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J'étais à court de mots, en rupture de stocks, pénurie de vocabulaire !! bououh ! Rose P. Katell est venue à la rescousse, - Merci Rose !- avec une petite liste de mots, source d'inspiration, la voici :

fée, conte, ruisseau, pourpre, chant, torpeur, cristal, don, séquoia, mélancolie.

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Imaginez, comme dans le prologue d'un film de Disney, le grand livre à la reliure de cuir et aux ferrures dorées, qui s'ouvre....

Des violons égrènent une mélodie joyeuse, de petites fées volettent et tournent les pages, puis le titre du conte s'écrit en belles lettres dessinées : Un Prince à la dérive.

Alors un gros plan apparait sur l'écran : c'est un joli ruisseau d'eau claire, quelques fleurs, des insectes, la musique est maintenant douce et le murmure de l'eau qui s'écoule, prend toute la place. Puis la caméra recule, le champ s'élargit et par delà la verte prairie, se profile la silhouette d'un jeune cavalier sur son cheval ; bien sûr, le ciel est parfaitement bleu, la saison idéale.

Il est vêtu d'une ample cape pourpre, de belles bottes noires et bien évidemment, c'est la douce voix d'une jeune femme, jolie sans doute, qui soudain attire son attention. Le jeune homme cherche des yeux d'où peut venir ce chant mélodieux et se guidant au son qu'il perçoit, il pénètre dans une forêt, on s'en doutait, pour découvrir une petite cabane, qui s'en étonnerait !

On s'attend à ce qu'à un moment, d'un baiser, il réveille une belle princesse et la sorte de sa torpeur, mais curieusement le conte, à cet instant, prend une toute autre couleur...

Dans la cabane de bois, cachée sous d'immenses sapins, il n'y a ni nain, ni princesse, ni sorcière. Le cavalier un peu dérouté, ayant fait le tour des deux pièces, ne retient, ici, comme richesse qu'un pan de mur aménagé en une belle bibliothèque.

Il passe son doigt sur la tranche des livres bien rangés, faisant ainsi voler quelques grains de poussière. Il y a là, toute la littérature-jeunesse. Son regard glisse sur Aladin, Ali-baba, Pinocchio, une collection de la Comtesse de Ségur, des ouvrages de Gudule, ceux d'Evelyne Brisou-Pellen, Paul Thiès, Odile Weulersse et finalement c'est un gros livre à la couverture illustrée d'un beau trois-mâts, qui est l'objet de son choix.

S'asseyant sur banc, il pose le grand roman sur la table de bois.

Imaginez, comme dans le prologue d'un film de pirates, la mer démontée, le ciel d'orage et le claquement des voiles d'un fier vaisseau-amiral !

Il tourne la première page où en lettres dorées est écrit le titre prometteur : La caverne des flibustiers !

En feuilletant, il découvre de magnifiques illustrations, des matelots dépliant la voilure, des ports accueillants surchargés de voyageurs et de marchandises, des salons luxueux aux lustres de cristal puis à nouveau, l'océan où l'on hisse la grand' voile .

Notre ami, séduit, commence alors sa lecture et s'émeut du terrible sort réservé à la pauvre héroïne. Elisabeth voit mourir celle qui l'a élevée, elle doit quitter sa maison, se retrouve dans les griffes de personnages douteux et s'embarque sur un navire, pour fuir ceux qui la tyrannisent. La journée va finissant et c'est à la lueur d'une chandelle, près de la cheminée où un feu est allumé, que notre ami continue, insatiable, d'avancer dans le récit, espérant à chaque page, l'attaque des pirates.

Voici au chapitre cinq, que le bateau du Capitaine Bentle va devoir capituler face à l'assaut du navire-corsaire et à ce moment de l'histoire, la jeune Elisabeth, ayant abandonné tout espoir, enjambe le bastingage et se jette à la mer, sans qu'aucun marin ne puisse rien faire .

Dans sa cabane, notre personnage de conte de fée, en est si retourné que, posant sa cape et ses bottes, il plonge dans l'océan glacé pour sauver l'héroïne ! Se trouvant immergé dans un récit dont il ne connait pas la suite, il nage, déterminé, repère la robe blanche et enlaçant la taille de la jeune fille déjà inanimée, par quelques brasses vigoureuses, il remonte à la surface. Malgré la bataille qui se déchaine encore entre la fine frégate et le brigantin des flibustiers, deux matelots leur lancent une solide corde qui leur permettra de regagner, sains et saufs, le pont de la frégate.

A ce moment du récit, vous imaginez bien dans quelle perplexité se trouvent les personnages ! Celui qui semble être un Prince sorti tout droit d'un conte de fées se retrouvant face à un équipage d'hommes blessés, sales et déboussolés, car dans le plan de leur histoire, aucun rôle de Prince n'est prévu ! On va alors tenter de questionner l'auteur :

- " D'où il sort celui-là ? Et Elisabeth ne devait-elle pas mourir noyée ? ! "

La situation était totalement tourneboulée !

Il fallut beaucoup de maîtrise et un véritable don à l'écrivain pour rétablir un peu d'ordre dans cette scène !

Finalement, notre Prince se réveilla le lendemain matin, au pied d'un séquoia. Il ne mit pas longtemps à rejoindre l'humble cabane sous les sapins, le feu éteint, sa cape et son cheval et c'est avec au coeur, une infinie mélancolie, qu'il suivit à nouveau le texte bien connu de son conte de fée. Il savait qu'au chapitre suivant, il rencontrerait une charmante Eléonore. Mais dans son âme déjà, une tristesse s'ancrait, la belle Elisabeth longtemps hanterait les pensées de notre jeune héros.

Parfois, on a l'impression de vivre une vie différente de celle qu'enfant, on avait rêvé. Les personnages de roman, eux aussi, peuvent ressentir que l'histoire où on les a lancés, n'est pas celle qu'ils espéraient...

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La bonne nouvelle, c'est que les listes de Ploum, Loune et Diogène m'attendent... alors, à bientôt, pour d'autres aventures...