glacial :
— Tu m’avais promis de m’emmener au circuit. Cela fait une demi-heure que j’attends !
Lukas ouvrit la bouche pour répondre, mais aucune excuse valide ne lui vint à l’esprit. Dans ce genre de circonstance, mieux valait rester franc. Il esquissa un sourire contrit :
— Je suis désolé. J’ai eu besoin de respirer un peu… Je n’ai pas vu le temps passer.
Eylin fronça les sourcils d’un air suspicieux :
— Besoin de respirer ? L’air est le même ici et dehors !
Le garçon faillit lui répondre qu’il n’existait pas une seule façon d’étouffer, mais il préféra garder ses pensées pour lui.
— J’aime bien regarder la ville quand il fait nuit. La vue est superbe.
La jeune fille se détendit et esquissa un petit sourire :
— Et tu n’as pas pensé que j’aimerais l’admirer avec toi ?
— Je… non, admit-il, avec un mélange de confusion et de soulagement. Je suis désolée.
Eylin se leva d’un mouvement fluide et s’avança pour lui saisir le bras :
— Bon. Je te pardonne, mais seulement si nous partons tout de suite !
Lukas ramassa son blouson abandonné à côté du canapé. Il adressa un signe de la main à Piet et à Enri, puis saisit Eylin par le coude et l’entraîna vers l’ascenseur qui ouvrait directement sur l’appartement. Tandis que la porte se refermait derrière eux, il se creusa la tête pour trouver un moyen de relancer la conversation.
— J’ai recalibré la prise d’accélération de mon Xtrace, déclara-t-il enfin. Tu vas voir, ça change tout !
Cette entrée en matière manquait de subtilité, mais c’était le genre de propos qu’elle attendait de lui, même si elle ne devait pas porter d’intérêt majeur aux motoglisseurs. Dans une ville aussi sécurisée que Stellae, les courses offraient une grisante sensation de danger autant à ceux qui la pratiquaient qu’à leur public. En tant que champion junior deux ans de suite, Lukas était devenu une célébrité mineure pour la jeunesse de l’enclave protégée.
— Tu vas tenter ta chance dans l’équipe Premium ? J’ai entendu dire qu’ils recrutaient à partir de dix-sept ans.
Lukas baissa les yeux, pensif.
— Je me pose vraiment la question, répondit-il après un temps de silence. Je devrais peut-être me concentrer sur mes études. Je pourrai toujours reprendre quand je serai diplômé…
Une expression déçue flotta sur le visage d’Eylin :
— C’est dommage. Tu as du talent ! Tu penses vraiment arrêter quelque chose d’aussi… excitant ?
Lukas songea avec ironie qu’elle ne savait pas grand-chose de l’équipe d’excellence et de ses exigences. C’était même étonnant qu’elle en connaisse l’existence. Devait-il lui avouer la vérité, qu’il en avait assez de tourner en rond sur un circuit, qu’il avait envie de foncer droit vers l’horizon ? Pour les habitants de Stellae, il s’agissait d’un rêve impossible, voire suspect.
L’ascenseur atteignit le rez-de-chaussée. Lukas tira de sa poche la clef électronique confiée par Piet et déverrouilla la porte du garage. Au milieu d’une nuée de véhicules divers, son motoglisseur l’attendait. Il admira une fois encore les lignes élancées de la machine, ses chromes étincelants et son revêtement d’un vert profond, de la même couleur que son regard – une pointe de vanité qu’il assumait pleinement. Il avait choisi un Xtrace HK240 pour sa maniabilité, mais aussi parce qu’il était plus facile de le customiser que les modèles de séries plus courantes. Au fil du temps, l’engin était devenu son bien le plus précieux.
Lukas se tourna vers Eylin ; après leur discussion, il espérait qu’elle partagerait au moins une part de sa fascination. La jeune fille tortillait ses longues mèches autour de son doigt, avec un ennui évident. Le garçon ravala sa déception et ouvrit le casier amovible fixé à l’arrière du motoglisseur. Il en tira deux casques. Aussitôt qu’il eut enfilé le sien, les pièces frontales se déployèrent pour protéger son visage. Il tendit le second à Eylin, en vérifiant qu’elle l’ajustait correctement, puis l’aida à se mettre s’installer sur le siège secondaire. Quand elle enfourcha le Xtrace, les jupes de son uniforme se retroussèrent pour dévoiler des jambes fuselées. Lukas détourna les yeux en rougissant un peu. Ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour se laisser troubler.
Lukas se mit en selle à son tour et posa les mains sur les commandes. Elles étaient si sensibles qu’il suffisait de les effleurer pour les activer. Les tuyaux fins remplis d’argyridium transportaient l’information bien plus vite que n’importe quel fil de cuivre ou tout autre matériau conducteur. Ce fluide, surnommé « sang d’argent », représentait tout à la fois une bénédiction et une malédiction pour les humains, en raison de ses propriétés mutagènes. Tant que la substance n’entrait pas en contact avec la peau humaine, elle ne présentait pas de danger particulier, mais la prudence restait de mise. Les conséquences d’une fuite, même des plus minimes, pouvaient se révéler terribles. Les coureurs sportifs étaient considérés comme les plus exposés à ce genre d’accident. Ils faisaient l’objet d’une surveillance particulière, mais le garçon n’avait jamais entendu parler d’un drame lié à l’argyridium dans l’enclave protégée de Stellae. Il n’éprouvait pas d’inquiétude particulière : la robustesse des circuits internes qui équipaient les motoglisseurs agréés rendait tout drame impossible – ou, du moins, d’une extrême rareté.
Le Xtrace bondit en avant. Eylin laissa échapper un petit cri de surprise ; ses bras se resserrèrent autour de la taille de Lukas. Le jeune pilote manœuvra son engin entre les véhicules du garage et se dirigea vers la porte, qui s’ouvrit automatiquement pour leur livrer passage. Elle se referma derrière eux tandis que le garçon se dirigeait vers l’anneau de circulation extérieure, qui suivait le bord du socle urbain. Dès qu’il s’engagea sur la voie, le système de régulation routière prit le contrôle du Xtrace, pour brider sa vitesse et sa trajectoire. La plupart des conducteurs de la ville voyaient cette fonctionnalité comme un gage de tranquillité et de sécurité, mais Lukas éprouvait une profonde frustration en se voyant réduit à l’état de quasi-passager de son propre véhicule.
Le trafic autour d’eux se résumait à quelques voitures et de rares motoglisseurs, d’un modèle plus classique que le sien. Aussi tard dans la soirée, le trajet vers le circuit ne prendrait pas plus de quelques minutes. Il demeurait ouvert jusqu’à minuit, pour permettre aux pilotes de s’entraîner après leurs heures de cours ou de travail. Lukas estima qu’il lui restait assez de temps pour faire un léger détour. Au lieu d’obliquer vers le cœur de la ville, il choisit de tourner à gauche, vers le bord du plateau urbain. Le système de contrôle enregistra l’instruction et libéra les commandes dès qu’il quitta l’anneau routier.
La voix d’Aylin résonna dans les ports audio de son casque :
— Tu fais quoi, là ?
— Je veux te montrer quelque chose !
Lukas rapprocha son véhicule de la rambarde qui longeait le plateau urbain et coupa le moteur. Il mit pied à terre et déverrouilla son casque. Les pièces frontales s’escamotèrent ; il l’ôta aussitôt, libérant sa tignasse châtaine nouée en catogan sur sa nuque.
— Me montrer quoi ? Il n’y a rien ici !
La voix de la jeune fille prenait des accents aigus sous l’effet de la nervosité. Lukas se retourna vers elle avec un sourire rassurant :
— Suis-moi ! Tu verras bien !
— Et si nous sommes contaminés ?
— Il n’y a aucun danger, je t’assure !
Malgré ses encouragements, Eylin serra les lèvres et secoua négativement la tête. Lukas décida de ne pas insister. Il se dirigea seul vers la rambarde et s’accouda sur la barre métallique. Son regard plongea en contrebas, vers la surface de la planète.
La ville de Stellae avait été bâtie sur un immense plateau circulaire, supporté par quatre robustes piliers. Elle était recouverte d’un demi-globe en treillage métallique, qui produisait un puissant champ magnétique que rien ne pouvait pénétrer
.
Au pied de la ville, s’étendait le Perlescient, un océan étrange qui n’était pas composé d’eau, mais d’un fluide laiteux, entre le gaz et le liquide. Sous le soleil, il étincelait d’un reflet nacré, mais seules les deux lunes de la planète pouvaient révéler sa splendeur. Une lueur iridescente, presque spectrale, semblait nimber les lents tourbillons qui l’animaient. Ils s’enroulaient et se déroulaient dans un mouvement presque hypnotique.
De temps à autre, une forme sombre et luisante à la morphologie étrange émergeait des flots, pour disparaître presque aussitôt. Des vols de nautaériens tourbillonnaient au-dessus de l’océan, à la poursuite des petits volatiles nocturnes portés par les courants aériens au-dessus des tourbillons. Dès qu’ils s’approchaient de Stellae, les lueurs de la ville réveillaient les couleurs vives de leur épiderme lisse et brillant. Lukas ne se lassait jamais de contempler ces gracieuses créatures au corps fuselé, dotés d’ailes à rayons comme des nageoires de poisson. Il admira longuement leur balai avant de reporter son regard vers l’océan.
Une tête au museau allongé, surmontée de deux yeux pédonculés, émergea soudain du fluide laiteux. Elle tourna ses globes oculaires vers Stellae, avant de replonger dans les profondeurs du Perlescient. Lukas sourit malgré lui. Au-delà du dôme de la ville, s’étendait un univers étrange et séduisant, un monde interdit et fabuleux qu’il ne pouvait observer que de loin. Le biotope de la planète Cyrga présentait un grave danger pour les humains. Certes, l’air était parfaitement respirable et l’environnement ne contenait pas de germes létaux pour les colons humains, mais au bout d’une génération, les nouveaux arrivants s’étaient retrouvés face à une terrible réalité : les enfants nés après leur arrivée sur la planète souffraient d’anomalies génétiques. La vague de peuplement suivante s’était trouvée face à un choix difficile : sacrifier une part de son humanité, ou vivre dans des zones isolées du biotope cyrgan. Ceux qui avaient fait le choix de vivre dans ces enclaves protégées ne les quittaient que pour se rendre dans des lieux tout aussi fermés, à bord de navettes spéciales. C’était le prix qu’ils devaient payer pour protéger leur humanité. Ceux qui osaient quitter ces zones confinées perdaient à jamais le droit d’y retourner.
— Lukas, reviens ! Je veux partir de là !
La voix d’Eylin devenait suppliante. Lukas sentit l’agacement le gagner.
— Tu ne risques pas plus ici qu’au cœur de la ville ! Ce que tu peux être trouillarde !
En voyant la jeune fille pâlir et serrer les lèvres, comme pour retenir des larmes, Lukas s’en voulut aussitôt. Comme la plupart des habitants de Stellae, Eylin devait éprouver une crainte irrationnelle envers tout ce qui s’étendait au-delà du globe magnétique. Il avait espéré lui faire partager son admiration, même lointaine, pour le monde onirique qui s’étendait au-delà de leur enclos, mais il aurait dû prévoir sa réaction. La crainte du monde sur lequel vivaient les Stellariens leur était insufflée dès la petite enfance. Pourtant, Lukas venait souvent contempler l’océan. Les créatures qui émergeaient parfois des flots nacrés semblaient garder les insondables secrets de ses profondeurs. Quand son regard se perdait dans les méandres de ses tourbillons, Lukas se sentait plus vivant, comme libéré des limites imposées par les murs de Stellae, ainsi que des contraintes et des attentes qui pesaient sur ses épaules. Comme tous les adolescents de la ville, il devrait s’engager dans un chemin tracé d’avance : des études supérieures dans l’une des facultés de Stellae, puis un emploi dans la haute administration ou les puissantes firmes commerciales des enclaves protégées. Il n’était pas assez naïf pour croire qu’il pourrait mener une carrière de coureur professionnel. En dépit des apparences, il n’avait rien d’un rebelle. Il se conduisait en élève sérieux et appliqué, juste assez frondeur pour susciter la sympathie de ses camarades.
— Lukas ?
La voix d’Eylin tremblait légèrement, comme si elle avait froid. Ce qui était peu probable : la température de la ville était régulée pour demeurer tempérée en toute saison.
— La nuit est magnifique ! Tu es sûre que tu ne veux pas venir voir ?
— Non ! Je ne vois pas ce que tu peux trouver à ces horreurs !
— Laisse-moi un instant. On repart juste après, je te le promets.
— Si tu n’arrêtes pas tout de suite, je rentre à pied.
La peur dans sa voix rendait la menace un peu ridicule. Lukas se retourna pour la regarder ; ses sourcils froncés et ses lèvres serrées la faisait paraître plus âgée que ses seize ans. Ce qui n’avait rien de surprenant, vu qu’elle calquait son attitude sur celle des des adultes qui avaient planté ces opinions dans son esprit.
— On croirait entendre ma mère !
Eylin blêmit ; elle fixa Lukas avec de grands yeux confus, les bras serrés autour d’elle comme pour se protéger d’une menace qu'elle pensait bien réelle, même si elle ne pouvait pas l'atteindre. Le garçon sentit la culpabilité le submerger. Il se détacha de la rambarde et s’avança vers elle, les mains tendues comme pour implorer son pardon.
— Eylin… Je suis vraiment désolé ! Je ne voulais pas dire ça… Nous allons au circuit tout de suite.
— Je n’ai plus envie d’y aller. Je veux rentrer chez moi.
Lukas poussa un soupir ; cette réaction ne le surprenait pas. Il s’étonnait bien plus de sa propre réaction. La plupart du temps, il s’efforçait de dissimuler aux yeux de ses camarades sa fascination pour la planète. Seuls Piet et Enri, ses deux plus proches amis, connaissaient cette passion secrète – ce qui ne signifiait pas pour autant qu’ils l’approuvaient. Pourquoi avait-il tenu à la partager avec Eylin ? Il ne la connaissait que très peu. La jeune fille s’était rapproché de lui deux semaines plus tôt, de sa propre initiative. Leur relation se limitait à quelques timides rendez-vous et ils n’avaient rien échangé de plus intime qu’un baiser sur la joue.
Le garçon ne partageait pas grand-chose avec la jeune fille, que ce soit au niveau de leurs goûts, de leurs passions ou de leur façon de voir le monde. Eylin appréciait les courses de motoglisseur en raison de leur prestige, mais c’était à peu près tout. Les encouragements de ses amis l’avaient poussé à répondre à ses avances, mais il attendait sans doute trop d’une liaison, surtout à son âge. Peut-être avait-il inconsciemment choisi de tester les bases de leur relation, pour y mettre fin avant de connaître la déception.
D’un pas traînant, Lukas regagna son engin et renfila son casque avant d’enfourcher le Xtrace.
— Je te demande pardon, Eylin, murmura-t-il dans le micro intégré, soulagé de ne pas voir l’expression de sa passagère. Je ne voulais pas te blesser.
Il s’assura qu’elle était bien installée avant de faire démarrer son véhicule. Eylin osait à peine tenir sa taille, comme si son contact lui était devenu détestable. Ils gardèrent le silence durant tout le trajet. Une fois en bas de son immeuble, il s’arrêta pour la laisser descendre, récupéra son casque et lui adressa un rapide « au revoir » auquel elle ne répondit pas. Il la regarda disparaître dans le hall du bâtiment, sans un regard en arrière. Partagé entre l’amertume et le soulagement, Lukas redémarra en direction de son appartement. La visite au circuit pourrait attendre le lendemain.
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