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Mais où va-t-il donc chercher tout cela ? !! Voici, les 10 mots que Yumon nous a dégoté cette fois :
carte, chênes, dés, improvisation, Sekhmet, paroxysme, gramophone, cuir, cheminée, chien.
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Jeune étudiant en histoire de l'art, François Deneuvre venait de débarquer à Paris avec en main, sa valise et une petite carte de visite. Il avait fière allure, ce matin-là, redingote neuve assortie au chapeau, gants d'agneau et il découvrait la prestigieuse capitale, en ce printemps 1919.
Il remontait l'avenue Ledru-Rollin depuis la gare d'Austerlitz et cherchait le cour du Chêne-Vert, mais la ruelle n'était pas facile à trouver.
- " Dîtes -moi mon brave ! Je cherche cette adresse ..."
L' ouvrier qu'il venait d'apostropher, tout en s'essuyant les mains sur un vieux chiffon, déchiffra péniblement le nom de la rue. Puis avec de grands gestes et sa gouaille parisienne, il renseigna ce monsieur chic qui s'éloigna bientôt, non sans lui avoir laissé une pièce en remerciement de ses indications
C'est ainsi que François Deneuvre arriva devant une grande maison bourgeoise. Elle ne donnait pas directement sur la ruelle. Un petit espace gazonné s'étalait devant la jolie façade, parée des courbes d'un superbe escalier. François actionna la clochette fixée à la grille et une vieille bonne apparut en haut des marches. Elle vint vers lui et en le saluant, l'invita à entrer :
- " Monsieur vous attend ! Je vous en prie..."
En franchissant le seuil de cette demeure, François Deneuvre eut l'impression de jouer sa vie aux dés. Il venait ici pour rencontrer le Conservateur du plus prestigieux musée parisien, Monsieur Blain, tenter sa chance et, dans une parfaite improvisation, essayer de le convaincre : il espérait que lui seraient confiés tous les documents d'égyptologie du Louvre ! Rien de moins !
On le fit attendre au salon, une pièce cossue, avec un épais tapis aux arabesques rouges et or, une jolie pendule, certainement en bronze, posée sur la cheminée de marbre, un tourne-disque à l'ancienne avec son pavillon, grande corne d'abondance dirait-on, des peintures aux murs, des statuettes et il observait tout cela quand le maître des lieux, entra.
- " Bonjour Monsieur Deneuvre, posez votre habit mon cher ! Avez-vous fait bon voyage ?
- Excellent, Monsieur. Je suis arrivé tôt et me voici, ravi de pouvoir vous rencontrer! "
Les deux hommes s'installèrent dans les deux gros fauteuils et la bonne apparut avec un plateau d'argent et du café servi dans de fort jolies tasses. François Deneuvre se racla la gorge, le moment était venu d'utiliser ses meilleurs arguments pour persuader l'homme assis en face de lui, le visage souriant derrière une imposante moustache, un peu serré dans son gilet, lequel était agrémenté d'une belle chaînette en or qui laissait présager, cachée dans une petite poche, une toute aussi belle montre à gousset, sans doute.
- " Monsieur, commença-t-il, j'ai fait un dossier complet sur le travail de Jean-François Champollion. Je peux dire que j'ai réellement étudié toutes ses notes et toutes ses publications. "
L'homme à la moustache fut favorablement interpellé par ce jeune homme brillant qui semblait maîtriser son sujet. Il était lui-même un fervent admirateur des recherches de Champollion qui avait mené, en 1822, au déchiffrage du système complexe des hiéroglyphes, écriture imagée de l'Egypte ancienne. François Deneuvre remarqua qu'il venait de faire bon effet. Mais dans l'instant, il jugea qu'il lui fallait réduire ses prétentions pour d'abord obtenir un lot de documents précis, et plus tard, petit à petit, gagner la confiance de son interlocuteur afin d' avoir accès à l'ensemble de toutes les archives qu'il convoitait.
Alors qu'il allait reprendre son discours, un beau chat gris, sans doute un chartreux, vint se frotter aux pantalons de son maître et souplement, il s'installa sur ses genoux.
Les deux paires d'yeux regardaient à présent François Deneuvre, mais ceux du félin, à peine ouverts, comme un trait, lui parurent nettement moins bienveillants que le regard de Mr Blain. Il en fut quelque peu, intimidé.
- " Euh ! ...oui. J'ai plus particulièrement porter mon travail, sur les écrits de Champollion au sujet de la déesse Sekhmet...
- Ah! Sekhmet ! La fille du Roi Soleil ! "reprit le conservateur avec emphase, tout en caressant la fine tête du chat qui avait maintenant les yeux grands ouverts.
- " Une puissante guerrière, à tête de lion surmontée, en effet, du disque solaire..."
Le chat écoutait, semblait-il, sans quitter des yeux, François, qui sentait à présent, un certain malaise. Ces deux pupilles dorées, cercles de soleils commençaient à l'hypnotiser et il poursuivit son discours, comme s'il s'adressait davantage à l'animal qu'à son maître.
- "Je serai, enfin... il serait important pour moi, de pouvoir consulter les documents sur cette déesse égyptienne et ...
François s'interrompit. Non seulement, ces deux astres solaires jaune vif qu'étaient devenues les orbites du chat brillaient et l'éblouissaient, quasiment, mais en plus cet animal avait pris une pose différente, celle d'un sphinx pensa-t-il et il remarqua comme le chat prenait appui sur les genoux de M. Blain, griffes déployées, prêt à bondir...
Dans l'Egypte ancienne , on pensait que les chats avaient neuf vies et qu'ils avaient bien des pouvoirs. Ce chartreux aurait-il décelé dans l'âme de François, quelques fourbes intentions relevant d'une soif d'argent plutôt que d'une soif de savoir ?
François commençait à transpirer, il ouvrit son col, essaya de se détendre. Indifférent à son malaise, M. Blain s'était resservi du café et tournait tranquillement sa cuillère d'argent dans sa tasse. Le jeune homme fit un effort pour retrouver son calme et rassembler ses idées. Dire que le bonhomme semblait influençable, pourquoi ce maudit chat venait-il lui compliquer la tâche ?
Il décida de donner un léger coup de genou dans le plateau afin que les bruits de vaisselle parviennent, peut-être, à effrayer et à déloger ce diable de chat ! Mais rien n'y fit ! Au contraire, la panthère grise sembla encore plus menaçante et au paroxysme du mal-être, François, comme un noyé se sentant couler, trouva une planche de salut et une superbe idée : il fit mine d'éternuer et sortit prestement son mouchoir, expliquant qu'il était allergique aux poils de chat ...
M. Blain, naïf et bonasse, ne comprenant rien de la stratégie s'excusa et, compréhensif, se leva en serrant le chat dans ses bras pour l'emmener dans le vestibule. Quand il revint, il passa devant son gramophone et ne put résister à la tentation de faire écouter son tout nouveau 78 tours, à son invité.
- " Voyez ma dernière acquisition, mon cher ! Un petit bijou ! "
Une musique emplit la pièce, la flûte avait la mélodie et les cordes l'accompagnaient. Totalement insensible à cet air qui enchantait M. Blain, François se demandait quand ils pourraient reprendre leur discussion, maintenant que le chat avait quitté la place. Il est vrai que le Paris de 1919 était attiré par les merveilles de l'Egypte ancienne, de là à en faire une mode il n'y avait qu'un pas et un étudiant en histoire de l'art était bien placé pour y contribuer et s'assurer ainsi, le début d'une petite fortune.
Enfin, le grésillement de l'aiguille posée sur le disque s'arrêta en fin de parcours et M. Blain regagna alors son fauteuil de cuir, près de la cheminée. Mais à peine allaient-ils reprendre leur conversation qu'on entendit la clochette de la grille, tinter. Comme par réflexe, Mr Blain alla écarter le rideau et il fut bien étonné de voir l'habile chat, agrippé aux barreaux du portail, étiré de tout son long et donnant de petits coups de patte sur la clochette ! Il le serait encore plus, s'il savait qu'avant cela, le chartreux malin et déterminé venait de libérer le chien de l'office où on le tenait enfermé le temps de la visite d'un invité.
Ne comprenant rien à la situation, l'homme à la moustache ouvrit la porte et de l'entrée, le chien tout fou, sauta de joie et s'engouffra, sans crier gare dans le salon. Là, il vit un étranger et comme sa race le lui commandait, il se mit en posture de chien de garde, grognements sourds et babines retroussées. La bonne, affolée, arriva sur ces entrefaites :
- " Aton ! Aton ! " criait-elle
et avec l'aide de M. Blain, elle s'efforça de récupérer la bête qui tenait en respect le malheureux François dans tous ses états. Sitôt l'incident clos, ce dernier pris sa redingote et son chapeau, puis bredouillant quelques excuses, s'en alla à vive allure et sans doute court-il encore... ! Si, dans sa fuite, il s'était retourné, il aurait vu, majestueusement posé en haut des marches, l'impassible chartreux gris faire un clignement de ses beaux yeux dorés, sorte de clin d'oeil, au bon chien de garde, couché à ses côtés.
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Les petites listes de mots de Rose et de Loune m'attendent, quel bonheur ! N'hésitez pas à m'adresser vos 10 mots aussi, je suis toujours partante pour d'autres écrits, bien sûr !
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