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Chapitre 11

1922 - Pierre et Corentin

Journal de Pierre

12 avril 1922

J'ai rencontré Corentin.

Il fait une cabane dans la clairière.

Il a mis une échelle contre le grand arbre.

Il a déjà fait toute une plateforme, mais il lui manque des planches.

On s'est donné rendez-vous demain.

J'amènerai la brouette de Papa.

On pourrait peut- être devenir copains ?

13 avril 1922

On a pris des planches dans les vieilles baraques des Canadiens.

Deux allers-retours avec les deux brouettes ! C'était chouette !

Il est né en 1900 comme moi et son père, à lui aussi, n'est pas revenu.

Il habite rue de l'église, c'est pas loin, on pourra se voir.

Il veut faire un toit pour quand il pleut. Mais on doit faire au moins deux murs pour tenir le toit.

Il est pâtissier !

16 avril 1922

Je suis allé à la pâtisserie, il m'avait dit de passer.

C'est de l'autre côté de Champagnole

Il est marrant dans son grand tablier blanc !

Ils m'ont offert des chouquettes, je les ai rapportées pour Jeannette.

Maman commence à être triste. C'est bientôt mai.

Elle relit les lettres de Papa, celles qui sont dans sa table de nuit.

18 avril 1922

La mère de Corentin s'appelle Louise.

Nos mères pourraient se rencontrer... on a dit qu'on arrangerait ça.

On est vraiment copains avec Corentin ! Son amitié me fait du bien.

Avec le boulot à l'imprimerie, la cabane n'avance pas beaucoup.

Peut-être qu'on ira samedi...

Pierre travaille à l'imprimerie et écrit ce journal, avec le porte-plume de son père... est-ce un hasard ?

Ce samedi là, il voulait montrer la cabane à sa mère et surtout en fait, l'emmener faire un tour en forêt, histoire de lui changer les idées Ils ont discuté avec Corentin et les garçons ont promis de venir un soir, pour dîner. Jeannette les a laissé bricoler, il y a longtemps qu'elle n'était pas revenue dans les bois et elle voulait marcher un peu. Nous les sapins, on a fait tout ce qu'on a pu, pour qu'elle se sente bien. Car dans nos mémoires, dans nos fibres sont inscrites ses balades avec Félix, l'enfance de Petit Pierre et tant d'autres histoires.

29 avril 1922

C'était une bonne soirée.

Finalement Corentin est venu avec sa mère. Il a amené un Saint-Honoré !

Il est vraiment bon pâtissier !

Je crois qu'elles vont bien s'entendre, Louise et Jeannette.

On n'a pas parlé de la guerre, mais comme toujours, elle planait.

Maman va nous donner un matelas pour la cabane et Louise des coussins.

On a fini le toit. Il faudrait qu'il pleuve pour voir s'il y a des fuites.

Mais depuis samedi, il fait soleil.

9 mai 1922

On a passé la soirée dans la cabane !

Un soleil couchant magnifique ! Au loin, on voit une partie de Champagnole,

le reste est masqué par les arbres.

Et puis, la clairière vue d'avion, ça fait une drôle d'impression...

on est comme en lévitation entre le ciel et la terre.

On a vu des hérissons, ils ne sortent qu'à la nuit qui tombe.

On a parlé jusque tard dans la soirée.

Il faudrait qu'on monte à Paris. Moi, j'aimerais bien.

En 1924, il y a les Jeux Olympiques ! ...ça nous laisse le temps de faire des économies pour prendre le train.

14 mai 1922

...ça y est , il pleut.

Ce soir, je suis passé à la pâtisserie et on a couru à la cabane.

On n'avait pas les outils, mais il n'y a qu'une toute petite fuite.

Franchement, on a fait du bon travail !

En revenant, on a trouvé un chat, tout trempé...

Je l'ai amené à Maman et je pense que c'est une riche idée !

16 mai 1922

Maman ne serait pas contre notre virée à Paris.

Du moins, elle a dit : "on verra " !

Corentin se passionne pour l'archéologie !

Il rêve d'Egypte et de pyramides !

Moi, je rêve de Paris , ça me suffit bien.

Ah oui, le chat s'appelle Cannelle, en fait c'est une femelle !

Le premier jour j'ai cru qu'elle s'était sauvée, mais elle était cachée dans

le linge à repasser... Maman n'a même pas râler !

19 mai 1922

Jeannette m'a offert un stylo-plume,

un à pompe, qu'on remplit dans l'encrier.

J'ai eu envie d'écrire comme Papa, un conte.

J'ai écrit plus de vingt pages, d'un jet, sans m'arrêter, sans raturer !

(note de l'auteur ! : et sans le savoir, comme Jack Kerouac,

né justement en 1922 aux USA qui écrira "Sur la route", d'une traite, "la littérature de l'instant" !)

Je ne sais pas ce que ça vaut, ça parle d'un jeune prince qui

voudrait devenir poète ...!

Je le ferai peut-être lire à Corentin...

24 mai 1922

Malédiction !

Quelqu'un est venu dans notre cabane !

Ils ont volé le matelas et nos affaires !

Corentin voulait faire des tours de guet, à la manière des guerriers Sioux... !

Moi j'ai dit qu'on allait retirer l'échelle, ils seront bien embêtés !

Quelle bande de serpents !

En attendant, c'est moins facile de se voir.

On se retrouve près de l'église, mais j'aime pas passer devant le Monuments aux morts,

je dois faire un grand détour.

30 mai 1922

Maman veut qu'on aille à Pontarlier.

J'ai grandi où alors mes vêtements ont rapetissé !

Elle veut aussi s'acheter des robes.

Le mois de mai est passé.

J'aime bien quand elle redevient de nouveau gaie et qu'elle pense à se faire belle.

On prendra le train, on fera les magasins, on ira au café, un peu comme des abeilles en

train de butiner !

Il y a des jours où la vie semble belle ! C'est aussi ce que parait penser Cannelle

étalée de tout son long, dans le soleil, devant la porte de l'entrée !

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Le journal de Pierre, cette fois, s'est écrit avec les 15 mots de Lilitor , mille merci de les avoir proposés :

caché, avion, serpent, hasard, masqué, Corentin, lévitation, archéologie, abeille, rapetisser, guerrier, amitié, échelle, pyramide, Kerouac.

Pour le chapitre suivant, nous quitterons quelques temps Champagnole. En route pour Paris !