Le lendemain matin
— Occupe-la plusieurs heures, Karl. C’est super important.
— Ouais, mais j’ai rien à lui dire, moi ! Demande ça à Dimi !
Je marmonnai un juron dans ma barbe inexistante, puis répliquai :
— Justement, je ne veux pas qu’il s’en mêle. Tu es le seul qui puisse l’attirer hors de sa tanière sans attirer les soupçons. Je ne sais pas moi, invite-la à boire un café, rappelle-lui à quel point tu aimes sa fille, fais preuve d’imagination !
Peu m’importait ce qu’il choisirait, j’avais besoin de la maison. Si je voulais confronter Milica, il me fallait des preuves en béton. Son nom sur le carnet ne suffirait pas, elle s’en tirerait avec un mensonge. J’envisageais plutôt de fouiller sa chambre en intégralité, ainsi que le grenier, histoire de trouver des traces de son passage dans le coven russe.
— Sveta, j’suis occupé avec la laverie et…
— Rien à foutre. Débrouille-toi pour l’éloigner tout l’après-midi, ou je te promets que tu auras bien plus d’ennuis qu’avec ton trafic de drogues merdique.
Je raccrochai avant qu’il ne proteste, puis avalai mon repas en vitesse. Malgré les recommandations de Misha la veille, je me sentais capable de déplacer des montagnes. Cela était sûrement dû aux médicaments que j’avais avalés, ainsi qu’à l’énorme sieste que j’avais faite en rentrant. Les résultats de mon examen tomberaient dans la soirée, ce qui me fournirait l’excuse parfaite pour mettre Milica face à ses responsabilités.
Un nouveau mail de Konstantin attira mon attention. Il me demandait une nouvelle fois si mes recherches avançaient. Je souris, même si son insistance m’intriguait. Il se doutait bien que de telles investigations prenaient du temps. Le souvenir de notre rendez-vous, ainsi que de son beau visage, m’arrachèrent un sourire niais. Malgré mon opinion des vampiri, je devais avouer qu’il me fascinait. Sa galanterie, sa voix mélodieuse, j’avais même hâte de discuter de nouveau avec lui.
Je réalisai soudain que mon humeur s’était égayé grâce à un Caché. Décidément, le monde ne tournait plus rond ! Néanmoins, même si j’allais mieux physiquement, j’avais besoin de me changer les idées. Personne dans mon entourage ne m’apportait le moindre réconfort. Dimitrije m’agaçait plus que de raison et je ne savais plus où j’en étais.
Comme prévu, Karl réussit à attirer ma mère à l’extérieur. Je m’introduisis dans la maison et attaquai la fouille sans attendre, en commençant par la chambre dans l’espoir de dégoter des vieux souvenirs, des albums-photos, ou même un grimoire. Hélas, hormis des bijoux vieillots, mes investigations furent infructueuses.
Je montai alors au grenier. Petite, nous n’avions pas le droit de nous y rendre, et j’avais abandonné depuis longtemps l’idée d’ouvrir la montagne de cartons entassés dans la minuscule pièce. De toute manière, nous habitions là depuis toujours et Milica ne triait jamais ses affaires – à mon grand avantage, pour une fois.
Il y avait tant de cartons empilés que je peinai à me frayer un chemin. En refermant la porte, la sensation de braver un interdit m’envahit, même si je n’éprouvais aucune crainte ou regret. Au contraire, j’étais curieuse d’en apprendre plus sur mon passé. Il était possible que je me trompe. J’avais foncé tête baissée dans cette piste, sans prendre la peine d’étudier les autres hypothèses. Rien n’arrivait au hasard dans notre Monde, encore moins à notre époque.
J’ouvris la fenêtre au plafond, histoire d’atténuer l’odeur de renfermé, puis examinai chaque carton. Les premiers, les plus légers, abritaient des vêtements plus horribles les uns que les autres. Certains avaient même appartenu à mon défunt père. Ensuite, je découvris des babioles, mélange d’objets religieux, de dés à coudre, de bouquins d’occasion et de vieux carnets écornés.
Durant une heure, mes investigations ne menèrent à rien, comme si le témoignage de ma mère sortait tout droit de mon imagination. Pourtant, je refusais de croire que Kaća ait sciemment laissé ces indices pour me narguer.
Sauf s’il ne s’agit pas d’elle et que toutes les preuves ont été inventées.
Je m’interrompis, en m’obligeant à stopper les théories du complot. Je m’acharnais, en voyant petit à petit la lumière naturelle baisser et la température se rafraîchir. Toujours rien. J’avais fouillé une vingtaine de cartons de fond en comble, en vain.
— Kurva !
Je rangeai le tout afin qu’elle ne s’aperçoive de rien, puis quittai le domicile. Une fois dans la voiture, l’accablement m’envahit pour de bon. J’avais placé mes espoirs dans cette fouille, mais j’aurais dû me douter que Milica était plus intelligente qu’escompté. Si elle avait tu cette partie de son passé, il était logique qu’elle n’en ait conservé aucune trace chez elle. J’avais encore foncé sans réfléchir, et j’en restais toujours au même point.
Dépitée, je songeai aux options qui s’offraient à moi : rentrer afin de retrouver Dimitrije, ou continuer à jouer les absentes. N’étant pas d’humeur à jouer la petite amie parfaite, je sortis la note griffonnée par Konstantin, à la recherche de son adresse. Je n’étais pas assez idiote pour m’aventurer seule chez lui, mais rien ne m’empêchait d’observer le quartier où il vivait. Après tout, comment un vampir parvenait-il si bien à se fondre dans la masse ? Et j’avais besoin d’oublier cette énième journée catastrophique. Je méritais bien de le stalker à mon tour !
Un sourire illumina mon visage, tandis que je roulai vers l’adresse indiquée. Je vérifiai auparavant que j’avais une arme dans mon sac à main, puis balayai la rue des yeux. Il s’agissait visiblement d’un quartier calme. Les bâtiments paraissaient en bon état et sécurisés. Il y avait un parc à proximité, visiblement parcouru par des familles. Pas de trafics en vue, tout semblait idyllique.
Comment réussit-il à payer un loyer ici ?
Puisque j’avais du temps libre, et que je ne risquais pas de le croiser si près d’un groupe d’humains, je m’autorisai une balade. Rares étaient les endroits à Beograd où il était possible de marcher tranquillement et ce bol d’air me procura un apaisement bienvenu. La vue des allées fleuries, des personnes insouciantes… Il y avait des années que je n’avais pas fréquenté un tel havre de paix.
Je m’assis ensuite sur un banc, en rêvant d’une bonne bière ou d’un rakija. Sombrer dans l’alcool ne résoudrait pas mes problèmes, mais la perspective de m’enivrer me tentait malgré tout. Ma montre bipa à cet instant-là, me signalant un nouveau message de Konstantin.
C’est gentil de me rendre visite.
Je balayai le parc du regard, affolée, avant de découvrir le vampir quelques mètres plus loin, les mains fourrées dans son jean. Je clignai des yeux, surprise de le voir vêtu de façon si simple. Il portait un sweat bleu foncé, bien étrange puisque la température avoisinait les trente degrés, mais de nombreuses personnes s’étaient habituées à la chaleur estivale. Néanmoins, sa peau diaphane et ses lèvres pâles détonnaient. Quiconque le détaillerait s’apercevrait de sa véritable nature. Cela ne l’empêcha pas de marcher vers moi d’un air serein, comme s’il était tout à fait normal de se promener au milieu du peuple que son espèce traquait.
Quand il arriva à ma hauteur, le bas de mon ventre se contracta. J’admirai ses traits, aussi froids que bien dessinés. Comment parvenait-il à ne pas ressembler à un cadavre vivant ?
— Arrêtez de me fixer comme un morceau de viande, me taquina-t-il.
Je souris malgré moi.
— La stupeur me fait oublier les bonnes manières.
— Dure en négociations et insolente. J’ai visiblement choisi la mauvaise cliente.
Il tendit une main, que je serrai avec appréhension. Adoptait-il nos coutumes pour se fondre dans la masse ou les vampiri se saluaient-ils ainsi ?
— Puis-je savoir comment vous m’avez démasquée ? l’interrogeai-je, d’un ton volontairement léger.
— Vous oubliez qui je suis, Svetlana. Mes sens sont plus développés que les vôtres. J’ai repéré votre odeur.
Il s’assit à côté de moi, toujours à son aise. Lorsqu’il souriait, son visage reprenait des couleurs, à moins qu’il ne s’agisse de mon imagination. Je m’écartai avec discrétion, incapable de rester trop longtemps près de lui. Je rêvais de le scruter en détail, d’examiner chacun de ses traits, de lui poser plein de questions. Agir ainsi serait stupide ; si je voulais collaborer avec lui, je devais le considérer comme mon égal, non comme une « bête ».
— Je pensais que vous m’évitiez, avoua-t-il.
— Les derniers jours ont été chargés.
— Et que faisiez-vous ici ? Le hasard, peut-être ?
— Le hasard.
Mensonge éhonté, et il ne semblait pas me croire, même s’il n’émit aucun commentaire.
— Suis-je le premier vampir que vous rencontrez ?
— Le premier qui soit capable de me parler sans vouloir vous abreuver de mon sang, répliquai-je.
— Un travail de longue haleine, admit-il fièrement. Nous sommes plus nombreux que vous ne l’imaginez, Svetlana.
Certains ne cherchent pas à contrôler leur soif, mais d’autres apprécient de se maîtriser. Il est dommage de ne pas profiter pleinement de nos capacités, vous ne pensez pas ? Maintenant, dites-moi comment vous allez.
Esquivant la question, je dirigeai la conversation sur mes investigations actuelles.
— Vous aviez raison à propos du carnet, soupirai-je. Ma mère le cachait dans sa table de chevet. Kaća… Katharina a consigné son témoignage sur les rites des sorcières d’un coven russe, localisé à Ekaterinburg. Toute leur histoire était aussi retracée. Ensuite, il y avait un arbre généalogique, qui remonte jusqu’au XVIIIème siècle environ. Je… Apparemment, je descends d’une sorcière anglaise, Élia Montgomery.
Il se crispa à l’entente de son nom, mais hocha la tête pour m’inviter à poursuivre.
— Je n’ai pas encore la confirmation de mon lien de parenté avec cette femme, ni de mon héritage magique, précisai-je.
— Cela ne saurait tarder.
Je refusais de l’admettre. Mon quotidien, en dépit de mon travail à l’Agencija, ne laissait aucune place à la magie. Tout trouvait une explication rationnelle, même lorsque je traquais les créatures de l’Antimonde.
— Ma sœur a-t-elle disparue à cause de cela ?
— Je ne puis vous le confirmer avec certitude, mais je le crains, oui.
— Cela n’a aucun sens ! Je… Descendre d’une sorcière est une chose, mais Élia Montgomery… Pourquoi les vôtres se seraient-ils attaqués à elle, puisqu’elle les a jadis aidés à conquérir le Demi-Monde ?
Konstantin lâcha un grognement, avant de s’éloigner. J’étouffai un cri, avant de comprendre qu’il s’était écarté pour me protéger de son accès de colère.
— Je vous l’ai dit, votre sœur nourrit une haine farouche envers les miens, répondit-il. De plus, rien ne prouve qu’ils l’aient attaqué d’une quelconque manière.
— Qui d’autre ? ironisai-je.
— Elle s’est peut-être jetée dans la gueule du loup de son propre gré.
— Vous vous trompez !
— Vraiment ?
De nombreux éléments m’interrogeaient. Kaća en savait trop sur le Demi-Monde, les vampiri et leur fonctionnement pour s’exposer inutilement au danger. Elle avait dissimulé les carnets à des endroits stratégiques et même si Milica s’en était étonnée, son témoignage prouvait qu’elle connaissait ses activités et qu’elle les avait encouragées. Jamais ma mère n’aurait permis cela sans un motif valable.
— Vos intentions m’échappent, maugréai-je. Pourquoi me pousser à enquêter sur ma propre famille ? Quel lien avec votre contrat ?
— Car en l’état actuel des choses, vous ne m’êtes d’aucune utilité, répondit-il posément. J’ai besoin de vous, ainsi que de votre héritage magique. En l’état actuel, Si je vous jetais en pâture aux miens, vous ne tiendriez pas deux secondes avant qu’ils vous vident de votre sang. Dans ce cas, nous n’obtiendrons aucun renseignement. En revanche, éveiller votre pouvoir, l’héritage d’Élia, changerait la donne.
— Pourquoi jouer aux devinettes, dans ce cas ? Formez-moi, libérez mes facultés ! Vous ne pouvez pas surgir dans ma vie, m’appâter avec des dinars et des renseignements, sans vous dévoiler un minimum ! Je déteste les vampiri, Konstantin, mais je ne suis pas assez suicidaire pour les éliminer sans garantie sérieuse. Pourquoi vous taire, alors qu’il vous suffit de me révéler ce que vous savez ?
— Parce que même si je vous racontais la vérité à propos de votre famille, vous n’accepteriez pas les faits, rétorqua-t-il. C’est à vous de vous forger votre opinion et de vous approprier vos dons, mais si vous réclamez mon hypothèse, la voici : je pense que Milica les a bridés il y a des années. Votre sœur a appris la vérité et votre mère l’a aidé à s’instruire sur le sujet.
— Pourquoi me cacher la vérité ? Cela n’a aucun sens !
Il haussa les épaules, l’air las. Il paraissait porter le poids du monde sur ses épaules et je m’interrogeai sur son âge. Vu sa discipline, il devait avoir plusieurs siècles au minimum.
— Ma mère a toujours préféré ma sœur, confessai-je après un bref instant de réflexion. Qu’elle partage un tel secret en priorité avec elle ne me surprend pas, mais de là à m’exclure…
Je ne comprenais pas une telle réaction. Nos discordes remontaient à des années, mais je n’avais rien fait qui mérite de tels secrets. De plus, Kaća envisageait peut-être d’intégrer un coven, mais pourquoi avoir entraîné Tijana avec elle ?
— J’ai besoin de votre aide pour rassembler les pièces du puzzle, expliqua Konstantin. Peu importe sa nature, mais il existe un lien entre la disparition de Katharina et notre mission. En découvrant les projets de votre sœur, vous vous découvrirez.
Il marqua une pause, comme s’il mesurait les paroles qui suivraient.
— Je vais être honnête avec vous, Svetlana. Les pouvoirs d’Élia Montgomery sont grands, très grands. Elle communiquait avec les créatures de l’Antimonde, supportait le virus de Jouvence, pouvait tuer quelqu’un d’un simple regard si elle le désirait. Un tel don a attiré l’attention de Laurent. À sa mort, son fils unique, William, en a hérité et les a ensuite transmis de génération en génération. Jusqu’à vous.
Je me souvenais d’un chapitre sur la légation d’un pouvoir magique. Il n’existait pas de règles prédéfinies, hormis qu’il était possible de l’endormir pendant plusieurs années – ou décennies. Le reste semblait aléatoire. Néanmoins, je comprenais mieux les enjeux qui se profilaient. Si ma sœur avait découvert cela, elle avait très bien pu se lancer dans une guerre contre les Cachés.
— Voilà pourquoi vous l’avez aidée, devinai-je. Vous vous intéressiez à son pouvoir.
Il acquiesça.
— Sauf qu’ils demeurent très faibles, même libérés du sortilège qui les entravait, précisa-t-il. n’a pas la puissance nécessaire pour nous détruire, tout comme votre mère.
Son visage s’éclaira ensuite et il s’approcha doucement de moi, son regard d’acier me figeant sur place. Une douce chaleur jaillit dans mon ventre et je me surpris à laisser libre cours à mes bas-instincts. Il y avait une éternité que je n’avais pas désiré quelqu’un. Dimitrije m’indifférait et je me pensais incapable d’éprouver de l’attirance pour un homme. Bien sûr, cela restait physique, mais j’avais toujours su quel genre de personnes me plaisait. Konstantin en faisait partie, en dépit de son appartenance aux vampiri.
Tu perds la tête, Svetlana.
— La mission que je vous propose consiste à approcher Laurent et ses généraux, ajouta-t-il. Vous seule pouvez le faire, à cause de vos origines. Le lien qui vous unit à Élia l’intéressera. Dès qu’il apprendra votre existence, il œuvrera pour vous attirer dans ses filets.
Je déglutis lentement.
— Insinuez-vous que… que je dois tuer Laurent ? balbutiai-je.
Mon instinct m’ordonna de fuir sur le champ. Je haïssais les vampiri, mais jamais, au grand jamais, je n’avais envisagé d’éliminer leur chef. Comment une humaine, sorcière ou non, parviendrait-elle à détruire l’une des créatures les plus puissantes du Demi-Monde ? Konstantin pouvait me réduire en charpie d’une seconde à l’autre si l’envie lui prenait.
Lorsqu’il confirma, j’explosai :
— J’espère que vous plaisantez ! Même si vous me proposiez des milliards, je refuserais. Ma sœur a peut-être envisagé de le tuer, mais je ne suis pas aussi bête qu’elle !
Je priai pour que Kaća ne se soit pas engagée dans une merde pareille. Non, vraiment, si elle avait accepté son héritage magique dans ce but, je pouvais d’ores et déjà la considérer comme morte. Konstantin, sans doute conscient de l’effet de sa nouvelle, garda le silence plusieurs minutes. Je sifflai une volée d’injures à l’encontre de ma sœur, tout en étouffant le désespoir qui comprimait ma poitrine.
— Croyez-moi, Svetlana, je ne vous aurais pas contacté si la situation ne l’exigeait pas, murmura-t-il tristement. J’ai tout essayé : l’assassiner moi-même, engager des vampiri aguerris, mais j’ai échoué à chaque fois.
— Raison de plus pour renoncer !
— Non, déclara-t-il d’un ton tranchant. Je n’abandonnerai jamais. Laurent vénère les sorcières au point d’avoir formé son propre coven. Il y a formé celles qui ont accepté de le servir et dissimulent celles qui ont réussi à se transformer en Cachées.
Un frisson parcourut mon échine : normalement, la puissance magique des sorcières rendait impossible la moindre transformation en vampir. Lorsque l’une d’elles était contaminée par le virus de Jouvence, elle mourrait dans d’atroces souffrances. Néanmoins, l’Agencija avait entendu des rumeurs sur un coven spécial, où des sorcières vampirisées se préparaient à convertir de gré ou de force celles qui vivaient dans notre Monde.
— Songez-y, Svetlana. En tant que véritable héritière d’Élia, vous pourriez devenir une créature puissante et crainte, ajouta-t-il sans détacher son regard du mien. Tuer Laurent implique de préserver des millions d’innocents d’un sort funeste, plus terrible que la mort.
Kurva: terme serbe pour dire garce, salope, et autres gentillesses
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2778 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |