Arvaïl est revenu bredouille de sa chasse au Bzzi Buzz Bizz à l’aube et nous avons pu marcher toute la journée. Il a dormi quelques heures cet après-midi sur le dos d’une des coccinelles de bât et nous avons dû porter une partie du matériel et des provisions. Ce soir, nous avons songé très sérieusement avec Erdwyn à l’assommer dès la fin du repas pour l’obliger à faire une vraie nuit de sommeil, mais Pilpilim a préféré glisser dans son verre quelques gouttes d’une potion de sa fabrication. Je dois admettre que cela a été bien plus efficace que ne l’aurait été notre plan.

Karjou et Perlaj sont partis un peu en avant pour vérifier « certains petits détails », si Erdwyn a bien compris. Ils nous ont laissé la majeure partie de leurs cartes en attendant leur retour. Les autres n’y ont jeté qu’un regard à peine intéressé. Pilpilim se fiche de tout ça (il se sert de ses autres sens pour se diriger) et Erdwyn ne voyage jamais sans guide. Mais pour moi, c’était comme si nos deux guides étaient partis en me laissant le trésor le plus précieux au monde. Même mon grand-père ne me laisse toujours pas approcher des quelques cartes de Tolbalad qu’il possède, après tous mes voyages ! Et là, j’avais pour moi seule toutes celles de nos guides…

Je n’ai eu que quelques heures, bien peu, trop peu, vraiment trop peu, pour toutes les observer. Ne parlons même pas de tenter de les retenir, j’avais déjà bien du mal à deviner quelles contrées elles représentaient. Mais dans le lot j’ai pu mettre de côté certaines qui montraient des régions d’un genre plutôt inhabituel : les Continents Célestes. Je ne sais pas trop si c’est ainsi que nos guides les appellent, mais en tout cas, c’est le nom que je choisis de donner à ces cartes du ciel plus que détaillées. Des chemins et des routes zigzaguent à travers les étoiles, des petits bâtiments sont représentés ça et là, ainsi que d’étranges formes vaporeuses évoquant vaguement des créatures aux allures irréelles. Je suis incapable de déchiffrer les annotations, mais j’ai eu le temps d’en recopier une partie.

La carte la plus intrigante était la seule que je n’ai pas pu consulter. Je suis presque sûre qu’elle concernait également les Continents Célestes, aux vues des astres représentés sur le « verrou ». Je n’ai pas réussi à passer ce système de fermeture (je n’ai pas osé forcer), mais j’espère réussir à satisfaire ma curiosité avant la fin de notre expédition.

En tout cas, je sais maintenant que les prochaines terres inconnues que je veux découvrir, ce sont les Continents Célestes. Peut-être pourrais-je trouver un passage aux Récifs du Ciel. Si des étoiles ont pu tomber du ciel pour finir dans ce lac, il doit y avoir un chemin pour monter là-haut. Elles ont forcément dû laisser une trace de leur passage.